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BLIDA: Le lait en vente concomitante

par Tahar Mansour

« Donnez-moi deux sachets de lait s'il vous plait»; «voilà, mais vous devez prendre un autre sachet de lait de vache qui coûte 50 DA»; «mais, monsieur, j'ai juste besoin des deux sachets, alors pourquoi voulez-vous me forcer à acheter quelque chose dont je n'ai pas besoin»; «écoutez, vous prenez ou vous partez, on m'a forcé à prendre plusieurs cageots de lait de vache, je ne vais pas les enrouler autour de ma tête». C'est un dialogue auquel nous avons assisté par hasard dans un magasin situé dans une ville de la wilaya de Blida. Une fois le client parti, nous avons demandé à l'épicier deux sachets de lait et ce fut la même réponse que nous avons reçue. Nous lui demandons alors des explications et il nous affirma : «Regardez, monsieur, on me livre 100 cageots de lait normal (à 25 DA l'unité) et on m'oblige à prendre cinq ou six cageots de lait dit ?de vache' qui me revient à 40 DA et que je revends à 50 DA. Cela me coûte plus de 2.700 DA alors que le bénéfice que je retire de la revente des 100 cageots ne dépasse guère les 650 DA et personne ne veut acheter le lait de vache à 50 DA. Le soir venu, si je ne vends pas les sachets de lait de vache, je suis obligé de les jeter et cela m'est arrivé à plusieurs reprises, c'est-à-dire que j'ai une perte sèche de 2.700 DA, plus de 4 fois le bénéfice que je réalise en vendant le lait ?normal', et là, c'est mon capital qui va fondre comme neige au soleil». L'épicier précisa qu'au début, il trouvait anormal de pratiquer cette vente concomitante, d'ailleurs interdite par la loi, mais il s'est vite retrouvé face à des pertes financières trop importantes. Quant au livreur, il a, lui aussi, déclaré que c'est au niveau de l'usine qu'on lui impose cette vente concomitante, alors où se situe la vérité ? Mais, et en dépit de tout, c'est au niveau de la fabrication, c'est-à-dire de l'usine, que se situe la faille : pourquoi produire ce qu'on appelle ?du lait de vache' si personne ne l'achète ? Comment peut-on aussi fouler la loi au pied sans que personne intervienne ? Et ce sont toujours les pauvres gens, dernier maillon de la chaîne, qui paient pour les autres car, toujours, nous remarquons que le client qui entre chez l'épicier, qui est aussi une victime, va abdiquer et acheter un sachet de lait de vache qui coûte 50 DA. Les autorités concernées par ce phénomène doivent y mettre fin, surtout qu'avec le mois de Ramadhan qui approche, la consommation de lait va augmenter et les citoyens, surtout les plus pauvres, ne sauront plus où donner de la ? poche !