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LA SYMBOLIQUE D'UN DRAME

par M. Abdou BENABBOU

Un couple et ses deux enfants ont été emportés par la mort hier au cœur d'Oran. En plein sommeil, ils ont été ensevelis par leur maison. La fatalité va avoir bon dos et le destin particulier d'une famille sera mis à l'index pour justifier cette tragédie. Les explications s'arrêteront à la floraison des émois alors qu'il s'agit de la consistance dramatique de quatre vies et d'une bien jeune cellule sociale.

Un glissement de terrain serait à l'origine de la catastrophe et l'état inracontable de la demeure a fait le reste pour mettre fin à des existences désarticulées par le non-savoir caractérisé et généralisé du vivre ensemble.

Le drame n'est pas nouveau et le vieux bâti comme les affaissements de terrain à Oran ont déjà provoqué bien d'autres malheurs, comme si la damnation était définitivement gravée dans les profondeurs de la cité pour immanquablement accompagner ses habitants. Il ne s'agit pas seulement de trop fâcheux incidents mais bien de cataclysme cultivé et nourri par une population qui a tourné le dos aux tout premiers fondements d'une saine vie en communauté. Mauvais guides, piteux chefs et lamentables administrés se complaisent dans une culture du laisser-aller suicidaire pour transformer les territoires communs en espaces funéraires.

On expliquera, bien sûr, comme de coutume, le drame d'hier par la fragilité du sol mais on occultera ce que tout le monde sait. Qu'un retour à une vie sous un palmier serait peut-être mieux indiqué si l'incapacité de s'adapter à la vie de cité s'avère définitivement conclue.

Il ne s'agit même plus aujourd'hui de rafistoler ce qui reste du vieux bâti. On n'en est plus là. Il ne s'agit plus, encore moins, d'accorder à la bonne intelligence de réfléchir sur l'harmonie des urbanismes. Les excroissances exponentielles constatées ici et là à la périphérie des villes ont fini par annoncer le règne des favelas et des catastrophes à venir aux multiples visages.

La disparition du jeune couple oranais et de leurs deux enfants hier est bien plus qu'un drame familial. Elle est une terrifiante blessure dans une conscience nationale qui a failli.