« L'Organisation
mondiale de la santé (OMS) recommande une sage-femme pour 5 parturientes. Mais
au CHU de Constantine, c'est une sage-femme pour plus de 5O et qui, en plus,
travaille H/24», telle est une des nombreuses banderoles brandies, hier matin,
par les travailleurs de la maternité de l'hôpital Benbadis qui ont tenu un
sit-in de protestation devant leur établissement. Dans une autre banderole, les
sages-femmes et les infirmières ont reproché à la direction de la Santé une
mauvaise répartition des sages-femmes qui ont terminé leur formation. Dans une
autre encore, les travailleurs de la maternité ont affirmé qu'ils souffrent
beaucoup dans leur travail, entraînant les malades avec eux. Où sont les
responsables ? ont-ils interpellé en rappelant l'insécurité totale qui règne
dans l'établissement. Et enfin, une dernière banderole appelle le ministre de
la Santé au secours des travailleurs du service gynécologie-obstétrique. Un
groupe d'infirmières nous entoure et commence à expliquer la situation qui leur
est faite. «Nous avons pratiquement plus d'une quarantaine de femmes pour
seulement 25 lits au bloc post-opératoire. Est-ce concevable que deux
infirmières seulement peuvent s'occuper d'une quarantaine de parturientes ? Je
pose la question aux responsables: où est dans ces conditions la qualité des
soins ? interpelle l'une d'elles. «Nous vivons un calvaire», ont-elles dit
unanimes. Elles affirment ensuite qu'elles ont exposé leurs difficultés aux
responsables à plusieurs reprises, mais rien n'a été fait et rien n'a changé.
Et d'ajouter qu'il y a un grand nombre d'infirmières qui ont pris une retraite
anticipée, alors qu'elles pouvaient encore donner beaucoup. Mais elles n'ont
pas été remplacées. «Nous travaillons par équipes de 4 infirmières chacune et
une aide-soignante. Ceci pour la matinée, l'après-midi et la nuit. Et à la fin,
nous sommes fourbues». Protestant contre les orientations provenant des autres
wilayas de l'Est, une infirmière signale qu'il y a actuellement une vingtaine
de malades sous sa garde «et 8O % d'entre eux viennent de Mila, Jijel et
Skikda. Et le reste de Khenchela, Tébessa et Souk-Ahras. Et pour des
accouchements tout à fait ordinaires. Pourquoi ?», s'est-elle demandé. Les
infirmières sont syndiquées au sein du Syndicat algérien des paramédicaux
(SAP). Pour celles des sages-femmes qui sont organisées dans une «Commission
des sages-femmes» coiffée par l'UGTA, elles diront «nous avons fait une
manifestation le 1er et le 6 avril dernier et nous avons rencontré le directeur
général, mais comme il n'y a aucun résultat, nous avons décidé de manifester
aujourd'hui», nous dit un groupe de femmes de cette catégorie. «Les mêmes
problèmes que nous avions posés lors des deux premières manifestations sont
restés les mêmes», ont-elles poursuivi. «Nos difficultés sont connues. Pour l'effectif,
nous avons consenti de fermer les yeux parce qu'une sage-femme peut assister
une trentaine de femmes à l'accouchement. Nous en avons l'habitude maintenant.
Nous avons en premier lieu le problème de la suractivité qui nous tue. Et
depuis notre première manifestation du premier avril, les parturientes de Mila
se sont acharnées sur nous. Mila vient en tête de liste et nous arrivons à
faire quotidiennement une trentaine de femmes de cette wilaya. Pourquoi dans
les autres wilayas la sage-femme fait un accouchement par jour et nous, nous
faisons 3O ?». Et de protester contre «les orientations anarchiques faites par
les autres wilayas vers leur maternité». «Et puis, protestent-elles, il y a six
maternités à Constantine, mais seules deux, la nôtre et celle de Sidi-Mabrouk,
fonctionnent». Et d'indiquer qu'elles font jusqu'à 8O consultations par jour,
4O et 62 accouchements, atteignant parfois des pics de 8O par jour. Pour
conclure, signalons que nous avons tenté, hier, de prendre attache avec le
directeur général du CHU, mais sans résultat.