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Que
les partis et personnalités politiques qui ont pris la décision de ne pas
répondre à l'invitation de participer à la consultation sur le projet de
révision de la Constitution que le pouvoir s'apprête à lancer ne s'illusionnent
pas sur la portée dissuasive de leur décision. Le pouvoir ira au bout de son
projet, avec ou sans eux. Il se trouvera en effet une pléthore d'autres partis
et personnalités politiques qui eux répondront à son invitation. Ce qui lui
permettra de minorer l'absence des boycotteurs et de la présenter comme n'ayant
pas empêché l'émergence d'un large consensus autour de sa démarche.
A l'occasion de la consultation annoncée, il sera encore une fois constaté que le multipartisme en Algérie a été totalement dévoyé et que la majorité des formations auxquelles il a donné naissance sont à la solde du pouvoir qui leur a délivré leurs agréments. Elles participeront par conséquent massivement à cette consultation et créeront ainsi l'illusion que les partis qui se seront abstenus ne sont pas représentatifs de l'opinion nationale dominante sur la question de la révision de la Constitution. Les boycotteurs pourront toujours leur dénier d'être des acteurs politiques crédibles et les présenter comme des faire-valoir n'ayant aucune audience populaire, mais sans convaincre pour autant qu'eux ont l'écoute de l'opinion algérienne. Et c'est cela la grande faiblesse de ces partis et personnalités politiques qui ont pris position contre la démarche du pouvoir. Ils se trompent s'ils pensent qu'ils ont surmonté leur faiblesse en se fédérant en un pôle d'opposition qui comme le prétendent certains parmi eux aurait été la locomotive du mouvement qui a détourné la majorité des électeurs du vote à l'occasion de l'élection présidentielle. En l'état actuel de leur audience auprès des citoyens, le pouvoir ne craint nullement ses adversaires partisans individuellement ou coalisés. Ils ne sont pas près en effet de représenter une force en mesure de faire échec à ses initiatives car s'étant durablement démonétisés en restant sur le seul registre de la dénonciation du pouvoir et de ses échecs, et en faisant la démonstration de leur incapacité à aller vers les citoyens avec des projets alternatifs au sien qui seraient rassembleurs. Cette impuissance évidente de l'opposition partisane n'a pas échappé aux anti-pouvoir qui mènent leur combat en dehors du cadre partisan. Sans déjuger l'action et les initiatives de la première, ils tentent de créer un cadre de lutte autonome. Ce que l'un de leurs chefs de file a présenté comme devant être «un espace citoyen» dans lequel se fédéreront les militants de la société civile convaincus que la seule façon de faire fléchir le pouvoir c'est de construire «un rapport de force sur le terrain» qui l'obligerait à entendre les revendications de la société algérienne. Il est vrai comme la dit ce même acteur politique qu'il «ne sert à rien de rêver ou de fantasmer» sans être une force qui en impose au pouvoir. Un mouvement citoyen large et déterminé à se faire entendre en sera effectivement une que le pouvoir ne pourrait contrer comme il le fait avec les quelques partis qui lui sont résolument hostiles dont il étouffe les voix discordantes en montant en épingle celles des «particulets» dont il a favorisé la création en surnombre pour justement obtenir la cacophonie discréditante de tout le champ politique partisan. |
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