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En Egypte où la formalité de la moubayaa du maréchal
Sissi se prépare avec Hamdeen Sabahi, présumé homme de gauche dans le rôle de
lièvre-alibi, on condamne à mort par villages. Le juge Saïd Youssef, dit le
Boucher, incarne dans la caricature la plus absolue l'effondrement de la
justice en Egypte. Ce juge n'applique pas la loi, il fait la guerre. En
quelques minutes, il expédie 683 habitants du village d'El-Adaoua vers la mort.
Ils sont jugés coupables d'avoir tué un policier.
Tous les juristes du monde sont ahuris devant une sentence absurde d'un juge qui a décidé d'être le grand éradicateur judicaire du pays. Ces verdicts sont tellement ahurissants que même les Etats-Unis ont exprimé leur aversion contre des procès totalement incompatibles avec «les obligations de l'Egypte en termes de droits de l'homme». Et pourtant, Washington n'a pas qualifié la destitution de Mohamed Morsi de coup d'Etat et a poussé la complaisance jusqu'à percevoir, à travers John Kerry, que les militaires égyptiens œuvrent à «restaurer la démocratie» ! Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a qualifié les condamnations à mort de masse de «défi aux règles les plus élémentaires de la justice internationale». C'est qu'avec Saïd le Boucher - à l'évidence très fier de ses «records» -, l'Egypte de Sissi ne cherche pas à sauver les apparences. Ce qui est recherché est un effet de terreur massif contre ceux qui continuent, jusqu'à aujourd'hui, à protester contre le coup d'Etat. L'interdiction, lundi, par un tribunal du Caire, du Mouvement du 6 avril, qui a été le fer de lance de la révolte contre Hosni Moubarak, a sonné comme l'achèvement d'une restauration sanglante de «l'ordre» ancien. Les dirigeants du Mouvement du 6 avril ont subi, eux également, le «couffin» dans lequel une justice, transformée en machine de guerre, puise des chefs d'accusation prêts à l'emploi comme la «diffamation du pays» et la «collusion» avec des forces étrangères. Saïd le Boucher incarnera probablement dans l'histoire de ce pays cette plongée arrogante dans l'horreur judiciaire où le verdict, préconçu, n'est pas le fruit d'une application de la loi mais de sa négation. Le fait que ces verdicts soient susceptibles d'appel ne leur enlève rien de leur caractère d'actes de guerre et non d'actes judiciaires. Il n'y a plus aucune différence entre la «justice» et la «police» en Egypte. Et la propagande de type totalitaire qui est menée par les médias encourage cette terreur multiforme. Il n'y a plus de justice, les personnes arrêtées et présentées devant les tribunaux subissent des verdicts politiques, dictés par un pouvoir revanchard, fermement décidé à faire payer très cher aux Egyptiens qui ne se «repentent» pas d'avoir déboulonné Moubarak hier en adulant le maréchal Sissi aujourd'hui. D'UN PROCES A L'AUTRE, AVEC DES VERDICTS QUI «TUENT» DES VILLAGES ENTIERS, LA SITUATION SE DURCIT EN EGYPTE. AMNESTY INTERNATIONAL EVOQUE UNE JUSTICE QUI SE TRANSFORME «TOUT SIMPLEMENT EN UN NOUVEAU ROUAGE DE L'APPAREIL REPRESSIF DES AUTORITES». CETTE ABOLITION DE LA JUSTICE PAR LA TERREUR D'ETAT EST UNE FABRIQUE DE RADICALISME ET DE TERRORISME. SAÏD LE BOUCHER, JUGE DE «L'ETAPE», EST LE SYMBOLE DE CES TEMPS SINISTRES DANS LESQUELS EST PLONGEE L'EGYPTE AVEC L'APPLAUDISSEMENT DES «ELITES». |
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