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Destinataire d'un document portant «propositions de révision
constitutionnelle», l'ancien chef du gouvernement et ex-candidat à la
présidentielle, Ali Benflis, estime, dans une lettre adressée à Ahmed Ouyahia,
en tant que ministre d'Etat et directeur de Cabinet de la présidence de la
République, que cette révision constitutionnelle «occulte plus cette crise
qu'elle ne la traite», qu'elle «contourne ses exigences plus qu'elle ne les
assume pleinement et entièrement» et qu'elle «permet de perdurer plus qu'elle
ne rapproche son issue».
Expliquant les raisons de sa décision de rendre publique cette lettre, Benflis estime que c'est par souci «de permettre aux citoyens d'exercer leur droit à l'information». Après un «examen approfondi, scrupuleux et responsable» des propositions de révision constitutionnelle», Ali Benflis juge qu'elles «ne sont pas une réponse à l'aspiration démocratique», qu'elles «ne vont pas dans le sens de l'édification d'un Etat de droit» et qu'elles «ne s'assignent pas l'objectif d'élargissement des espaces de droits et de libertés». «Et, par-dessus tout, elles éludent la crise de régime véritable à laquelle le pays est confronté», lit-on dans la lettre adressée à Ouyahia. Pour Ali Benflis, les propositions «sont loin de revêtir la même importance ou le même degré d'urgence que les données et les réalités constitutives de cette crise de régime». «Le moment ne me semble pas être celui de l'évitement de la nature et des causes véritables de cette crise au moyen d'artifices constitutionnels qui seront sans effet sur elle. De toute évidence ce à quoi le pays fait face n'est pas une crise constitutionnelle mais bien la crise d'un régime politique», ajoute l'ancien chef du gouvernement. Il affirme avoir «la profonde certitude qu'un diagnostic erroné ne peut produire qu'une médication elle-même aussi erronée». «Dans de telles conditions, ma contribution manquerait de sincérité et de franchise si elle devait s'inscrire dans une perspective dont je ne partage ni les analyses, ni les méthodes, ni les buts.» Pour Benflis, «le manque de légitimité est source de crise d'autorité et de confiance». «De la base au sommet les institutions républicaines accusent un manque de légitimité irrécusable. Ces mêmes institutions sont frappées d'immobilisme pour une raison connue de tous». Il ajoute que des «institutions nationales à l'arrêt induisent une accumulation des retards politiques, économiques et sociaux». «Alors que «dans nos deux environnements régionaux et mondiaux les mutations s'accélèrent, nous stagnons. Alors que tout autour de nous, le choix démocratique fait l'ample démonstration de sa rectitude et de sa justesse, il demeure chez nous l'objet de bien de contrariétés et d'entraves. Alors que partout dans le monde les droits et les libertés naturellement attachés à la citoyenneté sont entourés de toutes les sollicitudes, dans notre pays, ils demeurent le domaine de prédilection des négations et des dénis.» Partant de ces constats, l'ancien candidat à la présidentielle 2014 décline l'invitation d'Ouyahia. «Je suis donc, Monsieur le Ministre d'Etat, au regret de vous informer de l'impossibilité politique dans laquelle je me trouve de répondre favorablement à votre aimable invitation». |
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