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Le FFS n'est pas une girouette

par Kharroubi Habib

Il n'y aurait rien de paradoxal à ce que le Front des Forces socialistes (FFS) qui a décidé de se joindre aux autres forces de l'opposition qui vont se rencontrer mardi dans une conférence nationale sur la transition démocratique se rende également à la présidence où Ouyahia pilote pour le compte du pouvoir des consultations autour de la révision de la Constitution. Ce ne serait nullement contradictoire avec la ligne politique que s'est fixée ce parti qui est de rechercher l'instauration d'un dialogue entre pouvoir et opposition en vue de réaliser un consensus national autour d'une solution de sortie de crise dans le pays. Le FFS ne partage ni l'option qu'a choisie le pouvoir -qui consiste à aller à une révision de la Constitution en se contenant de consultations restreintes à cette seule opération politique- ni celle pour laquelle a opté la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD), organisatrice de la conférence de mardi qui devrait déboucher sur l'adoption d'une plateforme structurant le concept de la transition démocratique voulue par elle.

Pour le FFS, les deux voies devraient se rejoindre si le pouvoir et l'opposition adhéraient à sa proposition d'organiser une conférence du consensus inclusive. N'ayant pas réussi à les rallier à sa proposition, le FFS aurait pu refuser et de participer à la conférence de la CNLTD et de répondre à l'invitation d'Ouyahia. Il a, croyons-nous savoir, opté pour tenter encore de défendre sa proposition auprès des deux partis en allant les rencontrer à l'occasion de la conférence de l'un et des consultations de l'autre. Ce faisant, le FFS n'entend rien céder sur sa ligne et l'objectif qu'il s'est tracé. Sa participation à l'une ou l'autre des rencontres ne voudra nullement dire qu'il renonce à son projet de conférence du consensus national. Il ne souscrira très probablement ni à la démarche du pouvoir ni à celle de la CNLTD, mais profitera des tribunes que les deux lui offrent pour plaider seulement en faveur de sa proposition. En ne se rangeant dans aucun de ces camps qui suivent des plans et des agendas politiques auxquels il ne souscrit pas, le FFS se verra soupçonné, voire accusé, de pusillanimité politique coupable. De cette tare, le plus ancien parti d'opposition du pays est pourtant celui qui en est indemne. Ni le pouvoir ni les autres segments de l'opposition ne sont fondés à lui en faire grief. Le FFS est dans une cohérence et une continuité de vision et de position sur les défis auxquels la nation algérienne est confrontée dont ne peuvent se réclamer ses détracteurs éventuels. La démarche de l'un et des autres sont en fait des reprises accommodées à des « sauces » respectives de préconisations formulées par le FFS mais que lui a inscrit comme devant émaner d'un dialogue national entre toutes les forces vives nationales. Par la cohérence de la ligne, le FFS s'est fait une place à part sur l'échiquier politique qui force le respect et que démontre l'importance que le pouvoir et l'opposition accordent à ses interventions et à ses prises de position. Dans la situation aussi complexe que dangereusement grave que vit le pays, ce parti reste incontestablement un repère à suivre pour nombre d'Algériens.