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Mondial 2014 - Coup d'envoi aujourd'hui : Que le spectacle commence

par Adjal Lahouari



C'est une très agréable tradition pour tous les amoureux du football. Tous les quatre ans, ils attendent avec impatience ce rendez-vous planétaire qui fait courir les foules. Du 12 juin au 13 juillet, tous les regards seront braqués vers le Brésil où se dispute la vingtième édition de la coupe du Monde. Dans toutes les villes hôtes, la fièvre est montée crescendo, car les grèves et les manifestations se sont multipliées, et la crainte que cette grande fête sportive soit gâchée n'est pas écartée. Sur le plan sportif, le Brésil est condamné à remporter le trophée, et tout autre résultat serait une catastrophe nationale, identique à celle de 1950 lorsque l'Uruguay avait battu le Brésil au Maracana, devant 200.000 brésiliens sidérés. Aujourd'hui encore, 64 ans après, le traumatisme est encore présent dans les mémoires. Les coéquipiers de Neymar sont donc chargés d'une mission sacrée : Conquérir la coupe du Monde et exorciser le drame de 1950. Il ne reste plus qu'à souhaiter que les manifestations d'ordre social ne gâchent pas cette fête du football, véritable opium des peuples. Cependant, si cet évènement ne jouit pas de la bénédiction de tous les Brésiliens, il n'en demeure pas qu'il est très attendu. Partout ailleurs, et particulièrement dans les pays dont les équipes sont présentes au Brésil, on attend le coup d'envoi aujourd'hui à 21h00 avec le match Brésil- Croatie. Gageons que les cœurs des Brésiliens battront très fort à cet instant, car ils ont conscience que l'histoire est en marche. Brésil favori ? Oui, par obligation et par nécessité. C'est un statut en même temps valorisant et embarrassant. Sera-t-il un atout ou un handicap ? On le saura le 13 juillet prochain. D'ici là, les évènements s'égrèneront avec des joies et des déceptions forcément.

LES FAVORIS

Dans ce genre de compétition, il y a une constante, à savoir qu'on retrouve pratiquement les mêmes nations dans ce groupe restreint. Ce sont d'anciens vainqueurs, au nombre de six Brésil, Allemagne, Italie, Espagne, Argentine et Uruguay, auxquels on adjoindra les Pays Bas, trois fois finalistes. L'Espagne pourra-t-elle conserver le trophée conquis en Afrique du Sud avec son ossature du Barça ? Le doute est permis, car Del Bosque a reconduit sept barcelonais lesquels sont moins fringants, même si le volet possession du ballon reste leur spécialité. Le Ticki -Taka ne surprend plus personne. Cependant, si Diego Costa retrouve ses moyens, alors là, l'espoir est permis. L'Allemagne ? C'est la valeur sûre du football mondial. Joachim Low a bien préparé son groupe constitué de stars chevronnées tels Klose, Neuer, Ozil, Podolsk, Muller, Götze, Hummels et Khedira. En somme du beau monde ! Ne pas placer l'Argentine au sein de cette caste de favoris serait illogique. Avec un Messi reposé et en pleine possession de ses moyens le onze Argentin possède un atout de première grandeur. A ses côtés et à son service, on retrouvera les buteurs patentés Higuain, Aguero et Lavezzi. Tous les quatre ans, on retrouve l'Italie. Certes en 2010, en Afrique du Sud, les coéquipiers de Buffon, sont sortis dès le premier tour, derniers de leur groupe, derrière la Nouvelle Zélande ! Franchement, il est anormal de tomber si bas pour un pays qui arbore quatre étoiles de champion du monde sur le maillot. Et puis, après cette catastrophe, au mois de juillet 2010, est arrivé Cesare Prandelli avec qui, ne l'oublions pas, la Squaddra Azzura est arrivée en finale du dernier Euro en développant ? et c'est nouveau dans le pays du Catenaccio ? un football résolument tourné vers l'offensive. L'équipe type repose sur l'ossature de la Juventus (7 titulaires) ce qui garantit la cohésion. Les Italiens compétiteurs dans l'âme, auront leur mot à dire au Brésil. On peut affirmer que les Pays Bas sont au même niveau au moment de donner un pronostic. D'abord, c'est le finaliste du dernier Mondial et, comme l'ossature est toujours là, avec les Robben, Van Persie, De Jong, Huntelar, Sneidjer et Kuyt, la sélection orange vise le titre. D'autant plus que les nouveaux, tels les défenseurs Blind et Bruna, ainsi que l'attaquant due Dynamo Kiev Jeremain Lens ont apporté un plus à une équipe dont le jeu collectif est de grande qualité. On en arrive à l'Uruguay qui entend rééditer son exploit en Afrique du Sud. L'Uruguay, c'est un petit pays (3,5 millions d'habitants) mais une grande nation du football. Figurer dans le groupe de la mort n'inquiète pas les Urugayens qui possèdent trois attaquants de niveau mondial, avec Suarez, Cavani et Forlan (95 buts au total) mais également une paire centrale de première force avec Diego Godin (Athletico Madrid) et le capitaine Diego Lugano. Avec les expérimentés Pereira, Caceres, Gargano et Stuani, la « Céleste » peut voyager.

OUTSIDERS

A défaut de figurer parmi les favoris, la Belgique mérite d'être en tête du lot des outsiders. Tout a été dit sur cette génération dorée que le coach Marc Wilmots a sous la main. Il y a du talent, de la jeunesse et de l'ambition. La défense est très solide avec le gardien Courtois, et ses coéquipiers Kompagny, Vermeulen, Van Buyten et Vertonghen. Le milieu est richement fourmi où les Defour, Felaini, De Bruyne, Chadli, Dembélé et Witsel se disputeront les places de titulaires.En attaque comment ne pas citer Hazard, Lukaku, Mertens, Mirallas et Januzhac ? Pour tous les observateurs, la Colombie mérite autant de respect comme l'atteste son classement FIFA (5ème). Certes, la sélection sera privée des services du « tigre » Radamel Falcao, qui ne s'est pas remis de sa grave blessure, mais le coach José Pekerman pourra compter sur l'excellent attaquant Jakson Martinez, objet de nombreuses convoitises de plusieurs grands clubs d'Europe, ainsi que ses proches coéquipiers Bacca (FC Sévillé) et Téofila Gutierrez (River Plate), deuxième meilleur butteur après Falcao. Dans l'entre-jeu, comment ne pas citer le Monégasque James Rodriguez, à la fois stratège et buteur ? L'Angleterre, éliminée en huitièmes de finale en 2010, est revenue à la surface grâce à une prometteuse cuvée représentée par les Sturpridge, Sterling, Wilsher, Chamberlain, Cleverley, Townsed et Welbeck, c'est-à-dire des attaquants et des milieux offensifs. Et comme les anciens comme Lampard, Gerrard, Carrik, Cahill, Johnson et Rooney sont toujours sur la brèche, il faudra se méfier de cette équipe qui a prouvé sa solidité lors des éliminatoires : aucune défaite, 31 buts marqués pour 4 encaissés. Doit-on croire aux chances du Portugal ? Oui, si son chef de file Cristiano retrouve sa santé. Non dans le cas contraire. A lui seul, Cristiano représente plus de 80% de l'efficacité offensive de la sélection lusitanienne. Cette dépendance est en même un atout et un handicap selon la forme de son capitaine, même si le jeu est traditionnellement de qualité. On reproche à l'équipe dirigée par Paulo Bento l'absence d'un attaquant de pointe capable d'épauler Cristiano. La sélection muisera sur le concours des Pepé, Coeintro, Meireles et Veloso. Sera-ce suffisant ? Le doute est permis. A l'instar de la France avec Ribery, la Russie vient de perdre ces jours-ci l'un de ses cadres, qui n'est autre que le goélador de la sélection Kerzhakov, qui est plus efficace avec l'équipe nationale qu'avec son club, le Zenith ? Saint ? Pétersbourg. Il s'agit la certainement d'un handicap de taille car les buteurs dans ce pays ne sont pas légion. Cependant en deux ans, l'entraîneur Italien Fabio Capello a aligné un bilan impressionnant, avec deux défaites seulement en 19 matches, ce qui revient à dire que Capello, en bon Italien, a réussi à organiser son secteur défensif. On en arrive à l'équipe de France, toujours aussi inconstante, alternant le bon et le moins bon. En éliminatoires, dans le groupe du champion du monde, l'Espagne, elle a du passer par les barrages pour composter son billet face à l'Ukraine. Le forfait de Ribéry est un coup dur pour le onze tricolore et ce n'est pas le carton infligé à une automatique équipe de la Jamaïque (8-0) qui va évacuer les doutes. Benzema est trop seul. Giroud trop maladroit et Valbuena n'est pas régulier. Il reste que Didier Deschamps possède un milieu actif et dynamique, à l'image du duo Matuidi ? Pogba épaulé par Sissoko et Cabaye. En tous cas, cela est suffisant pour passer au second tour, étant donné que le Honduras, l'Equateur et la Suisse ne sont pas des foudres de guerre.

LES AUTRES PARTICIPANTS

En classant toutes les autres nations dans le lot des faire valoir, est-ce qu'on ne risque pas de se tromper à propos de certaines formations de taille à fausser les pronostics les mieux établis ? Le Chili, avec Vidal, Sanchez et Vargas peut-il compenser ses handicapes ? La Croatie de Modric devra s'extirper du groupe difficile où elle doit se frotter au Brésil, au Mexique et au Cameroun. Pas évident. Depuis la conquête de l'Euro à Lisbonne en 2004 sous les ordres de l'Allemand Otto Rehlagel, c'est un onze grec, qui n'est pas brillant mais solide. Dans ce groupe, la Colombie est à un cran au-dessus et de belles « bagarres » sont promises entre la Côte d'Ivoire et le Japon. Le Mexique de Marquez et Chicarito aura fort à faire dans le groupe du Brésil. L'Equateur semble barré par la France et la Suisse alors que le Honduras parait à sa portée. Quant au Costa Rica, il figure dans le groupe des trois anciens champions du monde. Faut-il un dessin ? Il reste l'Iran, dont la plupart des joueurs évoluent au pays. Néanmoins, deux éléments émergent, il s'agit de Jawad Nekounam le (meilleur buteur) et Reza Ghoochannejhad, qui évolue à Fulham. Le coach Portugais Carlos Queiroz qui a travaillé à Manchester United et au Real Madrid, tentera de tirer le maximum de cet effectif. Et maintenant, que le spectacle commence?