
De nouveau,
l'opposition malienne, particulièrement les mouvements armés du Nord, s'est
donnée rendez-vous à Alger pour discuter d'une feuille de route avec le
gouvernement central de Bamako et déboucher sur une issue à l'instabilité
politique et une crise multiforme qui ronge ce pays depuis plusieurs années.
Une instabilité
politique sur fond de grave crise humanitaire qui a fait le lit des groupes
terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et de ceux du Mujao. Après
le round exploratoire de janvier dernier, les représentants des mouvements
armés du nord du Mali ont entamé jeudi dernier dans la capitale algérienne des
«consultations exploratoires élargies, dans le cadre des efforts de la
communauté internationale et des pays voisins du Mali visant la recherche d'une
solution définitive au problème du Septentrion malien», indiquent des sources diplomatiques.
Selon les mêmes sources, les dirigeants de tous les mouvements de l'opposition
du nord du Mali sont invités à ces consultations. Une manière comme une autre
pour consolider le cessez-le-feu intervenu le 21 mai dernier entre deux
mouvements de l'opposition Touareg et l'armée régulière malienne. La situation
dans le nord du Mali, et particulièrement à Kidal, est stationnaire, après les
violents affrontements de la mi-mai entre les rebelles du MNLA, appuyés de deux
autres mouvements touareg, et l'armée malienne dont la déroute a provoqué la
démission du ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maiga, et la chute de
Kidal.
Les discussions
d'Alger entre les principaux mouvements de l'opposition du Nord, dont le
Mouvement national de Libération de l'Azawad, et d'autres groupes touaregs
arabes, devraient défricher le terrain pour la mise en place d'un dialogue
inclusif entre toutes les tendances maliennes, autant celles proches du pouvoir
de Bamako que l'opposition et les représentants des communautés ethniques du
Nord. La tenue de ces discussions entre les groupes armés du nord du Mali sous
les auspices de l'Algérie devrait être suivie dans les prochains jours par la
tenue de la 4ème session du comité bilatéral stratégique algéro-malien sur le
nord du Mali et de la 3ème réunion de concertation de haut niveau sur le
processus de dialogue inter-malien. Mais, plus concrètement, il s'agit pour
l'Algérie de maintenir intacte cette volonté des mouvements de l'opposition
touareg du nord et de faciliter le dialogue inter-malien, autant pour ramener
une paix durable dans cette partie du pays que de renforcer la sécurité des
frontières algériennes avec le Mali et en contrôler plus efficacement les flux
migratoires, et surveiller les mouvements des groupes armés terroristes. Du
côté malien, il y a par ailleurs cette volonté de ramener le calme et trouver
rapidement une issue à la crise politique qui secoue le pays. Car, à la veille
de la tenue du dialogue inter-malien à Alger, le président Ibrahim Boubacar
Keita (IBK) avait reçu à Bamako mercredi les leaders des partis politiques dont
ceux de l'opposition ?'dans un souci d'apaisement'', selon des médias maliens,
citant le chef de l'opposition, Soumaila Cissé. La rencontre s'est tenue
également deux semaines après une cuisante déroute de l'armée malienne à Kidal
face au MNLA appuyé par deux autres mouvements de l'opposition touareg, le Haut
Conseil pour l'Unité de l'Azawad (HCUA, formé de dissidents de Ansar Dine),
présent aux discussions d'Alger de janvier dernier, et le Mouvement arabe de
l'Azawad (MAA).