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Il y a une vingtaine d'années, le Parti québécois attribuait aux
immigrants l'échec du oui au référendum sur la souveraineté. Il y a quelques
jours, le même refrain est claironné: le PQ a perdu les législatives à cause du
vote des musulmans opposés à la Charte des valeurs québécoises.
Aujourd'hui, c'est comme si le Québec voulait enterrer la hache de guerre avec l'élection du Parti libéral pour diriger la province. Cette hache de guerre que le Parti québécois, dirigé précédemment par Pauline Marois, avait brandie avec la Charte des valeurs québécoises interdisant les signes religieux ostentatoires dans la fonction publique. Dès le lendemain de la constitution du nouveau gouvernement libéral conduit par Philippe Couillard, le dossier est mis à l'avant-scène, considéré comme la priorité des priorités de l'heure pour rassembler, unir et consolider les rangs afin d'éviter les éventuelles fuites en avant au détriment de l'essentiel. D'ailleurs la question de la Charte des valeurs québécoises avait fait l'objet dans un passé tout récent de plusieurs manifestations de rue en guise de rejet du projet. Ce même projet d'ailleurs qui a valu des plumes au Parti québécois lors de la dernière élection et qui s'est soldé par un net recul du nombre de sièges à l'Assemblée nationale pour faire que la majorité soit acquise par les libéraux. C'est donc par excès de confiance que le PQ a lourdement trébuché. Ainsi, avec la majorité acquise, le gouvernement Couillard dit «vouloir rebâtir les ponts avec les immigrants, supposément traumatisés par le projet de Charte de la laïcité de l'État du gouvernement précédent». De nombreux immigrants, particulièrement «les femmes de la communauté maghrébine, ont été blessés par le débat animé des derniers mois autour du port de signes religieux, dont le voile islamique», souligne la nouvelle ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, qui sent le besoin de les rassurer. Lors d'un point de presse, jeudi matin, en marge du premier caucus depuis la prestation de serment, mercredi après-midi des libéraux, la ministre insiste en répétant que «le gouvernement, dans une démarche d'inclusion, devra déployer des moyens pour se rapprocher de ces communautés». Et à la nouvelle ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, d'aller en surenchère pour souligner avec force que «l'image du Québec à l'étranger avait été ternie par l'intention affichée du gouvernement péquiste d'interdire aux employés de l'État de porter des signes religieux ostentatoires». Elle aussi va s'atteler à la tâche de corriger le tir. Pour sa part, la nouvelle ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a indiqué que «le gouvernement maintenait toujours le projet de rendre publics les avis juridiques commandés par le gouvernement précédent relativement à la constitutionnalité du projet de charte de la laïcité de l'État». Elle a dit qu'elle n'avait pas encore pu en prendre connaissance. Mais elle va préparer dans les prochains mois un projet de loi visant à encadrer les demandes d'accommodement religieux. Autant de déclarations qui font que la hache de guerre est déjà enterrée avec le fort souhait des uns et des autres que le Parti libéral du Québec ne soit pas l'arbre qui cache la forêt? |
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