Un tragique
accident de la circulation s'est produit, jeudi dernier à 8 H 45, au niveau de
la cité des Frères Khaldi à Béni Malek, sur les hauteurs de Skikda. Des témoins
oculaires ont rapporté avoir aperçu la scène d'un camion fou, chargé de
déblais, dévalant la pente abrupte à vive allure, en slalomant pour terminer sa
course en percutant violemment la benne d'un autre camion qui le devançait. Il
s'immobilisera ensuite en se renversant. Plusieurs enfants qui se dirigeaient
au même moment vers leur CEM, le CEM Ibn Khaldoun, seront grièvement blessés,
trois d'entre eux rendront l'âme, l'un sur place, le second durant son
évacuation vers l'hôpital de Skikda et le troisième au niveau du CHU de Annaba.
Ce dernier souffrait d'une hémorragie cérébrale.
On a déploré 4
autres blessés graves, parmi eux le conducteur du camion amputé de la main et
un collégien transféré vers le CHU de Annaba. Le conducteur du camion qui a
freiné le camion fou, encore sous le choc, raconte ?' Je descendais normalement
à allure réduite lorsque j'ai aperçu dans mon rétroviseur le camion qui se
rapprochait de moi rapidement, en faisant de curieux zigzags. J'ai essayé de
l'éviter en serrant à droite au maximum mais sans succès car il percuta
l'arrière de mon camion ce qui a permis de le stopper net et d'éviter une
véritable hécatombe car cela coïncidait avec l'heure d'entrée au CEM pour de
nombreux élèves amassés devant le portail''. Les premières hypothèses avancées,
en attendant l'issue de l'enquête en cours, imputent la cause du sinistre à une
défaillance du système de freinage du camion. La nouvelle a fait le tour de la
ville en un temps record et des dizaines de citoyens ont afflué vers les lieux
où le camion qui n'était plus qu'un amas de ferraille gisait encore en
attendant son enlèvement, opération qui sera effectuée par la suite avec une
grue de gros tonnage dépêchée par l'entreprise portuaire de Skikda.
L'atmosphère était très lourde, les parents d'élèves ont accouru en trombe,
devant le portail du CEM Ibn Khaldoun l'émotion était à son comble, des femmes
pleuraient, d'autres retenaient difficilement leurs larmes... Tout le quartier
de Béni Malek était sous le choc. Un surveillant dira ?'c'est la troisième fois
que notre CEM est victime de ce genre d'accidents, il faut que ça cesse !''.
Les autorités locales qui célébraient les évènements du 8 Mai 1945 ont accouru
sur les lieux immédiatement. Le wali de Skikda a déploré le laisser-aller et la
gestion anarchique et s'est interrogé au sujet de la méthode d'autorisation des
poids lourds sur une route dangereuse comme celle qui relie les quatre routes
au CEM. Il s'est insurgé en outre au sujet de la mauvaise qualité des travaux
de revêtement réalisés. Il a instruit le chef de daïra de restreindre le
mouvement des poids lourds dans la ville et de ne les autoriser que durant la
nuit. A noter que le wali s'est rendu auparavant à l'hôpital de Skikda pour
s'enquérir de l'état de santé des victimes de l'accident et a demandé au
directeur de l'éducation de les prendre en charge. En tous cas, au sein des
habitants du quartier Béni Malek cette tragédie était prévisible au vu de
l'abandon de leur cité à son sort et le peu d'intérêt accordé par les autorités
à leurs doléances. Ils signalent avoir soulevé à plusieurs reprises ?'le
problème des conducteurs de bus ?'chauffards'' qui imposent leur loi, roulant à
tombeau ouvert, sans être inquiétés, l'absence de signalisation, le mauvais
état de la chaussée et les nombreux trous béants qui l'ornent, en priant le
ciel que le sacrifice des trois innocents écoliers puisse réveiller les
consciences... ?'.