«Quoique rien ne
puisse justifier les violences qui secouent depuis des mois l'Unité de
Voisinage n° 14 », précisera le wali de Constantine, M. Hocine Ouadah, il
reconnaîtra que « les causes réelles à l'origine des affrontements violents
entre les habitants des ex-bidonvilles de Oued El Had et Fedj Errih demeurent
incompréhensibles, voire indéterminées ».
Sans trop donc
s'attarder sur les raisons qui poussent ces habitants sur les sentiers des
batailles rangées, le wali a plutôt axé son intervention lors de la rencontre
tenue avant-hier à la Maison de Jeunes Azzedine Medjoubi à Ali Mendjeli, en
présence d'un commandant de la Gendarmerie Nationale, du chef de Sûreté de
wilaya, du chef de daïra d'El Khroub, du P/APW et du maire, et des
représentants des habitants des deux camps belligérants, sur les voies et
moyens à mettre en œuvre pour « tourner définitivement la page de ces
événements honteux », a-t-il estimé. Dans les débats engagés entre le wali et
les représentants des habitants, scindés dans la salle en deux groupes
distincts, les mots étaient lourds de sens pour décrire un vécu terrible qui
dure depuis une année, selon l'un des habitants. Le wali lui-même reconnaîtra
qu'il s'agit là d'une forme de terrorisme qui a cours dans les rues de ce
quartier. « J'ai été stupéfait par la nature des armes saisies par les services
de sécurité, indiquera-t-il, des armes qui nous renvoient à une sombre époque
historique ». De leur côté, les représentants des habitants n'ont pas arrêté de
se jeter des accusations réciproques, genres « ce sont eux qui ont commencé les
hostilités », ou « nous, on ne fait que nous défendre contre leurs assauts ».
Des réactions qui en disent long sur la fracture profonde et les inimitiés
entre les uns et les autres, présageant de chances réduites quant à une
réussite de la démarche conciliatrice initiée par le wali de la wilaya de
Constantine, à l'enseigne de l'échec connu par d'autres initiatives similaires.
Certainement conscient de la difficulté de la tâche, le wali avouera qu'il faut
emprunter la voie des « petits pas » pour sortir de cette situation. Mais, il
préviendra que cette rencontre vise à « tenter, une dernière fois, de trouver
une solution concertée et à l'amiable à ces problèmes de violence, avant de
passer à l'application de la loi dans toute sa rigueur ». En tout cas, la
démarche en question n'a pas semblé convaincre certains habitants dont les
maisons ont été incendiées, pour eux il fallait appliquer la loi dans toute sa
rigueur sans rien attendre. C'est l'avis clamé par un autre représentant des
habitants, « cela ne marchera pas », lancera-t-il dans ce sillage. Dans cette
atmosphère, le wali maintiendra le cap et appellera les représentants des
habitants à se constituer en deux comités de quartiers, vu l'impossibilité de
constituer un seul comité, afin d'initier un dialogue serein entre les deux
parties. « Organisez-vous en associations de quartiers et laissez-moi la suite
de l'initiative », leur lancera-t-il. Ajoutant dans ce sens qu'il espère que la
prochaine rencontre se tiendra sur le site même de l'UV n° 14. Un site où le
wali en personne, effectuant récemment une tournée en solo et dans l'incognito,
a été apostrophé par un habitant qui lui conseillera « de quitter immédiatement
les lieux ! ».