Il
n'y aurait rien de paradoxal à ce que le Front des Forces socialistes (FFS) qui
a décidé de se joindre aux autres forces de l'opposition qui vont se rencontrer
mardi dans une conférence nationale sur la transition démocratique se rende
également à la présidence où Ouyahia pilote pour le compte du pouvoir des
consultations autour de la révision de la Constitution. Ce ne serait nullement
contradictoire avec la ligne politique que s'est fixée ce parti qui est de
rechercher l'instauration d'un dialogue entre pouvoir et opposition en vue de
réaliser un consensus national autour d'une solution de sortie de crise dans le
pays. Le FFS ne partage ni l'option qu'a choisie le pouvoir -qui consiste à
aller à une révision de la Constitution en se contenant de consultations
restreintes à cette seule opération politique- ni celle pour laquelle a opté la
Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD),
organisatrice de la conférence de mardi qui devrait déboucher sur l'adoption
d'une plateforme structurant le concept de la transition démocratique voulue
par elle.
Pour
le FFS, les deux voies devraient se rejoindre si le pouvoir et l'opposition
adhéraient à sa proposition d'organiser une conférence du consensus inclusive.
N'ayant pas réussi à les rallier à sa proposition, le FFS aurait pu refuser et
de participer à la conférence de la CNLTD et de répondre à l'invitation
d'Ouyahia. Il a, croyons-nous savoir, opté pour tenter encore de défendre sa
proposition auprès des deux partis en allant les rencontrer à l'occasion de la
conférence de l'un et des consultations de l'autre. Ce faisant, le FFS n'entend
rien céder sur sa ligne et l'objectif qu'il s'est tracé. Sa participation à
l'une ou l'autre des rencontres ne voudra nullement dire qu'il renonce à son
projet de conférence du consensus national. Il ne souscrira très probablement
ni à la démarche du pouvoir ni à celle de la CNLTD, mais profitera des tribunes
que les deux lui offrent pour plaider seulement en faveur de sa proposition. En
ne se rangeant dans aucun de ces camps qui suivent des plans et des agendas
politiques auxquels il ne souscrit pas, le FFS se verra soupçonné, voire
accusé, de pusillanimité politique coupable. De cette tare, le plus ancien
parti d'opposition du pays est pourtant celui qui en est indemne. Ni le pouvoir
ni les autres segments de l'opposition ne sont fondés à lui en faire grief. Le
FFS est dans une cohérence et une continuité de vision et de position sur les
défis auxquels la nation algérienne est confrontée dont ne peuvent se réclamer
ses détracteurs éventuels. La démarche de l'un et des autres sont en fait des
reprises accommodées à des « sauces » respectives de préconisations formulées par
le FFS mais que lui a inscrit comme devant émaner d'un dialogue national entre
toutes les forces vives nationales. Par la cohérence de la ligne, le FFS s'est
fait une place à part sur l'échiquier politique qui force le respect et que
démontre l'importance que le pouvoir et l'opposition accordent à ses
interventions et à ses prises de position. Dans la situation aussi complexe que
dangereusement grave que vit le pays, ce parti reste incontestablement un
repère à suivre pour nombre d'Algériens.