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Dispersés en petits groupes tout au long de la route menant du
centre-ville de Constantine vers la gare routière, des femmes subsahariennes
accompagnées de plusieurs enfants en bas âge tentaient de mendier quelques
dinars auprès des automobilistes bloqués dans la circulation avant d'arriver à
leur destination, la gare routière en l'occurrence, qui tient lieu de grande
demeure où se réfugient pour la nuit ces exilés de la misère. Fuyant
massivement la faim et les dangers encourus dans les zones subsahariennes en
proie à des conflits violents, le camp des réfugiés maliens installé à Adrar
n'arrive plus à contenir le flux important des populations qui arrivent par
milliers, et dont le nombre va crescendo depuis le déclenchement des hostilités
armées dans cette contrée. Après avoir, donc, envahi les villes du sud du pays,
les Maliens remontent vers le nord, plus clément sur tous les points de vue.
Ils débarquent ces derniers jours par dizaines dans la ville de Constantine. Pourtant, Constantine n'a jamais été une ville de transit des populations subsahariennes, d'où la curiosité des Constantinois face à cet envahissement de familles maliennes, constituées de femmes et d'enfants souvent accrochés à leurs dos, sans aucun jeune de plus de 15 ans en leur compagnie. Ces réfugiés sont assez bien accueillis par la population locale, qui leur offre ce qu'elle peut, de nourriture et d'argent. On assiste même à des scènes sympathiques où des jeunes se prennent en photographie avec les petits bambins maliens ou ces fillettes en hidjab qui mendient sur les places publiques. Il est sûr que les plus âgés sont certainement retenus dans leur pays pour faire la guerre, il suffit pour cela d'être en mesure de porter un fusil, alors que d'autres ont gagné les rivages du sud de l'Europe dans des «boat people» ou, pour les plus friqués, en falsifiant des papiers et voyager en toute légalité vers des pays où ils s'installeront pour de longues années, sinon pour toujours. Ils ne sont pas méchants, assure un taxieur qui côtoie ces Maliens lorsqu'il assure son service de nuit au niveau de la gare routière. «Aujourd'hui, le nombre des réfugiés maliens est assez important par rapport aux semaines précédentes. Il faut les voir la nuit au niveau de la gare routière, ils occupent tous les espaces des lieux, d'autant que les voyageurs nocturnes sont rares», relève-t-il. Insistant sur leur caractère pacifique, tranquille, notre interlocuteur dira que les réfugiés se sentent bien à Constantine, ils ont trouvé une terre d'accueil qui leur convient, ils mangent bien, ils ne sont pas trop exigeants, dorment à même le sol, se contentent de ce qu'on leur offre et, en sus, ils ne sont pas dérangés par la population locale. Seulement, l'arrivée massive de ces réfugiés commence à provoquer des remous dans le voisinage. Se trouvant à l'étroit, désormais, dans les gares routières, les réfugiés commencent à s'installer un peu partout, en bordures de Oued Rhumel surtout, à cause de sa proximité de la gare routière «Est». En tout cas, tout espace à l'abri des regards est maintenant exploité par les réfugiés, qui en font un lieu de convergence dès la fin de la journée. «Ces derniers jours, les responsables d'une société publique installée à la lisière de Oued Rhumel ont dû recourir à la force publique pour déloger un groupe de réfugiés qui a élu domicile près du mur d'enceinte de l'entreprise en question», a-t-on appris de sources concordantes. Il est vrai que l'Algérie demeure respectueuse des conventions internationales qu'elle a ratifiées en application de ses engagements internationaux en matière de respect des droits de l'homme. Les autorités algériennes ont bien arrêté des mesures à même de regrouper ces réfugiés, en mettant en place des tentes dans les régions frontalières du pays, mais ces mesures restent quand même insuffisantes vu le nombre de réfugiés qui augmente de plus en plus. Et, il va falloir mettre en œuvre de nouvelles dispositions si l'on veut toujours s'inscrire dans le cadre du respect des conventions internationales ratifiées. Il est primordial de s'intéresser de près à cette affluence massive de réfugiés subsahariens (qui ne sont même pas recensés) afin d'éviter d'une part la tentation de l'exploitation de la misère de ces gens par des personnes sans scrupule, et d'autre part donner les meilleures conditions de vie à ces réfugiés, qui ne doivent pas être là où ils en sont de pure gaieté de cœur. |
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