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Les clameurs se sont tues ! Les lampions se sont éteints ! Les urnes ont
livré leur verdict et l'Algérie est restée par la grâce de Dieu égale à
elle-même dans toute sa splendeur, c'est à dire : ce pays qui fait l'unanimité
autour de sa magnificence paysagère et de ses potentialités multiples qui se
doivent cependant d'être convenablement exploitées, afin d'éloigner le spectre
de la déchéance qui menace durablement notre société, si par malheur la devise
venait à manquer.
Cette question à corréler nécessairement à la mise en valeur adéquate de toute l'étendue de notre vaste territoire, à hauteur des aspirations d'une jeune nation en devenir et pleine de vigueur, transcende de toute évidence les intérêts étroits de groupes ou d'individus pris séparément et se pose donc, en termes de capacités d'émergence de la collectivité nationale dans toute sa globalité. Elle se doit par conséquent d'être associée à la construction d'un destin commun, dès lors que l'acte d'entreprendre relève d'une compétence partagée et devient de la sorte, l'affaire de tous. Oui ! C'est cela le défi de la cohésion nationale, qui quelques soient les divergences, repose sur l'esprit d'union et de convergence de toutes les composantes de la société, dans un même élan qui est celui de l'intérêt national. C'est dire, que rompre avec cette attitude dirigiste de ceux qui considèrent qu'il y a d'un côté des êtres bien pensants et de l'autre, des sous êtres qu'il faille étroitement encadrer, est un acte des plus salutaires ! Il faut plutôt croire que l'intelligence et le savoir-faire sont des valeurs diffuses, présentes à tous les niveaux de notre société et qu'il faut juste savoir les mobiliser, pour que l'Algérie aille mieux ! LE QUINQUENNAT DE LA DERNIÈRE CHANCE ! Alors ! Qui a gagné ou qui a perdu, n'est pas l'événement le plus marquant dans l'état actuel des choses, eu égard aux enjeux du futur, c'est à dire de tous ces chantiers qu'il faille entreprendre dés maintenant, si l'on veut éviter de rater l'opportunité de ce quinquennat de la dernière chance, où la parcimonie, la rigueur et le contrôle dans l'utilisation des deniers publics ce doivent d'être tout au moins cette fois-ci, un leitmotiv pour tous. C'est vrai que quoi que l'on puisse dire, les gens se sont tout d'abord prononcés par rapport à leur degré d'attachement à la stabilité du pays et à son unité, au regard des situations vécues dans la proximité de nos frontières et à un degré moindre, chez nous à Ghardaïa, ou la population du M'Zab s'est particulièrement distinguée par son patriotisme et sa sagesse légendaire, au cours de cette élection. Mais à s'y méprendre, cette option minimaliste qui correspond à un réflexe de survie, ne veut pas dire pour autant, que tout le cortège des questions latentes doit rester en jachère et que nous soyons autorisés à prendre tout notre temps parce que rien ne presse, pour peu que nous ayons de quoi payer notre facture alimentaire et d'assurer à notre population, la satisfaction de ses besoins essentiels en termes de commodités de vie. Bien au contraire ! Rien n'est plus important que d'émettre au plus vite, des signaux forts en direction de nos concitoyens qui sont en droit d'être rassurés par rapport à l'environnement social et économique au sein duquel ils sont appelés à évoluer, et ce qu'il leur est demandé comme efforts à consentir en contrepartie ! De même, leurs inquiétudes quant à la qualité du niveau d'enseignement tous cycles confondus et du système de santé, des performances de notre agriculture et de bien d'autres choses, se doivent d'être dissipées, non pas par des promesses, mais par de meilleures positions dans le classement à l'échelle internationale, afin qu'on puisse se comparer aux autres ! Alors ! C'est maintenant que le slogan « l'homme qu'il faut à la place qu'il faut » doit recouvrir toute la plénitude de son sens, dans cette compétition qui consiste à tirer l'Algérie vers le haut ! Par rapport à toute cette attente multiforme, et au delà du plébiscite sur la stabilité, à bien regarder de près l'ordre de priorités des préoccupations latentes en rapport avec l'évolution de notre société, il faut dire que l'élection présidentielle n'est rien d'autre, qu'une étape séquentielle dans la vie d'un pays, à l'image de tous les autres et non, une fin en soi. Cela veut dire, qu'aussi majeur soit-il, cet événement ne doit pas agir comme un effet d'optique de nature à nous distraire par excès de satisfécits , au point de négliger l'essentiel, à savoir : cette nécessité de rattraper le retard que nous avons pris sur les autres dans tous les domaines d'activités économiques, sociales, culturelles et scientifiques, tout en cherchant à améliorer nos performances, afin de rompre avec cette situation humiliante de notre position en bas de tableau, pour bon nombre d'indicateurs. Avec un peu plus de volonté, nous pouvons paraître tout au moins, comme pays moyen sur la voie de l'émergence, avec des positions plus honorables dans les TOP 100, dans bien des domaines ! C'est là, un objectif à fixer à tous nos secteurs en tant que signe fort de changement, ce qui veut dire que la délivrance de « chèques à blanc » à des nominés aux hautes fonctions de l'État, est à proscrire. Cela veut dire que la « médiocratie » doit céder la place aux gens du savoir, de la connaissance et de l'expérience, qui constituent de meilleurs garants dans la perspective d'une moralisation de la vie publique et la lutte contre la bureaucratie et la corruption ! De même que l'attente pour notre société est aussi dans cette faculté à pouvoir se mobiliser autour d'un projet fédérateur de toutes les initiatives et de toutes les volontés sans exclusive, qui participent à la promotion du corps social et son inscription dans les valeurs partagées par tous les pays dits évolués. Cette émancipation réelle de notre société, suppose une écoute permanente de ses pulsations et une participation effective du citoyen, qui doit être obligatoirement promu au rang d'acteur dans un processus de développement qui pour gagner en efficience, ne doit être nécessairement décentralisé à l'échelon régional, et déconcentré à l'échelon local. C'est de cette manière que sera donné un sens au principe d'égalité des chances et une meilleure lisibilité à la croissance qui doit être ressentie par tous, et en tout lieu de notre territoire. C'est par ce cheminement transparent, qu'il sera possible de rétablir la confiance auprès de nos concitoyens et de restaurer la crédibilité de l'État. Tout le reste n'est que promesses et discours de nature à induire de nouvelles déceptions ! TRANSFORMER NOS FAIBLESSES DE L'HEURE EN FORCES DE DEMAIN ! Pour peu que cette fois-ci, nous puissions croire résolument en nos capacités propres, notre économie pourrait de l'avis de nos experts, générer une croissance à deux chiffres, c'est à dire celle d'un pays éligible à l'émergence, si l'on arrive à faire tourner le pays à plein régime, en transformant nos faiblesses de l'heure en forces de demain ! N'est-ce pas que cet objectif majeur devrait être celui de la décennie à venir, et par déclinaison, celui du prochain quinquennat, pour arrimer définitivement notre pays à son siècle ? Pour que cela soit ainsi, il faut tout d'abord considérer, qu'après la fermeture de la parenthèse des élections pour au moins cinq années, le plus dur reste maintenant à faire, pour ramener de la quiétude chez nos concitoyens «déboussolés» et pour apaiser leurs esprits saturés par rapport à leur angoisse, largement motivée par un lendemain fait d'incertitudes, quant à l'avenir de leurs progénitures. C'est dire qu'il faille sans plus tarder, « siffler » la fin de la « récré » qui n'a que trop duré, au point où songer à travailler sérieusement sans prendre le temps de festoyer dans la démesure, relève de la plus haute urgence et du respect des règles de bienséance, qu'on se doit d'observer. C'est à ce niveau qu'il y a lieu de faire la distinction salutaire entre les « bourdons » qui agitent leurs ailes en brassant de l'air, dans l'attente d'un retour d'ascenseur, et les « abeilles » qui butinent pour faire du miel pour la « maison Algérie », sans contrepartie autre, que la reconnaissance du travail bien accompli. C'est dire que l'avenir n'est que le reflet de l'angle de perception choisi. Cela veut dire, qu'une nation déterminée à asseoir les conditions de son émergence en tant qu'entité éligible à la prospérité, ce doit tout naturellement de faire le bon choix de l'intégration de ces milliers de cadres d'ici et d'ailleurs et de l'appel au « potentiel dormant » que constituent les très nombreux cadres condamnés pour l'heure, à l'isolement d'une retraite précoce ou d'un quotidien oisif et amer, alors que l'ensemble de nos collectivités sont dans un besoin crucial d'expertise. À partir de là, il sera possible d'assister toutes nos assemblées élues par des panels d'experts et des conseils consultatifs, qui peuvent devenir de véritables centres de formation de la société civile. C'est vrai que découragée, bien longtemps négligée et outrée par le degré de déliquescence de bon nombre de nos institutions, notre élite, semble avoir « jeté l'éponge », en optant pour l'attitude de l'autruche et celle du laisser-faire ! Non ! Cette démission n'est pas l'attitude la mieux indiquée ! Elle ne saurait servir les intérêts de notre pays ! Femmes et hommes, cadres de la Nation, scientifiques, intellectuels, artistes, professions libérales, forces productives, gardiens de l'intégrité et de la sécurité de notre territoire et tous ceux qui comptent dans notre société, se doivent tout au contraire, de continuer malgré tout, à apporter leur contribution. Oui ! Il faut finir par s'en convaincre, nous avons tout pour réussir, pour peu que notre élite soit reconsidérée en tant que « locomotive » du « train Algérie » qu'elle est seule habilitée à mener à bonne destination ! Alors, pourquoi se priver des services de cette ressource humaine qualifiée, quand les autres lui font appel, au moindre frais pour leurs collectivités ? LE CHANGEMENT DU PLUS HAUT AU PLUS BAS NIVEAU Cette perspective pleine d'espoir doit commencer par un authentique changement qui prend dans le cas de notre société, la signification d'une véritable « révolution douce » mais impérative, sur les plans des mentalités héritées de l'État providence et des comportements d'une bonne partie de notre jeunesse formatée sur les effets collatéraux de la décennie noire, dans le propre style du : « je veux tout, tout de suite, ou j'occupe la rue, mais sans retour pour la collectivité nationale à laquelle j'appartiens » ! C'est là, un état d'esprit de gens gâtés, tires aux flans habitués à la facilité, qu'il faudra proscrire au plus vite, afin de restituer progressivement à notre société, ses marques et ses repères d'antan, s'il nous est permis de rêver ! Quoiqu'il en soit, cette mentalité n'est pas de nature à assurer l'émergence d'une société articulée autour de valeurs qui font référence : à la sacralisation du travail en tant que seule vraie source pérenne de richesses et à la solidarité nationale qui sous-tend, un effort collectif à percevoir comme la chose la mieux partagée, comme c'est de tradition dans les pays qui ont su donner un sens à leur existence et devenir de la sorte, des nations avancées. C'est dire que la mutation attendue, ne concerne pas que les pouvoirs publics, qui sont interpellés pour leur part, par rapport à l'inscription de toutes leurs actions dans les pratiques de bonne gouvernance qui fait référence : à la transparence, à la communication, au respect de la chose publique, à la compétence et à la probité des commis de l'État, comme à bien d'autres qualités. Elle doit toucher toutes les franges de notre société, de son plus haut à son plus bas niveau. Oui ! Nous sommes aujourd'hui, dans le besoin d'élaborer une sorte de charte autour de cette question déterminante pour le devenir de notre pays, qui se doit de se ressaisir, dans la perspective de son insertion durable dans le concert des nations dites civilisées, pour peu que nous daignons consentir les efforts nécessaires, sans lesquels rien n'est gagné d'avance. Cette perspective d'une vie en apparence simple, faite de travail dans la légalité et d'esprit d'abnégation, est paradoxalement pour nous, un objectif tellement difficile à atteindre pour notre société qui a perdu les bons reflexes de son fonctionnement. Mais il faut bien essayer en commençant par une restauration profonde dans tous les domaines de la vie politique, économique, sociale, culturelle et scientifique. Oui ! On peut y arriver ! Le changement c'est aussi, faire en sorte que la raison du plus fort (le gouvernant) ne soit pas forcément la meilleure, si la volonté existe dans le règlement des questions sociétales, dont les solutions font généralement appel à la recherche d'un consensus, autrement dit, à une communication permanente, à la transparence et en dernier ressort à l'arbitrage des pouvoirs publics. Oui ! Chacun de nous devra faire le nécessaire pour s'investir dans cette voie qui souligne avec force, cette volonté d'une société déterminée à s'en sortir. Ce n'est qu'au prix de cet effort collectif, que le bien-être sera correctement ressenti par nos concitoyens, en tout lieu de notre vaste territoire. Cette perception d'une croissance réellement partagée est en fait, le ciment d'une cohésion sociale sans cesse renouvelée. DU VIVRE ENSEMBLE DANS UNE ALGÉRIE APAISÉE ! Dans la perspective de la construction d'un modèle du « vivre ensemble » à l'échelle de notre société, la question de la citoyenneté doit être au cœur ce tout projet. Cet attribut qui fait la force des sociétés civilisées, n'est malheureusement pas, le signe distinctif de la notre. Il se définit par des valeurs, dont on peut évoquer au moins trois, qui lui sont traditionnellement attachées, à savoir : la civilité, le civisme et la solidarité. La civilité, cette chose qui nous est étrangère, est cette attitude de respect à la fois à l'égard des autres et de la chose publique. Le civisme n'est pas aussi notre fort, parce que rares sont ceux parmi nous, qui respectent les règles et lois en vigueur et qui ont conscience de leurs devoirs envers la société. De façon plus générale, le civisme est lié à un comportement actif du citoyen dans la vie quotidienne et publique. Alors ! Combien sont ceux qui peuvent honnêtement se prévaloir de cette qualité ! La solidarité qui a pour traduction un ensemble d'individus attachés à un projet commun, est qui a pour forme ancienne d'expression : la touiza, est peut-être la seule chose que nous pratiquons à peu près convenablement, à l'occasion d'événements majeurs. Le tout social sans retour tout au moins de plus de civilité comme par exemple ne pas jeter ses ordures par le balcon, ou dégrader les espaces verts et le mobilier urbain, est à proscrire au plus vite ! Il faut faire la pédagogie du mérite de la chose publique en interrogeant la conscience collective, dans une logique du donnant-donnant ! N'est-ce pas, que tout équipement à une valeur et correspond à une somme de labeur fourni par la collectivité et de sacrifices consentis par le trésor public ? Le détruire est donc un acte malveillant qui porte atteinte aux intérêts de la nation, qui se trouve ainsi retardée dans son développement. C'est dire, que la dichotomie qui consiste à percevoir la population toutes catégories confondues comme « gentille », parce que prédisposée à voter chaque fois que convoquée, et tous ceux qui veillent à son bien être comme la source de ses malheurs, est de toute évidence, le plus mauvais service qu'on rend à notre société. Cela veut dire qu'on glorifie les actes de vandalismes portés aux équipements publics réalisés par cette autre partie, qui est dans ce cas, le « beylik ». Sinon, à quoi a servi par exemple, le recasement des populations de Ali Mendjeli à Constantine, dans des logements neufs disposant de toutes les commodités, si cette entité urbaine continue à défrayer la chronique non pas ses actes de volontariat à l'échelle de son espace, mais à travers ses bandes de délinquants qui continuent à se livrer des batailles sans merci, ni répit, tout en portant atteinte à la quiétude des citoyens honnêtes qui n'ont pas fait le choix de la mixité qui leur fût imposée et pour lesquels, il est difficile d'assurer à leurs enfants une éducation correcte dans cette atmosphère de violence continue ! Ce n'est malheureusement pas un cas isolé, d'où cette nécessité d'investir au plus vite, le domaine de la sociologie urbaine afin de mieux cerner les mentalités et les comportements, à l'effet d'apporter les réponses les mieux appropriées. Oui ! Dans le « vivre ensemble » tout est affaire de culture qui détermine les comportements des individus et les rapports aux autres et à la société. C'est en fait, cette capacité à cohabiter sans dégrader sans environnement, à manifester avec le sourire et sans casser, à aimer se retrouver dans la convivialité d'espaces publics bien entretenus et à respecter les différences en libérant ainsi les initiatives. Dans un passer pas si lointain, on savait faire tout cela, lorsque les familles étaient impliquées ! Perçu comme une compétence partagée est non comme un projet imposé par une tierce partie, le chantier de reconstruction de la « maison Algérie », n'a de chance d'aboutir que s'il est accompagné par une conscience collective, ou chacun de nous devra apporter sa pierre à cet édifice qui doit nous rassembler et nous unir, en tant que nation convoitée et menacée dans ses frontières originelles ! Notre devoir est donc d'assumer pleinement notre destin du « vivre ensemble », en prenant option pour la construction d'un pays conforme aux seuls intérêts des générations futures et totalement inscrit dans les principes de l'égalité des chances et dans les préoccupations de son siècle ! Si tout cela est entrepris de bonne foi, l'on peut dire alors, qu'outre sa stabilité retrouvée, l'Algérie aura gagné en maturité, ce qui la prédisposera à s'inscrire durablement dans la voie du progrès et de la prospérité. Tel est mon vœu et telle est ma conviction ! * Professeur |
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