De nouveaux incidents armés ont éclaté ce dimanche aux abords du mont
Chaâmbi près des frontières algéro-tunisiennes. L'armée tunisienne a indiqué
qu'un homme armé a été tué lors d'un échange de tirs avec les forces armées.
Selon la version officielle, deux suspects ont été repérées ce dimanche vers 19
h dans la zone des opérations militaires à l'accès est du mont Chaâmbi. Les
militaires tunisiens ont ouvert le feu sur les deux hommes qui ont ignoré
l'ordre de s'arrêter avant d'essayer de s'enfuir. «L'un, blessé, est mort sur
place, l'autre a pris la fuite dans la montagne», a déclaré Taoufik Rahmouni,
porte-parole du ministère de la Défense. Des équipements militaires et des
munitions ont été saisis alors que l'homme tué a été identifié et était
«recherché» par les autorités tunisiennes, indiquera encore M. Rahmouni sans
donner plus de détails. En avril dernier, tout le mont Chaâmbi, y inclus les
massifs montagneux voisins de Sammama, Salloum et Mghilla, théâtre de plusieurs
actions armées depuis un peu plus de deux ans, a été décrété par la présidence
«zone d'opérations militaires fermée», décision justifiée par Taoufik Rahmouni
comme la résultante de «la multiplication des menaces de la part des
organisations terroristes basées dans la région». Le mont Chaâmbi est devenu un
bastion des groupes djihadistes, lié à Al-Qaïda, traqués par l'armée tunisienne
qui cherche à les en déloger. Rappelons que l'armée et la gendarmerie
tunisiennes traquent depuis décembre 2012 un groupe armé au mont Chaâmbi
considéré comme une antenne d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Ce groupe
est lié à l'organisation tunisienne Ansar Al-Charia, classée organisation terroriste
et accusé de planifier des assassinats pour déstabiliser le pays. Dirigés par
Abou Ayad, recherché par la police depuis l'attaque de l'ambassade américaine à
Tunis en septembre 2012, les groupes salafistes armés ont apparemment décidé de
se «sédentariser» alors qu'ils avaient toujours affirmé que la Tunisie n'était
pas une «terre de djihad». Ce regain d'activité terroriste a poussé la France à
déconseiller à ses ressortissants à se rendre dans la région est de l'Algérie
frontalière avec la Tunisie, et plus particulièrement dans la circonférence
géographique du mont Chaâmbi, en raison de «la poursuite d'actions conjointes
entre les forces de sécurité des deux pays». M. Rahmouni a aussi rappelé la
dangerosité de cette région essaimée de «faux» barrages et de mines. En février
dernier, un groupe armé a bloqué la route près de Bulla Regia, une cité antique
romaine et numide, dans la région de Jendouba, dans l'ouest de la Tunisie. Deux
passagers d'une voiture interceptée par le groupe armé, un gardien de prison et
un civil ont été tués. Informée du faux barrage, une patrouille de la Garde
nationale s'était rendue sur place pour tomber dans un guet-apens tendu par
quatre éléments du groupe terroriste, deux gendarmes ont été tués et autant
blessés. Les éléments des groupes armés, dans une tentative de briser l'étau
sécuritaire qui s'est mis en place autour de leur place forte, n'hésitent plus
à se déplacer vers d'autres régions. «Certains éléments terroristes ne sont
plus retranchés sur le mont Chaâmbi seulement mais bougent vers des monts
avoisinants», précise la Défense tunisienne. Les effectifs de ces groupes
djihadistes ne sont pas connus puisqu'«il y a des éléments qui entrent et
sortent par les frontières», explique le porte-parole du ministère de la Défense
en faisant état d'une coordination avec l'armée algérienne à ce sujet.
Rappelons que lors de la visite début février de Mehdi Jomaâ, le Premier
ministre tunisien à Alger, l'un des dossiers névralgiques discutés est celui du
volet sécuritaire, de l'aveu même de l'homme fort du gouvernement tunisien qui
a déclaré sentencieusement que «la sécurité de l'Algérie est celle de la
Tunisie, et vice-versa».