Plus de 2500
accidents de travail, dont 17 ayant entraîné la mort, se sont produits dans la
wilaya de Constantine durant l'année 2013. Dans ce cadre, la Caisse de sécurité
sociale (CNAS) a déboursé en indemnités, durant la même période, la somme de 60
millions de dinars, la plupart en capital décès, et 50 millions de dinars en
compensation des infirmités causées aux victimes. Ces informations ont été
fournies, hier, par le chef de service prévention des accidents de travail de
la Cnas de Constantine au cours d'une émission radio diffusée en direct et
centrée sur ce thème. Il s'agit de Mme Moufida Birouk qui a ajouté que la
grande majorité des accidents sont localisés dans le secteur du bâtiment et des
travaux publics, et plus particulièrement chez les entreprises privées « où
l'on a constaté beaucoup de laxisme, du laisser-aller et une négligence
coupable. En effet, les responsables de ces entreprises ne se soucient
nullement de prendre ne serait-ce que les dispositions primaires de prévention
et de sécurité. Ils établissent dans les chantiers des échafaudages sommaires
et dangereux sans le concours d'aucun expert en sécurité. La plupart préfèrent
travailler dans le noir, ne déclarent à la sécurité sociale que 5 ou 6 ouvriers
sur des dizaines qu'ils emploient et ils ne sont contraints de le faire qu'à la
suite d'un contrôle de la sécurité sociale ou de la survenance d'un accident de
travail. Et c'est ainsi que nous avons constaté qu'entre 20 à 30 % des
déclarations ne sont faites qu'après la survenance d'un accident dans le
chantier ou l'atelier ». Dans le secteur industriel, a poursuivi la
représentante de la Cnas, les accidents de travail sont moindres, mais ils se
traduisent le plus souvent par des amputations de membres chez les victimes qui
sont identifiées parmi celles qui travaillent sur des machines sans prendre les
mesures adéquates de sécurité parce que le travailleur néglige souvent les
équipements de sécurité, par des chutes, parfois mortelles, de hauteurs
variables, qui vont causer des traumatismes corporels. Ainsi, le dossier des accidents
de travail a été remis sur le tapis hier et débattu au cours de l'émission
hebdomadaire « Forum » de la radio régionale de Constantine. Les animateurs de
l'émission ont exploité la survenance de l'accident atroce qui s'est produit la
semaine dernière dans le chantier de construction de 3000 logements d'une
société turque à la cité Massinissa d'El-Khroub, accident qui a coûté la vie à
deux jeunes hommes âgés de 23 et 24 ans. Et il était notoire que ces pauvres
malheureux, morts ensevelis dans une fosse de 5 mètres de profondeur suite à un
éboulement de terre, ont été victimes de négligences coupables, aucune
précaution pour prévenir un tel sinistre n'ayant été prise, ont estimé les
animateurs de l'émission. Ces derniers se proposaient donc de mettre en
lumière, avec les responsables de l'inspection du travail qu'ils ont invités,
les conditions de travail dans ces chantiers, d'examiner le genre de
dispositions prises par les responsables de ces chantiers pour assurer la
sécurité dans le travail, celles prises par les responsables de l'inspection du
travail pour instaurer un contrôle sévère dans les lieux de travail et pour
contraindre les entrepreneurs publics et privés à garantir la sécurité des
ouvriers, de débattre des causes les plus fréquentes des accidents de travail
dont le coût sur le budget de l'Etat est devenu exorbitant et, enfin, de cerner
le rôle des organismes de sécurité sociale dans la prévention de tels accidents
et l'indemnisation des accidentés. « Malheureusement, déplora d'entrée l'animatrice
de l'émission Forum, malgré notre insistance, en dépit des orientations données
par les autorités supérieures du pays à propos du devoir d'informer,
l'inspecteur du travail de Constantine a refusé d'assister à l'émission, ou
même de désigner un représentant pour le suppléer ».