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Jeudi dernier, à Lisbonne, capitale portugaise, les enjeux sécuritaires
régionaux ont été au menu de la réunion des pays membres du dialogue des «5+5»,
un groupement réunissant 10 pays des rives sud et nord de la Méditerranée.
D'emblée, l'enjeu de cette réunion d'une journée avait porté sur la situation préoccupante au nord du Mali, la sécurité dans la région du Sahel, la situation politique et sécuritaire en Libye. Les mouvements migratoires et le développement économique, ayant été les deux thèmes subsidiaires, de ce conclave périodique des ministres des Affaires étrangères d'Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie pour la rive sud et l'Espagne, France, Italie, Malte et Portugal pour la rive nord. Dès lors, il était évident que des pays de la rive nord, comme la France ou l'Espagne, montent au créneau, en ce qui concerne, pour l'un, la sécurisation de la situation au Sahel avec une guerre implacable contre les groupes terroristes et le dialogue avec les groupes touaregs dissidents, et pour l'autre, une meilleure coordination régionale contre l'immigration, clandestine. Il ne faut pas être dupe sur les motivations des pays de la rive nord, préoccupés, avant tout, par les dossiers de sécurité et de défense, dans le prolongement de la lutte contre les groupes d'Aqmi, du Mujao et de Boko Haram qui écument, toujours, le vaste désert de la région sahélo-saharienne. Cette situation est autant une menace pour les intérêts politiques et de défense de Paris, dans la région, que sur le plan économique pour la France qui exploite, dans la région, des gisements miniers importants pour l'industrie française, dont ceux d'uranium au Niger. L'Algérie, qui a participé à cette réunion, avec une délégation conduite par M. Ramtane Lamamra, a, de son côté, mis en valeur son approche sécuritaire et ses points de vue pour une meilleure coordination régionale, dans le cadre du dialogue des 5+5, pour la lutte contre le terrorisme et la menace d'une partition de la Libye, sur la sécurité des pays voisins. Lors de cette 11ème conférence des ?5+5', il a souligné la position de l'Algérie qui considère que la sécurité en Méditerranée est «indivisible». En outre, Alger estime que cet objectif dépend d'un dialogue «inclusif» et une coopération «participative», dans le cadre de la légalité internationale, autrement «exit» toute ingérence étrangère dans les affaires de pays souverains. Pour l'Algérie, la stabilité politique et la sécurité, dans la région méditerranéenne, sont menacées par la «persistance du blocage» du processus de paix au Moyen-Orient, «accentué» par la crise syrienne et l'avènement de la crise au Sahel. Plus, spécifiquement, sur la situation au nord du Mali, M. Lamamra a relevé qu'en dépit de l' «amélioration» du climat politique dans ce pays, la situation, dans la bande sahélo-saharienne, reste «préoccupante» et marquée par la «persistance» des menaces du terrorisme et du crime transnational organisé. Devant ses pairs du dialogue des 5+5, il a tout, simplement, rappelé la nécessaire coordination internationale pour la lutte contre le terrorisme et les groupes armés, à commencer par le tarissement des sources de financements de ces groupes armés, dont ceux d'Aqmi et les bandes armées touaregs. Sur les flux migratoires et la libre circulation des personnes, dans l'espace euro-méditerranéen, un thème cher aux pays de la rive nord, il a clairement signifié qu'Alger entend peser, de tout son poids, sur cette question, et plus particulièrement en ce qui concerne la lutte contre toutes formes de discours xénophobes, islamophobes et racistes, à l'encontre des membres des communautés étrangères, dont celle maghrébine. LIBYE, LA GRANDE PEUR DE LA PARTITION La situation explosive en Libye n'a pas été, par ailleurs, laissée de côté, durant ce conclave. Les derniers développements politiques à Tripoli et militaires à Benghazi, étaient sur toutes les lèvres. Les ralliements stratégiques, au général dissident Khalifa Haftar, qui a déclaré la guerre aux groupes terroristes qui écument le pays a changé la donne, dans le pays, où un scénario à la syrienne est, largement, évoqué par les experts. Alors qu'à Tripoli une confusion générale règne entre le CGN (Conseil national de gouvernement) et le parlement sur le partage du pouvoir, une situation ponctuée par des combats, à l'arme lourde, à Benghazi, est en train de précipiter le pays vers une inextricable guerre civile. Une situation qui préoccupe, d'ailleurs, au plus haut point, l'Algérie, qui avait, la semaine dernière, rapatriée ses diplomates, en poste dans la capitale libyenne. Sur ce chapitre, le ministre algérien des Affaires étrangères a cru utile de rappeler, à ses pairs, le soutien de l'Algérie, à la Libye, dans sa «transition démocratique et ses efforts, consentis pour le parachèvement des édifices institutionnels, la stabilisation et la reconstruction du pays». Les élections législatives, annoncées pour le mercredi 25 juin prochain, seraient, selon des experts, une panacée à la grave crise politique et sécuritaire, dans un pays qui bascule, doucement, dans une situation de pré-guerre civile. De quoi nourrir les pires appréhensions de l'Algérie, qui a fermé ses postes frontaliers avec la Libye et verrouillé ses frontières avec le déploiement de milliers de soldats. A côté de cette menace, avec les clivages politiques et ethniques, entre la Cyrénaïque et la Tripolitaine, qui s'annoncent, la situation au Sahel serait, parfaitement, «gérable», relève un expert. |
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