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Alors que les
travaux des assises nationales sur la santé viennent se clôturer à Alger avec
toute une batterie de recommandations adoptées, « la loi sanitaire qui date du
siècle dernier doit être absolument revue parce que la situation
épidémiologique du pays a totalement changé», a indiqué hier sur les ondes de
la Chaîne 3 le professeur Kamel Bouzid, président de la Société algérienne
d'oncologie médicale.
«Nous espérons voir un projet de loi naître rapidement et présenté devant l'APN», a-t-il estimé, ajoutant que la secteur de la santé a «besoin de nouveaux modes d'exercice, notamment en ce qui concerne la transplantation d'organes, le rôle du secteur privé, la sécurité sociale dans le financement des soins et l'alignement de la dépense nationale en matière de santé sur les ambitions du ministère de tutelle, sachant que nous sommes à 7% du PIB, soit une moyenne de 380 dollars par habitant, largement derrière les pays développés», a-t-il affirmé. Au sujet de la prise en charge des malades cancéreux, le Professeur Kamel Bouzid s'est félicité de l'annonce faite par le Premier ministre ce lundi lors des travaux des assises nationales sur la santé concernant l'ouverture en juillet de deux centres anti-cancer à Sétif et Batna, de celui de Annaba en novembre et trois structures privés à Alger, Constantine et Tizi-Ouzou, « avec l'espoir de voir les malades, plus de 45.000 actuellement, bénéficier de rendez-vous dans des délais plus courts», a-t-il indiqué. L'approvisionnement en médicaments pour le traitement du cancer « est aujourd'hui assuré et les traitements sont disponibles en quantité suffisante, même si on constate une augmentation presque épidémique des cas de cancers en Algérie avec une incidence de 120 cas pour 100.000 habitants, ce qui devrait nous mettre sur le même niveau que les pays développés d'ici une dizaine d'années, soit plus de 100.000 nouveaux cas de cancer à l'horizon 2030», a révélé le président de la Société algérienne d'oncologie médicale. Les facteurs de risque sont, pour la majorité des cas, liés au changement du mode alimentaire, la pollution atmosphérique et notamment le gasoil, classé comme cancérigène de niveau 1 par l'OMS il y a trois mois, « sachant que le parc automobile national est constitué à 70% de véhicules Diesel», a-t-il alerté. Selon lui, les radiations ionisantes sont un autre facteur de risque important, consécutif aux essais nucléaires français effectués dans les wilayas d'Adrar et de Tamanrasset au début des années 60. Pour l'encadrement des 22 centres anti-cancer en cours de réception et de réalisation, un programme de formation de médecins radiothérapeutes et de manipulateurs ainsi que l'acquisition d'équipements modernes, a été initié par le ministère de tutelle en partenariat avec deux fournisseurs, américain et suédois, a encore expliqué l'invité de la radio. A une question sur le coût de traitement de malades du cancer, le président de la Société algérienne d'oncologie médicale a donné l'exemple d'un cancer du sein qui coûte en moyenne 500 millions de centimes au Trésor public, « même si le dépistage et le diagnostic précoces restent la meilleure stratégie à adopter, comme recommandé par le Plan national anti-cancer mis en place sur une instruction personnelle du président de la République». Concernant les transferts de malades du cancer vers l'étranger, le professeur Bouzid estime nécessaire de les arrêter «d'autant, dit-il, qu'ils se font dans l'opacité la plus totale». A propos de ces derniers, il signale que « cela fait 40 ans que nous demandons à connaître le nombre de malades qui ont en bénéficié, leur statut et parmi eux ceux qui ont été guéris, mais à ce jour nous n'avons obtenu aucune réponse». Poussant plus loin, le président de la Société algérienne d'oncologie dénonce «l'injustice flagrante de certains secteurs», citant au passage la caisse militaire ou encore la Sonatrach « qui a signé un contrat de 43 millions d'euros pour faire du diagnostic à Montpellier». Et de s'interroger : « En quoi un travailleur de la Sonatrach est-il différent d'un autre Algérien ?» « Nous sommes, dit-il, dans l'injustice la plus flagrante». Pour ce qui concerne les pathologies cancéreuses, l'invité de la rédaction insiste pour que soient développées les méthodes de sensibilisation et de prévention ainsi que le dépistage et le diagnostic précoces, particulièrement pour les types de cancers pour lesquels les facteurs de risque n'ont pas été individualisés. |
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