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Autoroute Est-Ouest : Vers une résiliation du contrat avec Cojaal

par Abdelkrim Zerzouri

Serait-on réellement arrivé à un point de non-retour dans les relations entre l'ANA et le consortium japonais Cojaal, composé de six entreprises, à savoir Taisei, Nishimatsu, Hazama, Maeda, Itochu avec Kajima Corporation en chef de file ? Mis au pied du mur une nouvelle fois par l'ANA, qui a notifié jeudi dernier une deuxième mise en demeure au consortium pour retard dans l'exécution des travaux du lot unique de l'autoroute Est-Ouest sur un tronçon de 399 km (de Bordj Bou-Arréridj jusqu'à la frontière tunisienne), le sommant de reprendre les travaux du marché d'application n° 3 dans un délai de 8 jours, sous peine de résilier le marché aux torts exclusifs de l'entreprise, les Japonais continuent à se murer dans leur silence, ou leur sérénité. Comme ils ont observé le même silence « discipliné » tout au long de ces dernières années lorsque le ministère des Travaux publics, relayé par l'ANA, n'a pas manqué de faire dans la menace de rupture de contrat. Un silence payant ? Vraisemblablement, c'est le cas de le dire. Tant la menace, à laquelle on oppose le silence, n'est jamais arrivée au stade de l'exécution. De Amar Ghoul, en passant par Farouk Chiali et en arrivant à Abdelkader Kadi, tous les ministères qui avaient eu en main le portefeuille des Travaux publics ont menacé le consortium japonais à travers des mises en demeure, mais leurs menaces sont restées sans effet sur le terrain.

Cojaal n'a jamais été inquiété en bout de piste. Mieux encore, on a fini par régler la facture du surcoût généré par la réalisation du tronçon Est de l'autoroute et exigé par Cojaal. L'histoire agitée des relations entre les autorités algériennes et le consortium a toujours ressemblé à un jeu de corde, chaque partie lâchant du lest lorsque l'autre camp tire trop fort, pour éviter une déchirure qui les renverserait tous deux à l'arrière, et retrouver un équilibre même si chacun devait y laisser un peu du sien. Cette fois-ci, la partie algérienne semble intransigeante, voire décidée à aller jusqu'au bout avertissant le consortium japonais, par la voix de l'ANA qu'« à défaut d'une réaction effective et officielle appuyée d'un rapport écrit et d'un planning de déploiement des effectifs des moyens nécessaires au parachèvement du projet, le service contractant procédera à la résiliation du marché aux torts exclusifs » du consortium. Cette nouvelle mise en demeure intervient après celle adressée à ce consortium le 4 juin dernier. Le recours à cette mesure a été décidé après plusieurs prorogations des délais accordés à cette entreprise pour l'achèvement des travaux qui lui ont été confiés dans le cadre de ce projet, devait expliquer le directeur général de l'ANA, Mohamed Ziani. De son côté, le ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, avait indiqué dimanche dernier que le contrat pour la réalisation de la section est de l'autoroute Est-Ouest confié au consortium japonais Cojaal sera résilié à défaut d'une reprise des travaux dans les délais impartis.

Pour rappel, le consortium japonais a suspendu les travaux de réalisation du projet suite à un différend avec les autorités algériennes. Selon le ministre, les Japonais « ont exigé un montant supplémentaire pour la réalisation des travaux » et ce malgré l'établissement d'un cahier des charges ayant défini toutes les conditions de conclusion du contrat. Coojal a obtenu la réalisation du tronçon est de l'autoroute sur 399 km, pour un montant de 341 milliards de dinars, soit près de 4 milliards de dollars, mais le consortium japonais exige le paiement de factures inscrites au chapitre des « travaux supplémentaires », alors qu'elles relèvent, selon des sources concordantes, d'achats de biens en faveur des cadres de l'ANA, dont des véhicules, des PC portables et autre location de logements meublés. Les autorités algériennes, qui ne l'entendent pas de cette oreille, suivent une procédure qui mène tout droit à la rupture du contrat. Aujourd'hui, les mises en demeure qui se suivent à une cadence réglementaire scrupuleusement respectée, le ministre qui demande sur place (le 4 juin dernier) à l'ANA d'engager d'ores et déjà des négociations avec une autre entreprise, ce sont là des positions qui laissent peu de place à l'incertitude dans cette relation conflictuelle. Si l'on se fie aux derniers développements, la fin avec Cojaal est réellement proche. Mais, on ne peut pour autant occulter la carte, une dernière (!?), entre les mains des Japonais. Ceux-ci peuvent encore se remettre au travail et attendre un moment meilleur pour remettre sur tapis ces factures de « travaux supplémentaires »?