|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Un Français au
«profil djihadiste» a été arrêté vendredi à Marseille et les enquêteurs ont
retrouvé dans son appareil photo une vidéo évoquant l'attentat et montrant les
armes censées avoir été utilisées, a annoncé hier le procureur de Paris,
François Molins. L'homme avait en outre dans ses bagages un «drap» portant une
inscription au nom de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe
djihadiste actif notamment en Syrie où le suspect a passé «plus d'une année» à
compter de fin 2012 début 2013, a précisé le procureur lors d'une conférence de
presse. Le suspect soupçonné d'être le tireur qui a abattu quatre personnes au
Musée juif de Bruxelles le 24 mai, Mehdi Nemmouche s'est radicalisé au cours de
séjours successifs en prison, notamment à Lille et à Toulon. Il «s'était
illustré par son prosélytisme extrémiste et l'appel à la prière collective en
promenade», a dit le procureur. Mehdi Nemmouche avait déjà été condamné par la
justice, notamment dans une affaire de braquage, a dit son avocate Me Soulifa
Badaoui. Il avait été condamné avec deux autres prévenus en mai 2009 à deux ans
de prison pour le braquage le 13 août 2006 d'une supérette de Tourcoing (nord
de la France), a-t-elle ajouté. Les expertises scientifiques sur ses armes et
sa caméra commencent à fournir des éléments «probants», avait-on dit auparavant
de source proche de l'enquête. Cet homme de 29 ans originaire de Roubaix, Mehdi
Nemmouche, «a été arrêté dès qu'il a mis le premier pied en France», a fait
valoir le président français François Hollande. «Nous les combattrons», a dit
le chef de l'État en marge d'un déplacement à Trévières, au sujet des
djihadistes qui rentrent en Europe après avoir combattu en Syrie. Ce Français
était fiché par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) car il
était soupçonné d'avoir été en Syrie, selon une source proche de l'enquête.
Remis dès vendredi aux agents de la DGSI, il a été placé en garde à vue pour
assassinat et tentative d'assassinat ainsi que pour détention et transport
d'armes, en lien avec une entreprise terroriste, a précisé une source
judiciaire. Au cours des 24 premières heures, le suspect, qui se dit sans
domicile fixe, a gardé le silence. Il a été arrêté à la gare routière
Saint-Charles à Marseille par les douaniers alors qu'il se trouvait dans un
autocar en provenance d'Amsterdam via Bruxelles.
Selon des sources proches de l'enquête, il y avait dans ses bagages un fusil d'assaut Kalachnikov et un revolver avec des munitions. «Des armes du type de celles utilisées le 24 mai à Bruxelles», a expliqué une de ces sources. «Beaucoup d'éléments concordent avec le tireur de Bruxelles», renchérit une autre source proche du dossier. La presse belge avait rapporté que le tueur du Musée juif portait une caméra fixée en bandoulière à l'un de ses sacs. Or le suspect a été arrêté avec une caméra portative de type GoPro, à l'instar du tueur Mohamed Merah qui avait filmé en mars 2012 à Toulouse et Montauban le meurtre, au nom du djihad, de trois parachutistes puis trois enfants et un enseignant juifs. Parmi les vêtements du suspect, il y avait une casquette semblable à celle que portait, d'après les images de vidéosurveillance diffusées par la police belge, le tireur de Bruxelles. La section antiterroriste du parquet de Paris a confié l'enquête à la DGSI, à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire et à la direction interrégionale de la PJ de Marseille. Inédite dans l'histoire récente de la Belgique, la tuerie du Musée juif a fait quatre morts, un couple d'Israéliens, une bénévole française et un employé belge, abattus en plein après-midi. Le parquet fédéral du royaume a qualifié les faits d'»assassinat terroriste». Avant l'arrestation de Marseille, le tueur était présenté par les enquêteurs belges comme un «homme déterminé», ayant agi «de sang-froid». Décrit par la police comme «athlétique» et de corpulence moyenne, il serait âgé d'une trentaine d'années, selon un témoin, comme le suspect arrêté en France. Le «profil djihadiste» de Mehdi Nemmouche décrit par deux sources proches du dossier, risque de relancer la polémique sur la surveillance des Français qui partent combattre en Syrie. |
|