Le scrutin du 17
avril a globalement été relégué au second plan de l'actualité internationale
par l'ensemble des grands quotidiens dans le monde, hormis la presse française
qui, comme d'habitude, reste collée à l'actualité politique algérienne. Car
autant aux Etats-Unis que dans les pays arabes, peu d'intérêt a été accordé à
ce scrutin par les grands quotidiens. Hormis donc le New York Times qui a
publié ces derniers jours des papiers de fond sur l'environnement politique,
social et économique de ce scrutin, seul le très respecté The Washington Post
est revenu hier vendredi sur ce vote, avec une reprise de dépêches d'agences de
presse. Il n'a réservé aucun commentaire à l'événement. Par contre, le
quotidien libanais L'Orient le Jour est largement revenu quant à lui sur
l'événement et compense le peu d'intérêt de la presse arabe, notamment
?'khalijie'' à l'événement. Car si Ashark Al Awsat, édité à Londres, publie en
Une la photo du président en train de voter, il se contente en pages
intérieures de rapporter le déroulement du scrutin, sans commentaire. Par
contre, le quotidien francophone libanais, proche des milieux druzes et de la
communauté chrétienne, réserve de larges commentaires à l'événement et
plusieurs articles. En Une, il annonce que ce scrutin est ?'en Algérie, un
non-événement pour assurer la stabilité et la paix''. Il poursuit: ?'les
Algériens ont voté hier sans se bousculer pour élire leur président lors d'un
scrutin sans surprise, le sortant Abdelaziz Bouteflika qui a déposé son
bulletin en fauteuil roulant, apparaissant comme le favori''. Dans un article
sur ce scrutin, intitulé ?'la grande bouderie'', le même journal paraissant à
Beyrouth relève que ?' ce bon peuple se réfugie dans la seule possibilité qui
lui reste de manifester son ras-le-bol : le boycottage de l'élection. Les
chiffres donnent une idée de la montée de la colère, au fil des ans, dans les
rangs de la masse : le taux de participation était de 79,76 pour cent au
référendum de septembre 2005, il est descendu à 74,56 pour cent lors de la
présidentielle d'avril 2009 et à 43,14 pour cent aux législatives de mai
2012''. Il ajoute que ?'le pouvoir a beau rappeler le terrible souvenir des
années quatre-vingt-dix et de leurs dizaines de milliers de morts (on parle de
200 000 victimes de la folie islamiste de l'époque), rien n'y fait, le semblant
de catharsis a perdu de sa puissance. Et le président de son charisme.'' Par
contre, la presse française, est plus prolixe, avec pratiquement des envoyés
spéciaux représentant les grands tirages quotidiens ou hebdomadaires. Le Parisien
relève ainsi, à propos de ce scrutin, que ?'les jeux sont faits. L'élection
présidentielle algérienne s'est tenue ce jeudi dans un climat tendu, marqué par
des heurts entre gendarmes et habitants hostiles au vote, qui ont fait 70
blessés. Quelques heures après la fermeture des bureaux de vote, les partisans
du président sortant Abdelaziz Bouteflika, favori du scrutin, ont commencé à
célébrer sa victoire dans les rues d'Alger, tandis que son principal
challengeur, Ali Benflis dénonçait une «fraude à grande échelle». Même ambiance
chez Le Monde qui a écrit que ?'Bouteflika a voté en fauteuil roulant. Dans la
matinée, Abdelaziz Bouteflika, qui brigue un 4e mandat, avait effectué sa
première apparition publique depuis le 8 mai 2012 en allant voter, en fauteuil
roulant, à l'école Cheikh Bachir El-Ibrahimi à El-Biar, sur les hauteurs
d'Alger. Souriant, il a glissé son bulletin dans l'urne, entouré de deux de ses
frères, dont Saïd, son conseiller spécial, et d'un jeune neveu. Il a également
salué la presse de la main mais n'a fait aucune déclaration. Durant la campagne
du 23 mars au 13 avril, les Algériens n'ont pu le voir qu'à trois reprises à la
télévision, recevant de prestigieux invités''. Démarche innovante, par contre,
par l'hebdomadaire L'Express qui a préféré centrer son attention en laissant sa
journaliste vedette José Garçon, répondre à des internautes sur les enjeux de
ce scrutin, en écrivant en Une: Algérie: «L'enjeu du scrutin, c'est la
participation, pas la fraude». A une question d'un internaute si l'Algérie est
réellement indépendante, donc, José Garçon, réputée spécialiste de l'Algérie,
répond: ?'Les successions présidentielles ont toujours été le résultat d'un
«consensus» au sommet de l'Etat qu'on demande ensuite aux Algériens et aux
Algériennes d'avaliser par leur vote. Beaucoup d'opposants considèrent
effectivement que les Algériens ont été dépouillés de leur souveraineté par un
pouvoir qui s'est attribué tous les pouvoirs depuis l'indépendance, dispose à
sa guise de la rente pétrolière et qui a verrouillé toutes les libertés. Si les
autorités algériennes tiennent à ce point à organiser des élections
présidentielles -qui n'ont jamais été «ouvertes»- c'est parce qu'elles tiennent
par dessus tout à leur image de marque et sont très «légalistes». Mais ce sont
toujours elles qui décident du candidat qui sera «avalisé» par un vote''. Un
point commun repris en chœur par l'ensemble des médias dans le monde sur ce
scrutin: le Président sortant a voté sur un fauteuil roulant. Presse arabe,
francophone, anglophone, lusophone ont été unanimes à relever ce fait, photo en
page une. Enfin pour le quotidien socialiste espagnol El Pais, «le désespoir et
l'apathie ont marqué les élections en Algérie».