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MEDEA: Une histoire de pâturage, un mort et 8 ans de prison pour l'auteur

par Rabah Benaouda



Voila un autre drame familial provoqué par la bêtise humaine: un homme tue? son frère pour une histoire de passage d'une?vache sur un pâturage ! Et c'est une famille qui prend deux de ses membres : l'un repose aujourd'hui dans un cimetière et l'autre croupit en prison. Une affaire de «coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner», qui vient d'être traitée, par le tribunal criminel, près la Cour de justice de Médéa, lors de la troisième audience de cette deuxième session de l'année 2014.

Une affaire dont les faits, remontent, selon l'arrêt de renvoi, à l'été dernier, au mois de juin, plus exactement, dans la commune de Moudjebeur, daïra de Seghouane, située à 54 km au sud de Médéa. Le fils, un adolescent, de Mahdi L, âgé de 47 ans, emprunte, avec sa vache, le pâturage appartenant à son oncle Benyoucef, âgé de 38 ans, qui, présent sur les lieux, s'interposa alors pour dire à son neveu que lui et toute sa petite famille sont indésirables sur ses terres. Ce que refusera l'adolescent: «J'y passerai, aujourd'hui et demain !» Ce qui mettra en colère son oncle Benyoucef qui assènera un violent coup de point au visage de son neveu, plus précisément au niveau de l'œil droit qui enflera très rapidement, tout en devenant noir. Rentré à la maison, en pleurant et mettant sa main sur son œil, son père Mahdi lui demandera des explications: «C'est mon oncle Benyoucef qui m'a frappé et m'a dit de ne plus passer sur son pâturage».

Le sang de Mahdi ne fera qu'un tour, car les deux frères ne se parlaient plus depuis un bout de temps, et même les relations entre les familles des deux frères étaient coupées. Il prit son couteau, sortit de la maison et alla à la rencontre de son frère Benyoucef à qui, il asséna un violent coup à la cuisse, lui sectionnant l'artère fémorale, comme le confirmera l'autopsie. Les cris de douleur de Benyoucef alerteront leur troisième frère, Rabah, qui accourut pour séparer les deux antagonistes. Mais pas pour longtemps, car Mahdi ne fera que le tour du «haouch» familial pour revenir vers son frère. S'ensuivit alors un violent accrochage physique, Madhi tenant toujours son couteau à la main, et c'est le drame : un deuxième coup de couteau est porté, dans la région du cœur, à Benyoucef qui perdra la vie avant son admission aux urgences de l'Etablissement public hospitalier de Ksar El-Boukhari.

A la barre, l'accusé dira: «je n'ai pas donné ce deuxième coup de couteau, monsieur le président. Mon frère a perdu l'équilibre et est tombé sur le couteau car j'étais moi-même à terre et le couteau toujours dans ma main». Et le juge Mohamed Martil de rétorquer: «Mais comment expliquer le fait que le couteau ait été planté en plein cœur ? Un coup fatal qui a eu raison de ton frère. Que Dieu ait son âme». Silence de l'accusé. Appelé à la barre, Rabah reviendra sur ses premières déclarations, faites devant les enquêteurs et ira de contradiction en contradiction, dans le but évident de minimiser la gravité de l'acte de son frère Mahdi. Et il en sera de même pour l'accusé qui soutiendra, durant tout son interrogatoire par le président du tribunal, qu'il n'avait, aucunement, l'intention de tuer son frère: «Je voulais simplement lui faire peur». Et le président du tribunal de répondre: «Alors, vous faites peur à quelqu'un en lui plantant un couteau dans la cuisse, une première fois, et dans la région du cœur, une deuxième fois !» Après le réquisitoire du représentant du ministère public, qui demandera 20 ans de prison ferme, le tribunal criminel se retirera pour délibérer et reviendra pour condamner, l'accusé Mahdi. L, à 8 ans de prison ferme et le paiement de 100 millions de centimes à la veuve de la victime, tout en maintenant l'accusation de «coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner», mais en lui accordant les circonstances atténuantes.