Le secteur de l'Education est en passe de devenir un
véritable Léviathan. Les ministres se suivent mais, une fois n'est pas coutume,
ne se ressemblent pas. Là où ils se rencontrent, c'est sur le terrain d'une
pédagogie en perte de vitesse depuis de nombreuses années, un système éducatif
plus occupé à combler les exigences sociales et matérielles parfois irréelles
des enseignants, et un secteur de l'Education, grippé, qui ne produit plus
l'élite algérienne. Les exceptions confirmant la règle. C'est connu. L'arrivée
à la barre d'une ministre, qui a au demeurant déjà disséqué le secteur du temps
de la commission Benzaghou dont il ne reste que le souvenir, peut être une arme
à double tranchant. D'abord parce qu'elle connaît plutôt bien, de par ses
travaux sur la réforme du système éducatif, le secteur et les carences qu'il
faut éliminer, les angles morts qu'elle doit redresser et, surtout, la montagne
des revendications syndicales à gérer, à l'origine de bien des désagréments
pour les élèves. Il y a ensuite l'avantage qu'a la nouvelle ministre d'arriver
à la fin pratiquement de l'année scolaire, et donc au bout d'une année pénible
avec son cortège de débrayages. Elle n'aura pas de temps à consacrer aux
négociations pour dégonfler la bulle des revendications syndicales. Il faut le
dire tout de suite : le secteur de l'Education nationale est malade et a un
besoin urgent de réformes en profondeur. Là-dessus, la nouvelle ministre est
consciente qu'un travail en profondeur doit être effectué dans les plus brefs
délais pour remettre à flot un secteur en train de sombrer. La preuve ? On en
est arrivé, pour ce bac 2014, à appliquer le seuil des cours à réviser. Cette
revendication des élèves, traumatisés et dont le cursus scolaire a été amoindri
sinon tronqué cette année encore par des grèves répétitives des enseignants et
divers corps assimilés, est également revendiquée par les directeurs de wilayas
de l'Education, un comble. Comme quoi, il y a quelque part dans l'école algérienne
un état d'esprit au sein de l'encadrement qui ne priorise plus les intérêts de
l'élève, ni même de son établissement et sa réputation, encore moins des
examens de passage, dont le bac. La tâche est ainsi ardue, difficile et
complexe pour la reprise en main d'un secteur, miné, clochardisé par des
comportements surréels, et qui a pris eau de toutes parts, et qu'une réforme
prise à la légère ne saurait colmater. Les défis sont nombreux, à commencer par
rendre à l'examen du baccalauréat son prestige, à l'école son importance
sociale, culturelle, à l'enseignement son rôle dans l'éducation des nouvelles
générations et au ministère sa principale mission, soutenir, orienter, gérer.
Et aux parents la quiétude et l'assurance d'une bonne éducation pour leurs
enfants. Bref, plus que jamais l'école algérienne a besoin que l'on vienne à
son chevet pour lui rendre sa crédibilité et sa place dans la société.