Les travaux sur le tronçon de l'autoroute Est-ouest passant par
Constantine, notamment au niveau des tunnels de Djebel Ouahch, sont en passe de
constituer un véritable casse-tête chinois pour les autorités algériennes en
charge du secteur des travaux publics (dire casse-tête japonais serait plus
juste compte tenu de la nationalité de l'entreprise en charge des travaux).
Ceci dit, devant le retard énorme causé au «projet du siècle» qui risque d'être
bloqué pour des années encore au niveau de ce véritable «nœud d'étranglement»,
les autorités, et à leur tête le ministre des Travaux publics qui a visité hier
le chantier, viennent de décider le lancement d'un chantier de construction
d'une déviation afin de contourner les tunnels et pour servir d'alternative au
cas où le passage par ces deux ouvrages viendrait à être empêché par un
incident quelconque, tel que celui intervenu le 1er janvier dernier par
l'éboulement qui s'est produit au tunnel n°1. Et alors que les travaux de
confortement et les sondages pour tester la stabilité du sol se poursuivent
toujours à ce niveau, les responsables du chantier ont expliqué hier au
ministre qu'il reste encore à terminer le creusement de 6,75 mètres. Ce qui
laisse à penser que l'objectif de terminer les travaux dans ce tunnel sont
relégués au second plan et qu'il s'agit avant tout de déterminer si l'on peut
poursuivre ces travaux ou bien les arrêter définitivement. Hier, autant le
ministre que les responsables du chantier ont évité soigneusement de parler de
ce sujet en focalisant leurs interventions sur la déviation envisagée. Ce qui
est somme toute une façon habile de contourner encore? le sujet. La première
étape de la visite du ministre des Travaux publics, M. Kadi Abdelkader, dans la
wilaya de Constantine l'a donc conduit à l'entrée du fameux tunnel où a été
fixé le point à partir duquel sera faite la déviation de contournement. A ce
propos, le directeur de l'agence des autoroutes pour la région est a fait
savoir au membre du gouvernement que deux variantes sont envisagées et sont en
cours d'élaboration technique. La première, longue de 10 kilomètres comporte un
inconvénient : une pente inclinée à 14 % ; la seconde, de 6 kilomètres, doit
passer par le parc d'attraction de Djebel Ouahch. Il s'agit de gagner du temps
et d'avoir une alternative pour dévier la circulation en cas de catastrophe,
nous a expliqué un responsable du secteur. S'exprimant sur cette alternative,
M. Kadi a estimé que «la déviation est obligatoire, que le tunnel soit finalisé
ou non». Selon lui, la déviation ne constitue pas une solution temporaire, mais
définitive, et ce par mesure sécurité de sorte que lorsqu'il y a une quelconque
catastrophe, il y aura une solution pour y faire face. Et le responsable de
l'Agence nationale des autoroutes de l'Est (ANA) de demander au ministre de lui
accorder juste trois jours, jusqu'à mercredi prochain, pour lui ramener le
dossier technique contenant les détails exacts des déviations proposées.
Interrogé sur ce contretemps, le ministre a répondu que «dans tout projet
grandiose, comme celui de l'autoroute Est-Ouest, il y a des problèmes, des
accidents de parcours ; mais je peux rassurer tout le monde, surtout les
citoyens de Constantine, que nous avons tout pris en ligne de compte et nous
allons trouver les solutions aux problèmes dans les plus brefs délais. C'est
une promesse que je fais aux citoyens. Pour les solutions, donnez-nous le temps
de les étudier avant de les annoncer. Pour vous dire, il faut d'abord établir
les responsabilités de tous les retards enregistrés et éviter de se tromper.
Car il n'y a pas uniquement l'entreprise chargée de la réalisation sur le
terrain, il y a aussi des bureaux d'études, il y a l'administration et tout le monde
a une part de responsabilité. Et il faut établir les responsabilités de chacun
sur cet incident avant de prendre toutes les mesures nécessaires», a conclu le
ministre. Se rendant ensuite à la base vie du chantier des équipements
d'exploitation de l'autoroute Est-ouest à Ain-Smara, M. Kadi a entendu un
exposé du directeur général de l'entreprise chargée du projet lui expliquant
que celui-ci comprend 60 échangeurs, avec 48 gares d'accès, 42 aires de
services et 76 aires de repos. Le ministre l'arrête pour lui demander de penser
à diminuer les aires de repos pour les transformer en aires de services. Le
tronçon est a été confié à un consortium algéro-italien et l'objectif de cette
action c'est d'équiper l'autoroute de moyens, de mettre en place un système
d'exploitation moderne de standard mondial qui permettra d'offrir aux usagers
un confort optimal. Une partie des équipements sera dédiée à la collecte de
l'information et une autre à la transmission de l'information par radio FM
utilisant une fréquence spécifique épousant le corridor de l'autoroute
Est-ouest. Il y aura aussi des postes d'observation, un système de
télésurveillance qui permet de gérer en temps réel tout le parcours et de
détecter tout incident. Il y aura aussi des stations météo. L'information ainsi
récoltée sera traitée au centre d'entretien et d'exploitation (22 centres
seront réalisés le long de l'autoroute et seront accompagnés par la gendarmerie
et la Protection civile). Enfin, il y aura plus de 500 km de fibre optique,
plus de 500 postes d'appel d'urgence, plus de 400 caméras de télésurveillance
ainsi que des stations météo, stations de comptage et équipements d'accès qui
seront gérés par un système d'information «intelligent» qui permettra de
véhiculer en temps réel l'information à l'ensemble des usagers afin de garantir
leur sécurité. La dernière étape de la visite du ministre a été le chantier du
pont transrhumel où il a reçu aussi un exposé sur ce grand projet qui a été
pratiquement achevé et devra être livré le 5 juillet prochain.