Guide infatigable,
usé par le temps mais téméraire comme ces marins qu'il a orienté durant plus
d'un siècle, debout face à la grande bleue, cette Méditerranée traversée par
des peuples à la recherche d'une terre d'asile plus clémente et généreuse,
étalant sa splendeur à travers une architecture aujourd'hui révolus, il s'agit
du phare Bengut (nom de son constructeur l'ingénieur Bengut) mais pour les
Delcis c'est Bordj Fnar. Ces derniers fiers de leur histoire s'identifient à
cette merveille. Un membre de l'association «Les amis de la casbah»nous
oriente, la construction de cette merveille remonte au début de 1881,l'occupant
français pour sécuriser sa flotte marchande mais surtout militaire , avait à
l'époque érigé 25 phares sur le littoral Algérien. Le lieu choisi la zone
appelée jadis «les jardins enchanteurs» surplomb la mer dans son point le plus
haut, laissant le port de Delly ,et un autre haut lieu archéologique classée
par l'UNESCO, l'antique casbah dans sa partie Est et la citadelle sur sa partie
Ouest. Pour les membres de l'association parlée de Bordj Fnar, revient à parler
de la bêtise humaine qui a prit pour cible ce monument, le 22 Février 1994, en
début de soirée un groupe terroriste place une bombe qui fragilisa le site, la
nouvelle ébranla davantage les Delcis autant que l'édifice. Les travaux de
restaurations entrepris 2009 grâce à un don de l'UNESCO de 20.000 Dollars US,
ne répondaient guère aux normes de pareilles structures, après quelques années
de restauration, le phare repris ses rotations, son signal peut être visible
d'Azzefoune à plus de 60 km à l'Est, grâce aux 6000 Watts de sa lampe.
Opérationnel depuis trois ans, Bordj F'nar allait subir un autre terrible coup,
le séisme du 21 Mai 2003, sérieusement touché, les expertises convergent vers
son arrêt. Après 122 ans de «loyaux» services, guide de milliers de marins de
divers nationalités le faisceau est éteint. Les protecteurs des sites
archéologiques surtout ceux de l'antique casbah de Dellys pensent que le moment
est venu pour entreprendre un travail sérieux et durable pour cette merveille
unique, qui culmine à 26,5 m et dont l'architecture arabo-musulmane inspirée
des minarets de nos mosquées .Ces derniers nous dresse les périples pour son classement.
Bordj F'nar, répertorié biens culturels fonciers en 2008, n'a été proposé par
les services de la culture pour son classement ajoutent-ils qu'en 2011. Au
niveau du service patrimoine de la direction de la culture Mme Bessad chef de
service précise que la décision de classement est parue au journal officiel 46
du 22/09/2013, et le dossier se trouve au niveau du ministère. Par ailleurs
nous venons d'apprendre que le wali de Boumerdes vient d'octroyer une enveloppe
avoisinant les trois milliards de centimes pour remettre sur pied le phare
Bengut. Cette décision mettra fin au véto de l'assemblée locale et des
associations, qui argumentaient que les travaux de restauration ne doivent pas
se limiter au soutien des murs avec des traverses en bois mais doit toucher
sérieusement tout l'édifice, chose que le bureau d'étude a retenu depuis une
semaine doit suivre à la lettre. Au delà de Bordj F'nar, le patrimoine
archéologique de Boumerdes est gigantesque et riche mais hélas reste très
méconnu du citoyen, des lieux hautement historique datant de la période
préhistorique ou encore de la protohistoire se trouvent à l'état d'abandon.
Cette situation a incité les responsables du secteur à rattraper le retard
avant la disparition de ces lieux. Ainsi après le phare de Bengut, le rocher
noir ( siège du rectorat actuel de l'université M'hamed Bougara) premier siège
du gouvernement algérien, est en instance de classement. A noter égalemnt, que
vont suivre pour leur classement et préservation, Dar cheikh Tayeb ben Salem (Dellys),
la mosquée el Athik de Dellys construite en 1847, le mausolée sidi el Harfi
actuel, le site archéologique de Baghla aux Issers qui s'étend sur 20 hectares,
enfin le site Mercour du village Mechacha de la localité de Afir. Le peu de
moyen accordé à cette branche du secteur de la culture risque de couper toute
traçabilité de notre identité et des pans entiers de l'histoire de cette partie
de l'Algérie risque de disparaître à jamais, mais comme dit l'adage mieux vaut
tard que jamais. Enfin une idée germe pour en faire du phare en question, un
musée maritime où serait réunis tout ses trésors, comme les appareils
d'éclairage , les boussoles , les instruments de contrôle de mouvements de
rotation et beaucoup d'autres merveilles maritimes d'époque détenus par les
habitants de Dellys et des villes côtières de Zemmouri et Cap Djinet.