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Test ou manifestation d'arbitraire ?

par Kharroubi Habib

La CNLTD maintient la date du 10 juin pour la tenue de la conférence nationale pour la transition démocratique à laquelle prendront part les partis et personnalités qui la composent mais aussi plusieurs autres formations, personnalités politiques et représentants de la société civile d'obédiences différentes. Les organisateurs de la rencontre ont dû seulement en changer le lieu qui l'abritera après que la direction de l'hôtel Hilton d'Alger, initialement retenu à cet effet, leur a signifié le retrait de l'accord de principe qu'elle leur avait donné.

Les membres de la CNLTD n'ont pas tort de s'interroger sur les raisons qui sont derrière la rétractation opérée par la direction de l'hôtel privé. Il est en effet impensable de l'expliquer par la seule justification que cette dernière a avancée à savoir qu'elle aurait affecté la salle de conférence de l'établissement pour le 10 juin à un autre client au vu du non paiement par la CNLTD au terme convenu du prix de la réservation.

S'il n'y avait pas eu pression, la direction de l'hôtel n'aurait certainement pas opté pour la position extrême qui a été sienne. Elle se serait arrangée pour trouver un terrain d'entente avec les organisateurs de la conférence, car la tenue de celle-ci dans son hôtel aurait procuré à celui-ci un plus en publicité qui n'est jamais à dédaigner par les professionnels du secteur. Sachant que la conférence sur la transition démocratique dérange le pouvoir, il est raisonnable de penser que l'administration qui en dépend a voulu déstabiliser ses organisateurs en leur créant un problème de dernière minute au point qu'ils décident de la reporter à une date ultérieure. Cela aurait abouti à ce que la tenue de la conférence ne fasse pas d'ombre au moins au plan médiatique aux consultations sur la révision de la Constitution pilotées par Ouyahia pour le compte du pouvoir. Il y a eu peut-être intention de tester la détermination de la CNLTD et de dissuader certains de ses invités à prendre part à sa conférence.

La question qui se pose est de savoir si le revirement auquel en toute probabilité a été contrainte la direction de l'hôtel ne s'accompagnera pas d'autres « entourloupes » à l'égard des promoteurs de la conférence. Celle par exemple de leur délivrer dans le délai requis l'autorisation administrative nécessaire.

Venant après les déclarations lénifiantes du président réélu sur sa volonté de veiller au renforcement de la cohésion nationale par la recherche d'un consensus politique incluant les forces agissantes de la nation, si l'impossibilité est faite à l'opposition de se concerter, ce n'est pas celle-ci qui en pâtirait mais le pouvoir qui ferait en l'occurrence démonstration qu'il n'a nulle intention de changer dans sa politique et ses pratiques. La confirmation donc que cette opposition a fait le bon diagnostic sur sa nature et a eu raison de refuser de s'associer à son plan politique qui ne fait place qu'à de simples réaménagements ne remettant en cause ni la pérennité du pouvoir ni la confusion institutionnelle qui permet à celui-ci de la préserver.