« Il s'agit d'une mesure salutaire qu'il fallait bien prendre au vu des
mutations positives que connaît le secteur de la santé en Algérie», a indiqué,
hier, M. Berkani Bekkat, président du Conseil national de l'ordre des médecins
sur les ondes de la Chaîne 1 de la radio nationale au sujet du gel de
l'activité complémentaire pour les praticiens spécialistes, décision entrée en
vigueur en avril dernier. Estimant que le secteur de la santé publique connaît
«une amélioration significative depuis les dix dernières années», l'invité de
la radio a considéré que «le temps est venu de tracer une ligne de démarcation
entre le secteur public et privé, avec ce souci permanent d'assurer une véritable
complémentarité, exclusivement dédiée au malade». Entrée en vigueur fin 1998,
l'autorisation accordée aux praticiens spécialistes du public d'exercer à titre
complémentaire dans le secteur privé a eu des «conséquences des plus négatives,
avec ce point noir qui est celui de la perte de confiance du citoyen dans le
secteur public dans notre pays», a encore indiqué le président du Conseil
national de l'ordre des médecins. Plaidant pour un secteur public fort en
Algérie, l'invité de la radio a estimé que l'Algérien moyen doit «apprendre le
réflexe de se diriger d'abord vers les structures de santé publiques,
progressivement mises à niveau, avant de penser à aller dans une clinique
privée où la qualité des soins n'est pas forcément meilleure que le secteur public».
«Aujourd'hui, il est plus que jamais temps que le secteur de la santé publique
en Algérie retrouve son rôle leader, avec une complémentarité avec le secteur
privé tournée vers une meilleure prise en charge du malade», a-t-il affirmé.
Abordant les prochaines assises nationales sur la santé prévues prochainement,
le Dr Berkani Bekkat a expliqué qu'un «diagnostic exhaustif de ce secteur
névralgique qu'est celui de la santé sera établi, avec une feuille de route
visant à faire de la santé du citoyen une préoccupation majeure de tous les
acteurs, qu'ils soient publics ou privés».
Au sujet de l'enquête ouverte par le ministre de la Santé sur le
détournement de médicaments et de matériel médical de certains hôpitaux dans le
pays, le président du Conseil national de l'ordre des médecins a estimé qu'il
«ne fallait pas généraliser ce phénomène à l'ensemble des établissements
publics de santé», ajoutant qu'il s'agit là d'un «problème de gestion avant
tout». Au sujet de la crainte de certains directeurs de wilaya de la santé de
faire appliquer l'instruction du ministre, Abdelmalek Boudiaf, sur le gel de
l'activité complémentaire par peur de la réaction de certains praticiens, les
chirurgiens notamment, le Dr Berkani Bekkat a estimé que «force est à la loi et
que personne ne pouvait passer outre les orientations très claires du ministre
sans courir le risque de s'exposer à des sanctions». Interrogé au sujet de la
Journée mondiale de l'hypertension, correspondant au 14 mai de chaque année, le
président du Conseil national de l'ordre des médecins a qualifié l'hypertension
artérielle (HTA) de «problème de santé publique» en Algérie, imputant son
inquiétante propagation aux «mutations induites par la vie moderne, et surtout
le changement du mode alimentaire des consommateurs, un comportement sédentaire
et le manque d'activité physique». Révélant que la moitié des hypertendus en
Algérie souffrait également de l'hyperglycémie, le Dr Bekkat Berkani a plaidé
pour une véritable politique de prévention dans un pays où la pyramide des âges
«est de loin favorable comparée à d'autres pays où la population a vieilli»,
a-t-il indiqué, ajoutant qu'une politique de prévention efficiente «restait la
première des réformes à mener pour une meilleure santé publique dans notre
pays», a-t-il conclu.