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Quel gouvernement pour un début de mandat ?

par Kharroubi Habib

La reconduction de Abdelmalek Sellal au poste de Premier ministre dont il fut déchargé le temps de la campagne électorale durant laquelle il a été en charge de celle du candidat Bouteflika, n'a pas surpris car attendue et jugée comme allant de soi eu égard à la confiance placée en lui par le président réélu. Ce que l'on attend de connaître par contre et donne lieu à toutes sortes de supputations, c'est si la reconduction de Sellal va s'accompagner ou non d'un changement de gouvernement.

La première hypothèse qui a beaucoup de tenant c'est celle d'une reconduction du staff ministériel en exercice mais ayant subi quelques modifications qui concerneront des portefeuilles dont les titulaires actuels ont peiné pour de multiples raisons à suivre le rythme imprimé à l'action gouvernementale par Abdelmalek Sellal lors des derniers mois du troisième mandat de Bouteflika. Leur éviction permettrait, à en croire certaines sources, l'intégration dans l'équipe gouvernementale de représentants de formations politiques n'ayant pas été dans l'alliance présidentielle, mais désormais prêtes à y entrer.

La seconde est celle qui fait saliver dans le camp présidentiel et consisterait en la formation d'un exécutif largement remanié pour ne pas dire totalement renouvelé. C'est ce cas de figure qui est espéré dans ce milieu où les ambitions d'une promotion se sont faites légion. Ça se pousse effectivement au « portillon » pour faire valoir ses titres à prétendre à un maroquin considéré par ceux qui les font valoir comme la juste « rétribution » de leur contribution à l'option du quatrième mandat.

Le choix pour lequel optera le chef de l'Etat donnera lieu inévitablement à des décryptages qui s'accompagneront de jugements censés être définitifs sur ses intentions pour son quatrième mandat. Mais il nous paraît qu'en réalité le gouvernement dont Sellal a été chargé de la conduite aura une durée de vie en rapport avec le temps que prendra Bouteflika pour lancer et faire aboutir les réformes politiques dont la révision de la Constitution auxquelles il a promis de s'attaquer en début de son quatrième mandat, qu'en somme ce gouvernement est chargé d'expédier les affaires courantes du pays.

Le véritable exécutif gouvernemental qui aura la marque que Bouteflika entend imprimer à son quatrième mandat ne sera formé que lorsque les réformes et la révision constitutionnelle interviendront et auront clarifié la scène politique nationale.

Dans sa déclaration d'investiture, Bouteflika a appelé les forces politiques et sociales à renforcer « l'entente nationale ». Ce qui peut prêter à supposer qu'il serait prêt à élargir l'alliance dans laquelle il puiserait les compétences susceptibles de composer le gouvernement sur lequel il s'appuierait pour accomplir sa mandature. Ce qui suppose également qu'il est disposé à une ouverture en direction de l'opposition dont les initiatives depuis avant le début du processus électoral ayant mené à l'élection présidentielle ont annoncé une bipolarisation du champ politique entre camp présidentiel et anti qui en se concrétisant rendrait illusoire le renforcement de « l'entente nationale » auquel il a convié.

Il ne faudrait pas en conséquence se hâter de voir dans la reconduction de Sellal et même de celle du gouvernement, si elle interviendrait, comme la volonté arrêtée de Bouteflika de s'en tenir à la continuité au détriment des changements auxquels aspirent la majorité des Algériens et qui les ont exprimés en de multiples formes durant la campagne électorale.