La visite de deux jours en Algérie du ministre français des Affaires étrangères et du Développement, Laurent Fabius, entamée hier, sera copieuse et traitera de beaucoup de sujets communs dont les relations économiques et «les échanges humains».

Il s'agit également pour les deux pays de faire le point sur la coopération militaire, et plus spécifiquement dans le volet sécuritaire, la lutte contre le terrorisme et la sécurisation de la région sahélo-saharienne. Fabius, considéré comme le N.2 en France après François Hollande, a lâché quelques pistes intéressantes des discussions qu'il aura avec les responsables algériens, notamment avec le président Bouteflika, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et son homologue Ramtane Lamamra.

Au micro d'Europe 1 hier dimanche, il a notamment expliqué qu'il s'agit «d'un voyage de travail et d'amitié, avec trois objectifs». D'abord, a-t-il précisé, il s'agit d'un objectif économique, c'est-à-dire relancer et densifier les relations économiques entre les deux pays.  Il a confirmé qu'il sera accompagné par une importante délégation de chefs de PME et d'hommes d'affaires à Alger. Et puis, «on va parler sécurité et échanges humains», a-t-il ajouté. Avant de relever que «sur le plan sécurité, les Algériens, qui ont été frappés eux-mêmes très durement par le terrorisme dans le passé ont un comportement exemplaire» en matière de lutte contre le terrorisme. Laurent Fabius a également confirmé la coopération sécuritaire entre les deux pays en soulignant que là-dessus, «la collaboration est excellente».

Les Algériens «jouent un rôle au Sahel», reconnaît-il, avant de mentionner brièvement les discussions actuelles à Alger entre les groupes de l'opposition malienne du Nord. Pour lui, l'Algérie joue un rôle important au Sahel «par rapport à toute une série de discussions au nord du Mali» menées sous les auspices d'Alger. Sur le dossier libyen, là également Fabius relève encore que (..les algériens..) «sont attentifs sur ce qui se passe en Libye, et dans l'ensemble de la zone». Le chef de la diplomatie française explique en fait que la France et l'Algérie travaillent ensemble depuis un moment, au moins depuis l'intervention en janvier 2013 de Paris au nord du Mali, et coordonnent leurs actions en matière de lutte contre le terrorisme dans cette partie de l'Afrique, le Sahel, où Al-Qaïda au Maghreb islamique a installé ses bases. «Notre travail ensemble est excellent» sur le volet sécuritaire, a-t-il encore affirmé, avant d'annoncer que ses discussions avec les responsables algériens porteront par ailleurs sur les échanges humains, sans en dire davantage. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères rendu public samedi, «M. Laurent Fabius sera accompagné, lors de cette visite, d'une forte délégation composée de parlementaires, de hauts responsables du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international et d'une vingtaine de chefs d'entreprises», précise la même source. La visite en elle-même s'inscrit dans le cadre de la convention bilatérale portant création du comité intergouvernemental de haut niveau, conclue entre les deux pays en décembre 2013. Cette convention prévoit l'instauration d'un dialogue politique régulier entre les deux pays au niveau des Premier ministres, des ministres des Affaires étrangères et des secrétaires généraux», a-t-on ajouté. Le partenariat industriel et technologique entre les deux pays devrait être renforcé à l'issue de cette visite, également centrée sur la coopération éducative et universitaire. Mais, plus fondamentalement, les questions de sécurité et de coordination des actions de lutte contre le terrorisme et les groupes armés au Sahel, qui menacent les intérêts des deux pays, ainsi que le contrôle des flux migratoires seront les grands dossiers au menu du déplacement de Fabius à Alger, au lendemain de sa participation à un mini-sommet de l'OTAN en France à l'occasion des festivités commémorant le débarquement des Alliés sur les côtes de Normandie.