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![]() ![]() ![]() ![]() Pour le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaâ,
la visite à Alger a été «fructueuse». Ce n'est pas qu'une formule diplomatique.
Avec un prêt de 100 millions de dollars, un dépôt de 100 autres millions à la
Banque centrale tunisienne (BCT) et un don de 50 millions, Mehdi Jomaâ est
reparti avec une enveloppe globale de 250 millions de dollars. Cela ne résoudra
pas la difficile équation financière de la Tunisie mais c'est une petite
bouffée d'oxygène.
Le gouverneur de la BCT a indiqué que l'assistance algérienne va permettre de consolider les réserves de change de la Tunisie et de les augmenter de «trois jours» pour atteindre les 100 jours d'importation. Les responsables tunisiens qui se sont lancés dans une tournée des grandes capitales pour lever de nouveaux crédits ne font pas la fine bouche. Un quart de milliard de dollars ou trois petits jours, c'est toujours bon à prendre pour un pays qui doit trouver près de 2 milliards d'euros pour combler le déficit budgétaire de 2014. La Tunisie regarde d'autant plus fortement en direction de l'Algérie que les pays occidentaux ne font pas preuve de générosité tandis que les pays du Golfe sont globalement dans une posture de défiance à l'égard d'une Tunisie où les «frères» d'Ennahda sont dominants. L'Algérie a fait cette fois-ci un effort plus important qu'en 2011 où l'aide financière s'était limitée à 100 millions de dollars. Le progrès est réel, mais beaucoup d'observateurs algériens pensent que l'Algérie «peut mieux faire». Même si des hommes du régime abusent de la menace présumée que constituerait le «printemps arabe», il est de l'intérêt bien compris de l'Algérie d'avoir à ses côtés une Tunisie qui réussit pleinement sa transition politique. C'est cette réussite de la transition qui est le gage de stabilité. Les deux pays coopèrent pleinement dans le domaine sécuritaire, c'est une excellente chose, à condition de ne pas se contenter d'une vision étriquée. Quand on aborde la sécurité au plan global, l'état de l'économie est un élément important. Aider les Tunisiens à traverser cette mauvaise passe financière est aussi bien un investissement économique que sécuritaire. Quand on observe ce qui se passe en Libye - pays «libéré» par l'Otan devenu ingérable et une source de menace pour les Libyens eux-mêmes et les pays voisins -, travailler à une stabilisation de la Tunisie est une vraie option stratégique. Qui ne date pas d'aujourd'hui. Après tout, l'approche maghrébine, en dépit des vicissitudes de l'après-décolonisation, fait partie de l'ADN du mouvement national algérien. Et c'est la raison qui pousse à dire que vis-à-vis de la Tunisie, l'Algérie peut encore mieux faire. Elle peut faire les choses en mieux. Il a été question au cours des rencontres entre officiels algériens et tunisiens de l'impératif de faire preuve «d'audace». C'est le moment de le faire. Pas nécessairement en forme d'aide ou de prêts. Des experts notent que l'Algérie pourrait saisir l'opportunité d'être plus présente sur le marché tunisien. Les entreprises algériennes publiques ou privées peuvent, utilement, prendre des participations dans des entreprises tunisiennes. Encore faut-il que les autorités assouplissent le cadre rigide qui interdit de fait aux entreprises algériennes, privées comme publiques, d'investir à l'étranger. C'est un choix stratégique à faire. Mais il faut le vouloir d'abord. |
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