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Pourquoi l’acquisition de Djezzy par le FNI est une «bonne transaction»

par Ghiles EL KADI

L'annonce de la transaction Djezzy est une dépense forcément controversée. 2,6 milliards de dollars pour acheter une entreprise déjà présente en Algérie depuis plus de dix ans. Et si le rachat de Djezzy par l'Etat algérien n'était pas si insensé que ce qu'on aurait pu le penser? C’est au moins le point de vue de Adel Si Bouekkez, PDG de Nomad capital.

A première vue, peu de raisons justifient l'acquisition par l'état algérien d'une deuxième entreprise dans le secteur de la téléphonie mobile - après Mobilis, filiale d'Algérie télécom-, de surcroit au prix de 2.6 milliards de dollars, finalement assez proche des exigences l’ancien propriétaire de Djezzy, OTH de Naguib Sawiris. Mais à y voir de plus prés, «le potentiel économique et social de Djezzy reste considérable» pour le PDG de Nomad Capital, Mr Adel Si Bouekkaz qui voit lui la transaction comme un dénouement plutôt heureux : "ma première réaction fut un soulagement. Le litige à trop duré et à pénalisé tout le monde, Djezzy, ses clients, le secteur des télécoms, et une partie des ressources du gouvernement, cette solution de rachat n'est pas la plus mauvaise option, elle permet de débloquer une situation anxiogène, et le retour à un fonctionnement normal d'un acteur important de la téléphonie" rappelant que Djezzy restait malgré tout leader de son segment avec plus de 50% des parts de marché. La filiale algérienne de Vimpelcom-OTH emploie 5000 ressources directes.

FINANCIEREMENT, DJEZZY RESTE UNE VALEUR SURE

Toujours selon l’expert Si Bouekkaz, le rachat de Djezzy reste une bonne opération comptable, d'abord parce qu'il a été fait au prix des standards internationaux, une première victoire pour le Fonds National d'investissement, qui a évité de tomber dans la surenchère. Ensuite parce que, même affaiblit, Djezzy continue d'afficher des résultats intéressants, et à dégager des bénéfices de plusieurs centaines de millions de dollars par an. Son EBITDA est supérieur à 200M$ en 2013. Il ajoute que: "C'est un investissement qui est solidement en place, et dont une bonne partie a déjà était amortie, ce qui réduit considérablement le risque financier par rapport à un projet nouveau."

Le problème de rapatriement des dividendes se posera moins également, une bonne partie des résultats dégagés seront réinvestit pour restructurer l'entreprise, ainsi que pour moderniser et augmenter ses capacités techniques. Tandis que les dividendes versés iront remplir les caisses du trésor public algérien.

RETARD SUR LA 3G ? RIEN D'INSURMONTABLE

Rien d'inquiétant non plus, selon le patron de Nomad Capital, au sujet du retard pris par Djezzy, obligé de réduire considérablement ses investissements, -50% en 2012. Pendant la durée du litige, ses concurrents ont récupéré des parts de marché d'un coté, et pris de l'avance de l'autre, surtout avec le lancement de la technologie mobile 3G , un nouveau segment capital pour les opérateurs.

Pour Si Bouekkaz, " la téléphonie mobile est un secteur très réactif, une fois les installations faites, Djezzy va gagner très vite en part de marché multimédia, grâce à son déploiement et au nombre important de ses abonnés." Ajouter à cela le fait que les réels enjeux de la nouvelle technologie «restent à venir, avec la lutte pour l'édition de contenus digitaux » et la prise de participation dans les NTIC, souligne-il.

"MANAGEMENT SOUS CONTRAINTE PUBLIQUE", LE REVERS DE LA MEDAILLE

Oui mais voila, avec 51% des parts qui vont appartenir désormais au Fonds National d’Investissment (FNI), Djezzy devient une entreprise publique, avec toute la connotation négative que cela comporte, lourdeur administrative, manque de réactivité, centralisation de la décision...de quoi s'inquiéter donc, même si Mobilis a réalisé beaucoup de progrès managériaux ces dernières années.

Pour éviter des conflits de gouvernance, un pacte d’actionnaires a été signé entre les deux parties, Il permet à VimpelCom de conserver le contrôle managérial et opérationnel d’OTA mais confère au FNI des droits de veto sur les grandes décisions stratégiques.

Enfin pour conclure, "L’acquisition d’une participation de 51% dans OTA s’inscrit parfaitement dans la mission confiée par les pouvoirs publics au FNI de participer au développement économique de l'Algérie", a indiqué M. Ahcene Haddad, PDG du FNI. Pour M. Haddad, cet investissement traduit notre volonté "de participer à la croissance d’une entreprise de haute technologie, à forte valeur ajoutée, profitable et présente dans un secteur clef du développement d’une économie moderne."