
« Une menace de
grève pèse sur le chantier de tout le tronçon de l'autoroute Est-Ouest allant
de Bordj Bou-Arréridj jusqu'à El-Tarf», nous a déclaré hier le président du
syndicat d'entreprise Cojaal, M.Nakib Hocine. Ce dernier a soutenu qu'il y a
actuellement un conflit entre le syndicat d'entreprise et le secrétaire général
de l'union de wilaya (UW) de l'UGTA de Skikda, M. Zaïr Saïd, dont l'objet porte
sur le contrôle de l'argent du fonds des œuvres sociales des travailleurs de
Cojaal. «M. Zaïr menace de me destituer parce que je n'ai pas voulu accéder à
ses demandes d'argent, chaque fois renouvelées, et puisées du fonds des œuvres
sociales», a expliqué Nakib en considérant que la prétention de ce responsable
syndical de mettre fin à ses fonctions ne repose sur aucun texte réglementaire
et serait en contradiction avec les statuts et le règlement intérieur de
l'UGTA. Il a indiqué ensuite qu'une première fois déjà, le syndicat
d'entreprise a accordé à l'Ugta de Skikda, à titre de don, plus de 121 millions
de centimes. Maintenant, il revient à la charge en menaçant carrément de
destituer le secrétaire général du syndicat d'entreprise de Cojaal s'il ne lui
remettait pas d'autres sommes importantes puisées du fonds des œuvres sociales.
Selon Nakib, depuis le 24 février dernier, M. Zaïr exerce un véritable chantage
sur lui et l'a convoqué à deux reprises dans son bureau, une fois à titre
individuel et une seconde fois avec l'ensemble des sections syndicales, et ce
dans l'intention évidente de le destituer de son poste à la tête du syndicat d'entreprise
de Cojaal. «Mais nous n'avons pas obtempéré à ces convocations car toutes les
sections syndicales ont considéré que le responsable de l'Ugta de Skikda n'a
pas de tutelle organique sur leur syndicat d'entreprise qui coiffe plusieurs
wilayas et dont le siège social se trouve à Aïn-Smara, dans la wilaya de
Constantine», a affirmé notre interlocuteur
Et d'expliquer
encore que dans ce conflit syndico-syndical, toutes les sections syndicales de
ce grand chantier ont manifesté leur solidarité à sa personne en rejettant
carrément la menace de destitution proférée par le responsable de l'Ugta de
Skikda. «S'il viendrait à mettre à exécution sa menace, dit M. Nakib, cela
provoquerait de graves perturbations sur tout le chantier de l'autoroute, car
les travailleurs savent pertinemment que si je suis destitué les négociations
sur la convention collective vont s'arrêter et avec elles les prestations
délivrées par le fonds social. C'est donc leurs intérêts qui sont en jeu. Et
pour dénoncer les agissements de Zaïr, ils menacent de déclencher une grève
générale et paralyser le chantier, et ce pour provoquer l'intervention des
autorités syndicales compétentes et mettre un frein aux prétentions de M. Zaïr
sur le syndicat d'entreprise de Cojaal et le fonds social des travailleurs». Et
d'insinuer que l'activité sur le chantier marche au ralenti car, selon lui, les
travailleurs sont perturbés par ce problème. Contacté hier par nos soins, le
secrétaire général de l'union de wilaya de l'UGTA, M. Zaïr Saïd, nous a fait entendre
un autre son de cloche. Il confirmera tout d'abord que Nakib a été
effectivement limogé pour deux raisons : la première ne fait que répondre à la
demande de la majorité des sections syndicales représentants les 2000
travailleurs de la wilaya de Skikda activant sur le chantier. La seconde
raison, affirme M. Zaîr, est qu'il est reproché à M. Nakib d'avoir signé avec
les représentants japonais de Cojaal une convention stipulant qu'il n'y aura
pas d'augmentation des salaires des travailleurs pendant trois ans. «Ceci a
rendu furieux les travailleurs du chantier qui sont en majorité de notre
wilaya, a indiqué le SG de l'union de wilaya UGTA. Ce dernier a réfuté
l'argument concernant la compétence organique en affirmant que c'est son
instance qui avait installé Nakib à la tête du syndicat d'entreprise et qu'elle
est donc compétente pour le destituer. «Nous l'avons convoqué à plusieurs
reprises, mais il ne s'est pas présenté. La semaine prochaine, nous réunirons
les représentants des sections syndicales pour élire son remplaçant», a affirmé
M. Zaïr. Quant à la question de l'argent du fonds des œuvres sociales, il
affirmera que c'est une procédure normale qui se fait par écrit pour demander
le reversement des sommes recueillies par le syndicat d'entreprise et provenant
de la vente des cartes d'adhésion des travailleurs.