
Décidément, la
destination Tunisie, pour bon nombre d'Algériens, ne se limite plus aux
vacances d'été et aux fêtes de fin d'année, mais bien au-delà puisque, ces
vacances de printemps ont drainé la grande foule vers les postes frontaliers de
Oum Theboul et El Ayoun, dans la wilaya d'El Tarf. En effet, rien que pour le
poste de Oum Theboul, le plus prisé de tous les postes frontaliers terrestres,
avec la Tunisie, ils étaient quelque 6.300 personnes à y transiter, durant ces
vacances de printemps, selon des statistiques fournies par les services de la
PAF et quelque 1.500 personnes par celui d'El Ayoun, dépassant, au total,
allègrement la barre des 100.000 personnes. La plupart de ces touristes
algériens, venus des quatre coins du pays, sont des familles. Il y avait,
aussi, des bus des agences de voyages qui ont, pour la circonstance, réalisé de
bonnes affaires avec les tarifs des séjours proposés dans des hôtels 3, 4 ou 5
étoiles, c'est selon, à Nabeul, Hamamet et Sousse. D'autres Algériens ont fait
le déplacement avec «les clandestins» qui font le trajet vers Tunis, la
capitale à partir de Annaba, Constantine et Sétif.
Aux postes
frontaliers, surtout à Oum Theboul, la file des voitures a dépassé, par
moments, quelques centaines de mètres et l'attente pour l'accomplissement des
formalités prend des heures, au grand désarroi de ces familles et de ces jeunes
qui n'arrivent pas à s'expliquer la lenteur de ces formalités, comparativement
au côté tunisien où la chose ne dure pas dix minutes par personne. C'est un peu
la seule contrainte, dira un père de famille tout en se montrant compréhensif
pour le travail des préposés dont l'accomplissement des formalités doivent
observer une extrême vigilance, face aux détenteurs de faux passeports ou
autres personnes suspectes qui chercheraient à traverser la frontière. Ceci
dit, la destination Tunisie semble attirer, de plus en plus, d'Algériens dont
certains sont devenus, carrément, accrocs à l'image de cette petite famille de
Annaba dont le père, sans détours, nous a déclaré que passer quatre nuitées
dans un hôtel potable pour un prix très raisonnable, emmener les enfants au
parc, flâner ici et là, faire quelques petits achats, lui coûtent à peine 4
millions de centimes, soit l'équivalent de 600 DT.
El Hadj Naouri,
habitant de Chihani, habitué à se rendre à La Mecque, n'est pas allé en Tunisie
depuis de longues années mais, c'est sur insistance de ses enfants qui ont bien
travaillé à l'école, qu'il s'y était rendu pour quelques jours de vacances. Un
couple de médecins de Constantine, avec leurs deux enfants, ont tenu à nous
faire savoir qu'ils connaissent, parfaitement, de nombreuses villes
tunisiennes, la capitale qui n'a pas de secrets pour eux, tout comme les villes
de Nabeul, Hamamet, Klibiua, Sousse, Kérouan, Monastir, Mahdia et même Djerba
et Tozeur dans le Sud, mais leurs enfants Sarah et Iheb adorent aller au parc
de Hamamet et à celui du Belvédère, à Tunis. Les Souks El Arbi, connus pour
leurs ruelles étroites et tortueuses, parsemées de petits magasins alignés qui
vendent toutes sortes de choses, sont très fréquentés par de nombreuses
familles algériennes car les prix y sont abordables par rapport aux magasins
des centre-villes avec, cependant la vigilance face aux éventuelles duperies et
aux pickpockets qui risquent aussi de vous subtiliser argent, portable au cas
où vous ne resterez pas sur vos gardes. Pour les gens qui se déplacent avec
leur véhicule, la nuit n'est plus sûre et il est préférable d'opter pour le
parking. Enfin, pour les uns et les autres, parmi les gens que nous avons
rencontrés, la frustration était palpable s'agissant d'endroits en Algérie où
on peut, avec les moyens de bord, passer quelques jours tranquilles de vacances
et où la notion de tourisme, au sens noble et économique du terme, a encore du
chemin à faire, pour ceux qui ne peuvent aller en Turquie ou à Dubai.