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Plus d'une dizaine
de cadres des deux hôtels Sofitel et Mercure, relevant de l'Entreprise de
gestion touristique (EGT Centre) et gérés par le groupe français Accor, se sont
insurgés contre une décision prise par leur direction visant «la
dépermanisation des cadres algériens».
Le groupe contestataire, pour la plupart des chefs de service ayant au minimum 15 ans d'expérience, a expliqué que le directeur général délégué des deux hôtels «a contraint les cadres algériens à signer un contrat de performance qui les met de facto dans une situation de précarité, étant donné qu'ils passent d'un contrat à durée indéterminée (CDI) à un contrat à durée déterminée (CDD) de trois ans». Les représentants de ce groupe de cadres disent craindre en fait «un licenciement en douceur» puisque, ajoutent-ils, le directeur général délégué a bien pris soin de préciser que «le contrat pouvait être rompu au bout d'une année si les objectifs fixés par sa seule personne n'étaient pas atteints». Nos interlocuteurs nous précisent qu'ils ont déjà saisi la holding Gestour en mars dernier qui a, à son tour, adressé un courrier au directeur de l'EGT Centre et au directeur général délégué Sofitel-Mercure afin qu'ils mettent fin à la «dépermanisation» des cadres. Mais, selon les cadres, consternés, le directeur général des deux hôtels a ignoré la mise en garde de sa tutelle et «des CDD ont été signés au mois de mai par des cadres de Sofitel» et «la croisade continue en proposant l'hôpital ou la prison aux chefs de service», soutiennent-ils. Toujours selon le groupe rencontré, soit le contrat à durée déterminée ou «la voie de garage» dixit le directeur général délégué, selon leurs propos. Les contestataires affirment que contrairement au Mercure, certains cadres de Sofitel ont signé dans la précipitation le CDD de peur de représailles et d'autres ont cru au discours «lénifiant» du DG. Les cadres des deux hôtels, ayant refusé de signer ces contrats, ont rappelé que la politique du groupe Accor est de fidéliser les collaborateurs à la marque afin de former les responsables de demain. Ils s'interrogent à quoi rime cette action et pourquoi cet acharnement contre les anciens cadres ? Ils s'interrogent aussi sur la politique des différents gouvernements algériens s'agissant du développement du tourisme dans notre pays. Les travailleurs précisent que le groupe Accor est en Algérie depuis plusieurs années. Le but de ce genre de partenariat est le transfert de savoir et la formation de cadres pouvant participer au développement touristique du pays à l'instar de ce qui se fait ailleurs. Le Maroc en est le parfait exemple, selon les travailleurs des deux hôtels, où de grands hôtels du groupe Accor sont dirigés par des Marocains ayant bénéficié du savoir-faire français dans le domaine de l'hôtellerie et de la gastronomie. «Les cadres algériens pourront-ils accéder à des postes supérieurs, un jour, notamment avec des contrats à durée déterminée?» Les cadres des hôtels de l'EGT Centre gérés par le groupe français Accor en ont vraisemblablement gros sur le cœur et ils ne comptent pas se laisser faire. Ils interpellent le ministère du Tourisme et les responsables du groupe Accor pour remettre les pendules à l'heure. LE DG DELEGUE RASSURE ET DEFEND SON PROJET DE CONTRAT DE PERFORMANCE Le directeur général délégué, M. Luc Lamorille, que nous avons rencontré à l'hôtel Sofitel, a affirmé que la direction a opté pour les contrats de performance pour avoir une meilleure performance, de meilleurs profils dans le temps et pour mieux rémunérer ses collaborateurs. Il affirme avoir respecté la loi et le code du travail algérien, qui donne le droit à l'employeur de proposer un meilleur contrat et des meilleures conditions à un collaborateur s'il est d'accord. Mais, précise-t-il, ce n'est pas une obligation faite aux personnels. «C'est au choix». Il a affirmé que 95% des travailleurs à l'hôtel Sofitel ont signé, à l'exception de deux cadres. A l'hôtel Mercure, c'est effectivement le contraire, une seule personne a signé, le reste a refusé. Enfin, le DG a affirmé que la signature de ces contrats n'était pas une obligation. «Il y a deux personnes ayant signé ce contrat, qui se sont rétractées après, elles sont revenues le plus normalement du monde à l'ancienne modalité». Le DG rassure que ceux qui n'ont pas signé ne risquent aucune incidence, ni sur les salaires, ni sur leur carrière. «Ils sont tout simplement dans les convections collectives, et ceux qui ont signé sont dans la catégorie des contrats de performance, un contrat direct entre l'employeur et l'employé, avec les modalités qui sont négociées au préalable». Il explique que le conseil d'administration a décidé de proposer des contrats de performance en optant pour des CDD, car la loi prévoit l'un ou l'autre. On a extrait tous les avantages qui existaient dans les CDI pour les remettre dans les CDD. Pour dire que les cadres algériens n'ont rien à craindre. Le DG précise qu'en cas de licenciement, les deux catégories, que ce soit les CDD ou les CDI, ont le même droit à une indemnité, au-delà de 18 ans d'expérience, ils sont protégés par le droit. Le DG tente de convaincre : «Il faut savoir que le CDI n'est pas plus protégé qu'un CDD, c'est illusoire», précise-t-il. Le DG délégué dit comprendre l'effervescence des cadres concernés, «c'est un changement culturel important, ce n'est pas évident d'accepter, mais on a mis toutes les garanties, il n'y a aucune condition qui a changé dans ces nouveaux contrats», dit-il. Le DG défend cette nouvelle approche en affirmant que ce genre de contrat permettra à ceux qui y adhérent de gagner 40 à 50% d'augmentation de salaire, avec des objectifs individuels. Et de noter que cette action n'est nullement en relation avec de quelconques mauvais résultats des deux hôtels. Le DG affirme, dans ce sens, que les deux hôtels affichent des performances financières d'une année à une autre. Il explique cette progression financière annuelle par le fait que l'Algérie se porte bien économiquement. |