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Djebel Ouahch: El Berda, un «terrain miné»

par Abdelkrim Zerzouri

Bien malin celui qui peut faire l'ébauche d'une solution aux problèmes du foncier, voire aux massacres qui sévissent dans le lotissement « El Berda » à Djebel Ouahch. Le lotissement « El Berda », aussi vaste que la cité Zouaghi, s'enfonce dans d'inextricables complications liées en premier lieu à la nature juridique du terrain et aux nombreuses constructions illicites réalisées par des particuliers sur des lots revendiqués par des tiers. Une véritable bouillabaisse. « Il existe, effectivement, au moins 700 logements individuels construits sur des assiettes de terrain acquises à titre ôrfi, alors que ces mêmes assiettes de terrain ont été vendues auparavant par l'agence foncière au profit d'autres personnes ! », indiquera M. Abdelmalek Benhamouda, le délégué du secteur urbain de Ziadia. Interrogé sur cette situation rocambolesque, notre interlocuteur reconnaîtra qu'il s'agit, franchement, d'un dossier chaud. Car, expliquera-t-il, des gens ont construit des logements sur des terrains qui ne leur appartiennent pas, empiétant du coup sur les titres de propriétés de ces terrains légalement détenus par d'autres parties, les titres ayant été accordés par l'agence foncière. Et les dégâts ne se limitent pas uniquement aux problèmes entre particuliers, en l'occurrence les occupants des terrains et ceux qui en revendiquent la propriété, parce que certains logements ont été construits sur des terrains destinés à accueillir des équipements publics, soit des écoles, des centres de santé et autres infrastructures d'utilité publique et dont la vocation essentielle est de répondre aux besoins des riverains. Une enquête a été menée par les services de sécurité compétents, ainsi qu'une autre par les services de l'agence foncière et la délégation urbaine de Ziadia dépendant de l'APC de Constantine, dans le dessein de déterminer l'ampleur de la catastrophe. Quant aux voies et moyens pour y remédier, nul ne peut s'aventurer sur la moindre piste. C'est une affaire qui relève de l'ordre public, car le conflit impliquerait plus de 700 personnes physiques et l'administration en tant que personne morale et qui doit défendre les terrains réservés aux équipements qui ont été spoliés dans le cadre de cette affaire scabreuse. Selon les premiers éléments de l'enquête, les occupants ont acheté les terrains avec des actes ôrfi, non pas directement auprès des propriétaires, des familles connues à Constantine, mais auprès d'intermédiaires qui se disent investis par ces familles. Aussi, faut-il le souligner, ces terrains sont à vocation agricole, et ce sont les pouvoirs publics qui avaient inscrits ce lotissement sur le tissu urbanisable en achetant préalablement (par le biais de l'agence foncière) les titres de propriété. Selon le délégué du secteur urbain de Ziadia, l'affaire a été héritée de l'ancienne assemblée mais, pour déterminer les responsabilités, seule une enquête approfondie le permettrait. Bien que l'autorisation de construire sur ces lots doit avoir l'aval des services de l'urbanisme de la mairie, d'autres parties ne sont pas exclues de la complicité très vaste dont ont bénéficié les constructeurs de ces logements et ceux qui leur ont cédé ces assiettes de terrain. Le dossier requiert une intervention urgente des pouvoirs publics, surtout si l'on apprend que de nombreuses bâtisses sont vendues ou mises en ventes dans le lotissement El Berda, estiment pour leur part des gérants d'agences immobilières. Ces derniers tiennent toujours à préciser à travers une notice indiquant que l'acte notarié est « authentique », et que « tout est en règle », lorsqu'ils proposent à la vente des bâtisses à El Berda, ou des lots de terrains nus, afin de rassurer les clients potentiels. C'est que la suspicion entre vrais et faux actes de propriété se propage sur ces terrains minés.