Il y avait
longtemps que les habitants de la vieille ville de Constantine n'ont pas connu
une telle manifestation. A l'occasion, beaucoup d'anciens adeptes des
confréries ont poussé des soupirs de regrets que la nouvelle génération n'ait
pas connu les valeurs hautement mystiques et imprégnées de la culture
authentique des « Gaada » d'antan qu'organisaient les zaouïas de la ville de
Constantine, cérémonies, assurent-ils, dont le cachet était à nul autre pareil.
Aussi, se sont-ils demandés, l'évènement qui a eu lieu jeudi au coeur même de
la vieille ville, dans l'une de ces demeures mythiques, peut-il faire revivre
les traditions ? L'évènement a été représenté par l'inauguration officielle de
la mythique maison de « Dar Bahri des Wasfane » après trois ans de
restauration. « Cette maison, nous a expliqué M. Hachani El-Hadi de Dar Bahri,
existe depuis 5 siècles ». Notre interlocuteur a beaucoup parlé de la musique
gnaouie faite d'un métissage de musique africaine et de malouf, en enchaînant
sur la nécessité de la préservation de cet héritage familial et sa transmission
aux générations futures. Quant à
l'aspect protocolaire et officiel de l?évènement, disons que celui-ci a réuni
autour des autorités locales, à leur tête le wali, de nombreux artistes et une
pléiade de « Cheikhs » des différentes confréries, des femmes et plusieurs
spectateurs venus en simples curieux, et la cérémonie a été montée pour honorer
la mémoire de trois artistes, dont le défunt Mohamed Bendjelloul, qui était
connu dans le registre des Aïssaoua, Abderrahmane Slimani, plus connu lui, sous
le pseudonyme de « Amma Daha », un musicien flûtiste, et enfin Mohamed El Hadi
Hachani de Dar Bahri des « Wasfane ». Et aussi pour célébrer la Journée
nationale de l'artiste. L'inauguration officielle de ce site culturel et
historique de Souika qui a subi, répétons-le, des travaux de restauration qui
ont duré trois ans, est la première d'une série d?autres sites à restaurer qui
ont été inscrits dans le cadre du projet-pilote de réhabilitation des grandes
maisons de la vieille ville auxquelles les habitants de Souika restent très
attachés.
La cérémonie
s'est traduite par une petite « Gaada » improvisée, mais qui se voulait
authentique par rapport à ce qui se faisait à l'époque dorée des confréries
religieuses de la ville dont se rappellent encore les rares adeptes qui sont,
heureusement, encore en vie. De ce fait, l'atmosphère était chargée d'émotions
et de nostalgie et ces facteurs ont été exploités par le directeur de la
culture de la wilaya, M. Foughali Djameleddine, pour mettre en exergue la démarche
de l'Etat visant la restauration des sites et monuments de la vieille ville, et
plus particulièrement les anciennes demeures familiales qui vont être toutes
restaurées et restituées à leurs propriétaires historiques. Et d'illustrer cela
par le geste qui venait d'être fait à travers la réhabilitation et la
restitution hautement symbolique, dira-t-il, de Dar Bahri à ses propriétaire
légitimes. « Le travail de restauration qui est piloté par le ministère de la
Culture, a rappelé M. Foughali, ne vise pas uniquement la remise sur pied des
pans entiers des constructions qui se sont effondrés du fait de l'action
conjuguée du temps, des intempéries et des êtres humains, mais nous avons
veillé à restituer tous les aspects esthétiques et authentiques qui rappellent
un tant soit peu l'histoire millénaire de Constantine », a dit en substance le
directeur de la culture de la wilaya.