Vent de panique chez les éditeurs de journaux ayant des dettes ou des
retards de paiement auprès de la Société d'impression d'Alger (SIA).
Une vingtaine de titres de la presse écrite nationale sont sommés
d'honorer leurs engagements financiers en s'acquittant de leurs dettes auprès
de la SIA. Les titres qui ne pourront pas régler leurs dettes risquent de subir
le sort d'El Fedjr, journal dont l'impression a été interrompue au centre du
pays par la SIA pour le même motif « de dettes impayées ». « Nous allons régler
le problème des retards de paiement. C'est pour cela que j'ai envoyé des
correspondances à tous les titres concernés pour qu'on se mette d'accord sur un
échéancier », a indiqué M. Abdelkader Metchat, directeur général de la SIA
avant de souligner que deux quotidiens se sont déjà mis d'accord sur un
échéancier. Il s'agit d'El Bilad et Al Siyass, a-t-il précisé. Parmi les
journaux touchés par ces mises en demeure de la SIA, l'on cite notamment
Echourouk, Les Débats, Algérie News, Le Jour d'Algérie, Le Jeune Indépendant,
Al Ahdath, El Dajazaïer News, et Compétition. Avec 157 millions de dinars de
dettes, Echourouk El Youmi semble être en tête de cette liste non exhaustive
des débiteurs de la SIA. Dans une mise en demeure datant du 12 juin et dont une
copie a été publiée par le journal électronique TSA, la SIA donne à Echourouk
un délai de huit jours pour assainir sa situation. « À défaut de non-paiement,
nous serons dans l'obligation d'appliquer les dispositions contractuelles »,
menace la SIA. « Avec Echourrouk, nous nous sommes mis d'accord sur un
échéancier, il lui reste 15 md de centimes (150 millions de dinars) et il a un
retard de quatre mois. Si on ne trouve pas de solution, il y a une loi qui
stipule qu'on commence d'abord par diminuer le tirage, puis on l'arrête »,
souligne M. Metchat. Dans son argumentaire justifiant cette offensive de la SIA
contre « les mauvais payeurs » de la presse écrite, M. Abdelkader Metchat reste
attaché à cette approche « purement commerciale » déjà défendue à plusieurs
reprises ces derniers jours par le ministre de la Communication, M. Hamid
Grine. « Nous avons constaté que certains titres n'étaient pas à jour avec
nous, mais qui faisaient en même temps des affaires en investissant par exemple
dans des chaînes de télévisions. À la SIA, nous avons un ancien matériel, on va
récupérer notre argent pour l'investir et moderniser », poursuit-il. Le
ministre de la Communication est revenu ces derniers jours sur la situation de
nombreux titres de presse ayant des difficultés à honorer leurs engagements
financiers en dépit d'un soutien de l'Etat qui dure depuis de nombreuses
années. «Il faut enlever cette mentalité d'assisté. Il faut aller vers la
compétitivité. Sur 160 journaux, combien sont-ils viables?», s'est interrogé M.
Grine. Avant de répondre: «Une vingtaine, à tout casser». Et de s'interroger à
nouveau : «Pourquoi certains journaux, avec des rentrées publicitaires de 30
millions de dinars, des charges de fonctionnement de 7 millions de dinars, soit
23 millions de dinars de bénéfices, sont-ils incapables de payer les
imprimeries de l'État?» «Je pose la question: où est passé l'argent? Est-ce que
les imprimeries privées ont autant de créances à recouvrer à l'extérieur? Bien
sûr que non», a-t-il répondu. Ce bras de fer entre la SIA et les éditeurs en
difficulté de paiement, dont le premier acte a ciblé le journal El Fedjr semble
être différemment apprécié. Si le ministère de la Communication soutient
fermement l'idée d'un règlement « purement commercial », certains titres de la
presse privée avancent le motif du « règlement de compte politique ». La
non-impression du journal El Fedjr est une affaire «purement commerciale» qui
concerne l'imprimerie d'Alger et les journaux» et n'est en «aucun cas» une
affaire «politique». De son côté, la SIA a également réagi en affirmant qu' «en
réalité», les motivations de cette suspension sont d'ordre «strictement
commercial», découlant d'une décision de justice prononcée en faveur de
l'imprimeur (SIA), le 9 juillet 2013 par le tribunal de Sidi M'hamed et
confirmée par la cour d'Alger le 23 mars 2014. Cette situation, selon la SIA,
«préjudiciable» d'abord pour l'imprimeur, «est le fait de l'éditeur, en
l'occurrence El Fadjr, et dont les dettes se sont accumulées pendant plus d'une
décennie. La SIA a également fait part de son « étonnement » des commentaires
donnés à cette affaire dès lors que ce quotidien continue d'être imprimé à Oran
et Constantine par des imprimeries publiques (SIO, SIE), avec lesquelles il
n'existe pas de litige», a relevé la SIA.