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Climat très tendu
hier dans différents quartiers d'Oran. Victor-Hugo, Bastié (secteur urbain Ibn
Sina) et le bidonville du lieu dit «Virage» dans la localité de Aïn El-Beida,
commune d'Es-Senia, ont été presque simultanément le théâtre de troubles sur la
voie publique, avec comme conséquence directe un blocage de plusieurs heures de
la circulation automobile.
L'opération du relogement des habitants du vieux bâti, menée ces derniers jours par les pouvoirs publics et dont les quartiers susmentionnés semblent jusqu'à l'heure en avoir été «écartés» n'a, en effet, pas fait que des heureux parmi les candidats au relogement. A Victor-Hugo, à hauteur de la Cité Dar El-Hana, dite des «retraités», l'accès au pont surplombant la voie ferrée a été totalement fermé à la circulation automobile par des jeunes surchauffés qui ont érigé des barricades et brulé des pneus pour empêcher tout véhicule de passer. Principale revendication : « être traités comme les autres quartiers touchés par le relogement, à l'instar de Medioni, El-Hamri et Derb? » « Pourquoi exclure le quartier Victor-Hugo ? Ils ont relogés pas plus de sept familles hier à la rue Biskra, alors que des centaines de familles continuent de vivre dans des conditions inhumaines et ils nous parlent de relogement ! Qu'a-t-on prévu pour les gens qui continuent de louer chez des particuliers dans le quartier ? N'ont-ils pas droit comme les autres Algériens à un logement ? Qu'ils viennent nous rendre visite. Qu'ils vérifient si nous sommes en droit d'être relogés ou pas », affirment dépités les contestataires. Un homme sur chaise roulante avance vers nous. Il dégage son torse et nous montre les traces des opérations chirurgicales. « Moi, j'ai donné mon sang à ce pays. Je vis avec un seul rein. Et qu'est-ce que j'ai récolté ? Rien. Que du vent et du mépris. J'ai 43 ans et je n'ai aucune ressource. Je suis né à Oran. Et j'ai toujours vécu ici. Par quelle logique, on me prive, moi, d'un logement alors que d'autres, et on les connait, sont venus à Oran il y a seulement quelques années et ont bénéficié avant tout le monde de logements sociaux ? Parce que moi et mes semblables, on a honte de construire des bidonvilles. Parce que moi et mes semblables, on n'a pas des gens de notre tribu ou de notre patelin qui sont dans les commissions de la commune et de la daïra. Parce que moi et mes semblables, on n'a pas les moyens de payer des dessous de table pour devenir citoyen à part entière», a-t-il lâché. Et à un autre d'enchainer: «Moi j'ai habité plus de 25 ans à Medioni. Et j'habite depuis 20 ans à Victor-Hugo. J'ai dû quitter mon quartier natal quand je me suis marié pour fonder ma propre famille. Je loue à 10.000 dinars par mois un F2 de 40 m², en dépit de mon maigre salaire. Mes enfants grandissent et leurs besoins aussi. Ca devient impossible à vivre. Note Etat a les moyens de nous assurer une vie descente. On doit penser à tout le monde. Aux sans-voix comme nous. Pourquoi ne viennent-ils pas nous voir et constater comment on vit ? On demande juste de la considération. Et si on estime qu'on mérite d'être relogés, qu'on nous donne un espoir pour continuer de vivre. A Medioni, par exemple, ils leur ont donnés des pré-affectations en 2011. El 2014, ils sont relogés. On est prêt nous aussi à patienter et attendre notre tour. Mais c'est vraiment le comble de l'injustice que de sentir l'exclusion ». |
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