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Le ministère de la Justice américain a demandé à la Saipem, société
spécialisée dans la recherche et les forages pétroliers, filiale du groupe
italien ENI, des informations sur les affaires de pots-de-vin qui
l'impliqueraient en Algérie, a indiqué, jeudi, le directeur financier de
l'entreprise, Alberto Chiarini.
Le responsable de Saipem s'exprimait, lors d'une conférence téléphonique où il présentait le bilan financier de la société. «Ils nous ont adressé une demande d'informations sur l'Algérie» a-t-il déclaré en affirmant que la société Saipem était prête à collaborer avec la justice américaine. Le département de la Justice américain, qui a conclu, en juillet dernier, avec Saipem un accord prolongeant de six mois le délai de prescription applicable à d'éventuelles infractions des lois fédérales américaines, commises par la société, en Algérie, semble ne pas vouloir tourner la page. Saipem ? ou le grand groupe pétro-gazier italien détient 43% - est cité dans un scandale retentissant de versement de pots-de-vin, en Algérie, en contrepartie de l'obtention de plusieurs contrats d'une valeur cumulée de 11 milliards de dollars. Saipem a conclu, à la suite d'une «enquête interne» qu'il n'y avait aucune trace de malversations. Mais la justice italienne continue d'enquêter sur l'affaire ? devenue Sonatrach 2, en Algérie ? qui implique l'ancien ministre de l'Energie algérien, Chakib Khelil, qui est établi aux Etats-Unis. UN INTERET DEJA EXPRIME EN JUILLET DERNIER Ce n'est pas la première fois que le département américain de la Justice manifeste de l'intérêt pour les «affaires» de Saipem, en Algérie. A la fin octobre dernier, Saipem avait indiqué qu'elle avait livré, en juillet 2013, au département de Justice américain, les résultats de son enquête interne sur les affaires de pots-de-vin versés en Algérie. Des résultats transmis à la demande du département de la Justice américain qui montrait, pour la première fois, qu'il s'intéressait à l'affaire qui implique Chakib Khelil, sa femme et ses enfants. Même si Chakib Khelil a affirmé qu'il n'avait pas la nationalité américaine ? assertion prise avec des pincettes à Alger -, la nationalité américaine des autres membres de la famille paraît établie. Le département américain de la Justice paraît, ainsi, s'intéresser à des affaires de corruption présumées, impliquant des «Américains». En octobre dernier, Saipem avait indiqué ne pas avoir de «nouvelles demandes de renseignements» de la part des Américains. Cela est fait, désormais, signe que le département d'Etat n'est pas satisfait ou n'entend pas se contenter du rapport d'enquête interne de Saipem. Pour rappel, il s'agit d'une enquête aux résultats assez alambiqués. L'enquête, menée par des consultants externes, selon Saipem, avait indiqué ne pas avoir découvert de preuves sur des versements de pots-de-vin à des responsables algériens. Mais elle constatait néanmoins, sans que des détails n'aient été fournis, l'existence de violations de procédures internes. LA PAGE N'EST PAS TOURNEE Les juges italiens qui mettent en cause Chakib Khelil et «l'intermédiaire» Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien ministre algérien des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui, poursuivent toujours l'enquête et s'intéressent au «big boss» d'ENI, Paolo Scaroni. Côté algérien, des mandats d'arrêt internationaux ont été lancés contre Chakib Khelil et sa famille ainsi que contre Farid Bedjaoui. La nationalité américaine de Khelil et de sa famille le met, en principe, à l'abri d'une extradition. A moins de l'existence d'un traité avec un pays tiers, les Etats-Unis ne livrent pas leurs citoyens. La seule possibilité sérieuse serait que le département de la Justice américain fasse jouer le «Foreign Corrupt Practice Act» (FCPA - loi sur les pratiques de corruption, à l'étranger) qui permet de poursuivre les citoyens et les entreprises américains suspectés d'avoir corrompu des fonctionnaires gouvernementaux étrangers. Aucune indication ne permet de dire que l'on est dans ce cas de figure. Mais il faut prendre acte du fait que le département de la Justice américain est revenu à la charge et n'a pas, encore, tourné la page dans les affaires algériennes de Saipem. |
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