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L’accord signé mercredi dernier entre Sonatrach et Villar Mir, le groupe espagnol partenaire dans la production d’engrais à Arzew et Annaba, évite un arbitrage international à l’Algérie. Il réajuste un premier accord - jugé déséquilibré- datant de 2005, l’âge du gaz abondant et bon marché.
Le ministre de l’énergie et des mines, Youcef Yousfi s’est impliqué en première ligne pour faire sortir de l’impasse la renégociation de l’accord entre l’investisseur espagnol Villar Mir et Sonatrach autour de la filière engrais en Algérie. Villar Mir a repris en 2005 via sa filiale des engrais Fertiberia, 66% du capital de Asmidal filiale de Sonatrach. La joint venture née de cette accord a été rebaptisée Fertial. Cet accord a été remis en cause de fait par la partie algérienne en 2013. Le redressement de l’activité de la filière a généré d’importants résultats financiers qui ont alerté Sonatrach, à la fois actionnaire minoritaire et fournisseur du gaz à Fertial. L’accord signé mercredi dernier est marqué de bon sens, le gouvernement algérien ne voulant plus s’enliser dans un long bras de fer coûteux comme cela a été le cas dans l’affaire Djezzy. Sonatrach a obtenu une revalorisation du prix de sa fourniture en gaz naturel des deux complexes d’Arzew et de Annaba. Le communiqué qui a sanctionné l’accord n’a pas donné les détails du nouveau prix de fourniture. Pour rappel les négociations étaient au point de rupture en octobre dernier tant l’écart entre les deux positions commerciales était grand au sujet du prix du million de BTU. Sonatrach proposait de s’aligner sur le prix international plus une ristourne de 10%, tandis que Fertiberria (Villar Mir) soutenait que ce prix rendait l’exportation de ses produits à partir de l’Algérie non compétitives et revendiquait une ristourne beaucoup plus importante. Le compromis a été finalement trouvé sans doute au prix d’autres accommodements. Ainsi, Sonatrach n’a pas tout obtenu de ce qu’elle souhaitait de son partenaire espagnol. Elle ne prendra pas possession de 16% de capital additionnel de Fertial, comme le souhaitait son PDG Abdelhamid Zerguine dans un document adressé à la partie espagnole Fertiberia gardera ses 66% et Asmidal ses 33%. De même le communiqué n’a pas donné de détails sur le sort de l’autre revendication algérienne, celle de verrouiller des fonctions essentielles dans le management. Notamment les fonctions qui permettent de contrôler les flux commerciaux entre la Fertial en Algérie et son principal client en Europe, Fertiberia, qui se trouve être aussi sa maison mère. Ce qui a laissé planer des doutes sur les tarifications et «la fuite de marge» que pourrait subir l’actionnaire minoritaire. Le ministre de l’énergie et des mines a déclenché une pression importante sur le partenaire espagnol au premier semestre 2013 pour l’amener à reconsidérer les termes du partenariat. L’agence de régulation des hydrocarbures, l’ARH, a été jusqu’à réduire de 30% les fournitures en gaz naturel les complexes ammoniac d’Arzew et de Annaba à cause d’une non mise en conformité par Fertial de ses installations jugées énergétivores et pas sûres. Un «acte malveillant » selon le président de Villar Mir dans un courrier adressé au printemps dernier au ministre algérien de l’énergie et des mines. UN MODELE DU GAZ ABANDON QUI TIRE A SA FIN L’accord de mercredi dernier entre Sonatrach et Villar Mir consacre surtout une nouvelle approche algérienne du prix de l’énergie primaire. Une génération entière de nouveaux investissements étrangers en Algérie dans les premières années du règne de Bouteflika ont reposé sur la faible charge de la fourniture gaz proposé à l’investisseur étranger. C’est bien sur le cas dans cet investissement espagnol – 170 millions d’euros- dans la filière des fertilisants, mais aussi dans la série des unités de dessalement d’eau de mer et des centrales électriques réalisés à l’ère de Chakib Khelill. Le prix bas de fourniture du gaz naturel a également été un argument d’attractivité dans la venue de Mittal Steel à El Hadjar en 2001. Fertial a opéré un spectaculaire redressement de ses comptes depuis 2006, devenant exportateur d’engrais vers l’Union Européenne depuis la levée par Bruxelles, en février 2012, de l’interdiction qui bloquait les produits algériens considérés comme subventionnés à cause de la fourniture gaz à prix soutenu. L’option du rééquilibrage de l’accord de 2005, qui s’est avéré trop favorable à la partie espagnole, selon le partenaire algérien, est donc passée naturellement par la revalorisation de la «charge gaz». «Cet accord peut faire jurisprudence dans l’avenir. Surtout si d’autres partenariats basés sur cet avantage coût des fournitures énergétiques venaient à présenter les mêmes déséquilibres que ceux qu’on a constaté dans le cas de Fertial » a estimé un cadre du secteur de l’énergie. «Le message que nous avons envoyé à la communauté des investisseurs est que nous sommes un partenaire à la fois flexible et vigilant sur ces intérêts. Les espagnols sont satisfaits. La preuve, ils vont à nouveau investir en Algérie dans le projet de l’autre usine d’engrais prévue depuis 2008». Le dénouement positif de cet épisode du bras de fer Sonatrach Villa Mir a en effet permis de relancer un autre projet de partenariat entre les deux parties en souffrance depuis 2008. Le projet d’El Bahia Fertilizer, à Arzew, sera donc réalisé au terme d’un second accord signé mercredi dernier. Il va produire 1,1 million de tonnes d’ammoniac par an, a précisé le groupe pétrolier algérien. Le prix de ses fournitures en gaz naturel n’a pas été communiqué. Il est probablement similaire au nouveau prix convenu pour l’exploitation de Fertial. |
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