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Après sa prestation de serment hier, le président Bouteflika
a formellement honoré l'engagement qu'il avait pris de s'adresser à la nation.
Il n'a pas toutefois été au bout de sa déclaration écrite préparée pour la
circonstance. Il s'est limité à remercier les personnalités étrangères et
nationales présentes à la cérémonie et à rendre hommage aux cinq candidats
contre lesquels il a concouru pour l'élection présidentielle.
Sa déclaration d'investiture complète ayant été rendue publique, il en ressort que le président réélu compte poursuivre la lutte contre le crime économique et le fléau de la corruption et relancer les réformes politiques dont la révision de la Constitution qui estime-t-il devra renforcer « l'entente nationale ». Cette révision devra être « consensuelle », a dit Bouteflika en mettant l'accent sur la nécessite de « mettre l'intérêt du pays au-dessus des divergences politiques ». Une attitude qu'imposent selon lui « les tentatives de subversion » et les « menaces externes ». Son rappel de ces dangers auxquels le pays est confronté s'est accompagné d'une mise en exergue élogieuse de l'Armée nationale populaire qui « protège le pays des velléités belliqueuses ». Le chef de l'Etat a par ailleurs réitéré l'appel à rendre leurs armes aux terroristes qui persistent dans leur égarement mais en leur faisant valoir que la « clémence » de l'Etat a ses limites et que la lutte sera implacable contre les récalcitrants qualifiés de « résidus » du terrorisme. On le constate, Bouteflika n'a rien annoncé qui n'était pas connu de ses intentions et projets pour le quatrième mandat. Il faut très probablement attendre la nomination du nouveau gouvernement pour en savoir plus sur ceux-ci. Notamment sur ce qu'il est prêt à proposer à l'opposition en vue d'un possible dialogue politique entre elle et le pouvoir qui permettrait de mettre fin de façon consensuelle à la crise nationale. Laquelle opposition a marqué son rejet encore radical de reconnaître le résultat du scrutin du 17 avril qu'elle a dénoncé comme ayant découlé d'une vaste fraude électorale en boycottant la cérémonie d'investiture. Aucun parti ni aucune personnalité politique ligués dans des fronts d'opposition au « pouvoir de fait » issu de ce scrutin n'ont assisté à la cérémonie de prestation de serment du président réélu. Le Front des forces socialistes (FFS) en a fait de même mais en faisant savoir que son absence a pour raison la violente répression exercée sur les manifestants à Tizi Ouzou ayant voulu commémorer pacifiquement le 34ème anniversaire du printemps berbère. Nous l'avons précédemment écrit, le président réélu ne peut espérer bénéficier d'un délai de grâce tant de la part des citoyens que de l'opposition. Les premiers entendent qu'il leur fasse connaître au plus vite les chantiers qu'il va ouvrir ou relancer, notamment ceux qui ont trait aux problèmes économiques et sociaux qui impactent leurs conditions de vie. L'opposition en intensifiant ses attaques et en faisant pression pour tenter d'imposer l'option de l'instauration d'une « période de transition » à laquelle la majorité de ses segments est acquise. Même s'il va probablement rester invisible, le président Bouteflika n'en sera pas moins tenu de démontrer qu'il est à la barre et va certainement le faire savoir en accélérant le rythme des gestes et décisions destinés à marquer son quatrième mandat. |
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