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Réforme de l'administration publique «La volonté politique ne suffit pas»

par Abdelkrim Zerzouri

« La volonté politique ne suffit pas à elle seule pour accéder à la réforme de l'administration publique», a laissé entendre M. Mustapha Mekideche (expert international) lors d'une intervention à l'occasion de la tenue, hier, d'un colloque international sous le thème de ?'L'administration publique en Algérie, entre les impératifs de la modernisation et les défis de l'évaluation, regards croisés sur les bonnes pratiques internationales».

Deux raisons majeures ont été avancées par le conférencier pour expliquer cet échec, dont le ?'sequencing'' décalé dans la démarche réformatrice et les faibles contre-pouvoirs qui n'ont pas exercé les pressions suffisantes pour aboutir au résultat escompté et ce, à l'inverse des lobbies puissants qui ont imposé le statu quo administratif. «Ce n'est pas pour rien que les tenants de la chkara tiennent à investir la sphère politique, c'est pour mieux asseoir leur domination, garder le statu quo et influer sur la législation», estimera-t-il dans ce sillage. Cependant, M. Mekideche n'a pas manqué de s'étaler sur les différentes périodes qui ont marqué le dossier de la réforme de l'administration publique, et de souligner dans ce sens que les difficultés ont été nombreuses pour espérer atteindre un stade acceptable de la réforme de l'administration. Rappelant dans cet ordre d'idées que l'Algérie a traversé une sombre époque qui a menacé les fondements de l'Etat, et le terrorisme lui a fatalement fait subir de graves préjudices sur le plan du service public avec une administration territorialement démantelée. D'autres aspects de la gestion des ressources humaines et le volet économique, liés à l'activité du commerce informel notamment, ont été cités comme étant des freins face à la réforme de l'administration publique. De son côté, le Pr. Cherabi, professeur d'économie à l'université de Constantine 2 et président du colloque, indiquera les normes modernes d'une administration qui ambitionne de s'élever au niveau de l'outil efficient de la bonne gouvernance, de la démocratie participative et de l'émergence économique, «relèvent autant de choix politiques que de la maîtrise scientifique des expériences et des analyses académiques les plus avancées dans le monde».

Au programme du colloque qui a été ouvert, hier, et se poursuit aujourd'hui, sous l'égide du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, figurent d'autres communications, dont «Evaluation de la performance des programmes des ministères et organismes publics : analyse comparée des démarches américaine et britannique», par Johann Jacob, de l'ENAP-Québec et Mokhtar Lamari, directeur du CREXE, «Pour un modèle administratif algérien : gérer les interfaces politico-administratives», par Bachir Mazouz, (ENAP), et «Essai d'identification (non exhaustive) des causes des mauvais fonctionnements de l'administration algérienne», par Mohamed Liassine, ancien ministre. Notons que le colloque a été initié par le Laboratoire Grand Maghreb : Economie et Société de l'Université Constantine 2, en collaboration avec le Centre de recherche et d'expertise en évaluation (CREXE), du Québec (Canada) et le Centre algérien de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD).