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2e séminaire préparatoire à la conférence du dialogue «5+5 Eau» : Vers une stratégie hispano-algérienne sur l'eau en Méditerranée occidentale

par Houari Saaïdia

Dans le cadre d'une initiative hispano-algérienne ayant pour objectif l'adoption d'une stratégie sur l'eau pour la Méditerranée occidentale, Oran a abrité, jeudi, le 2e séminaire préparatoire à la prochaine conférence ministérielle du dialogue «5+5 Eau», prévu avant la fin de l'année en Algérie.

La rencontre permettra de développer une stratégie dans le cadre des 5+5 (Portugal, Espagne, France, Italie et Malte, pour la rive Nord, et Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et Libye, pour la rive Sud) qui favorise l'usage soutenu de l'eau à travers, entre autres, l'harmonisation des politiques de l'eau en Méditerranée, lequel liquide est un bien stratégique, rare et mal réparti dans cette région.

Une gestion équitable et durable des ressources en eau est l'un des grands défis mondiaux qu'il faudra nécessairement relever pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. Pour relever le défi, une instruction coordonnée est indispensable. Les mesures d'incitation actuelles, de part et d'autre du bassin méditerranéen, ne sont guère parvenues à générer d'importants investissements dans les ressources en eau.

Les mécanismes institutionnels censés assurer une gestion durable de l'eau sont insuffisants. Or, on ne peut plus se permettre, aujourd'hui, de reléguer les ressources en eau à l'arrière-plan. C'est dans ce contexte général que les gouvernements d'Algérie et d'Espagne affirment que l'eau constitue un axe prioritaire et transversal de la politique extérieure espagnole, et les risques et défis y afférents doivent être abordés dans trois domaines essentiels, la paix et la sécurité, le développement et les droits de l'Homme. Ces domaines, qui coïncident avec les piliers des Nations unies, ont vu la naissance, par exemple, d'initiatives espagnoles telles que la promotion de la reconnaissance de l'eau comme droit humain.

Durant le déroulement du séminaire, il a été adopté également un cadre stratégique pour le futur développement d'une stratégie pour l'eau en Méditerranée occidentale. Ce cadre stratégique doit envisager notamment la nécessité d'intégrer de nouvelles ressources telles que le dessalement et la réutilisation, ainsi que la construction de nouvelles infrastructures de contrôle et d'approvisionnement pour combattre la pénurie d'eau. L'amélioration de l'efficacité au moyen de solutions technologiques de gestion de la demande pour promouvoir la consommation responsable et l'amélioration de la qualité des eaux à travers l'assainissement et l'épuration est aussi prévue dans le cadre de cette stratégie. Cette stratégie commune des pays de la Méditerranée occidentale doit, en plus, jeter les bases de la protection de l'environnement et l'adaptation au changement climatique (sécheresse et inondations), avancer dans le binôme eau/énergie et améliorer la gouvernance de l'eau.

L'Algérie continuera à apporter «une contribution active» au processus de la stratégie de l'eau en Méditerranée occidentale, a affirmé pour sa part le ministre algérien des Ressources en eau, Hocine Necib. «L'Algérie continuera à apporter une contribution active pour faire aboutir le processus de la stratégie de l'eau en Méditerranée occidentale», a indiqué M. Necib à l'inauguration du séminaire.

Présidant l'ouverture de cette rencontre avec son homologue espagnole, Mme Isabel Garcia Tejerina, le ministre a mis l'accent sur l'importance accordée par l'Algérie à la Stratégie Eau 5+5, estimant qu'elle constituera «un cadre consensuel de coopération régionale à même d'accélérer la mise en œuvre du droit universel des populations à l'accès à l'eau potable».

«La Stratégie Eau 5+5 permettra également d'assurer l'accès à l'assainissement, au développement durable et de favoriser le croisement et le partage d'expériences accumulées dans les pays du pourtour méditerranéen», a fait valoir M. Necib. A l'échelle nationale, le ministre a fait part de «l'ambition de l'Algérie de poursuivre et d'intensifier ses efforts d'investissement, d'organisation et de gestion en s'appuyant sur le Plan national de l'eau à l'horizon 2030». En Algérie, a-t-il poursuivi, il a été décidé, sous l'impulsion du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, d'ériger la question de l'eau en «défi majeur» et comme «priorité du développement national». «Cette très forte volonté politique s'est illustrée à la fois à travers la mobilisation accrue des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles et la réalisation de grands projets structurants de transfert d'eau», a rappelé le ministre. «Cette nouvelle politique, qui confirme la dimension stratégique et le caractère prioritaire du secteur de l'eau, a permis à l'Algérie de généraliser l'accès à l'eau potable et aux services d'assainissement, et d'atteindre les objectifs du millénaire auxquels elle a souscrit», a souligné M. Necib.

SIGNATURE D'UN ACCORD DE PARTENARIAT ALGERO-ESPAGNOL

L'Algérie et l'Espagne ont assumé le rôle de promoteurs pour la définition d'une stratégie de l'eau dans le cadre du dialogue 5+5, a déclaré, de son côté, la ministre espagnole de l'Agriculture, de l'Alimentation et de l'Environnement, Mme Isabel Garia Tejerina. «L'Algérie et l'Espagne ont assumé le rôle de promoteurs», a-t-elle souligné. La ministre espagnole a précisé que ce 2e séminaire est «un pas en avant vers notre objectif commun, à savoir définir une stratégie pour l'eau en Méditerranée occidentale». Il s'agit, a-t-elle indiqué, d'une initiative pour laquelle «l'Algérie et l'Espagne ont assumé le rôle de promoteurs, dans le cadre du dialogue 5+5». «L'eau est essentielle pour le maintien de la vie et le développement socioéconomique des peuples. Ceci est tout particulièrement vrai en Méditerranée occidentale, zone gravement touchée par la pénurie en eau», a-t-elle remarqué.

 Mme Tejerina a mis l'accent sur la nécessité de «canaliser et joindre les efforts qui visent à administrer dans l'équilibre les ressources en eau disponibles, protégeant leur qualité». «C'est ainsi que nous pouvons garantir un accès à l'eau universel, couplé au respect de l'environnement, que nous pouvons garantir une croissance économique régionale durable», a-t-elle fait valoir. Elle a également rappelé que «certains pays en Méditerranée occidentale rencontrent des difficultés pour couvrir les demandes» et que, «en même temps, les sécheresses sévissent, et peuvent s'aggraver sous l'effet du changement climatique».

«Le processus de coopération lancé doit donc contribuer à renforcer la capacité des pays à gérer adéquatement les ressources en eau», a estimé la ministre espagnole. La coopération algéro-espagnole s'est renforcée davantage à la faveur de la signature, en marge du séminaire, d'un protocole d'accord dans le domaine de l'eau à l'issue des travaux du 2e séminaire sur la stratégie de l'eau en Méditerranée occidentale tenu à Oran. Paraphé en présence du ministre des Ressources en eau, M. Hocine Necib, et son homologue espagnole Mme Isabel Garcia Tejerina, l'accord définit le cadre général de la coopération bilatérale dans le domaine des ressources hydriques, avec plusieurs axes de partenariat, dont celui de l'irrigation agricole, a indiqué M. Necib à l'issue de la cérémonie de signature.

De son côté, la ministre espagnole s'est félicitée des «bonnes relations entre les deux pays qui se traduisent par plusieurs accords, à l'instar de celui signé en marge du 2e séminaire sur la stratégie de l'eau en Méditerranée occidentale». «Ce nouvel accord nous incite à poursuivre la coopération dans le domaine de l'eau qui est une question prioritaire pour les gouvernements des deux pays», a déclaré Mme Tejerina. Grace à ce genre de partenariat, le secteur hydraulique peut profiter des expériences reconnues des Espagnols dans le domaine, notamment celui lié au secteur agricole. La ministre espagnole a également insisté sur les impacts escomptés à la faveur de cet accord, observant à ce titre que «l'agriculture constitue un axe majeur des programmes de développement économique des deux pays». «Cet engagement illustre également la volonté politique forte des deux pays à renforcer leur coopération», a encore souligné le ministre algérien des Ressources en eau, qui a mis l'accent sur l'expérience espagnole, notamment en matière d'irrigation agricole.