
Maintenant, c'est
une évidence, le pont Transrhumel ne sera pas ouvert à la date symbole du 16
avril comme l'ont souhaité les autorités locales. Et pour cause, des problèmes
de glissement de terrain sont apparus au niveau du pylône n°4 implanté sur la
rive droite du Rhumel, côté Djenane Tchina, et cet inconvénient découvert
récemment empêche la finition du tablier du pont auquel il manque quelques
mètres pour être relié complètement. Interrogés, plusieurs travailleurs
algériens du chantier, piloté comme on le sait par la société brésilienne
Andrade Guttierez, se sont montrés formels dans leurs réponses en expliquant
que «voilà maintenant plus d'un mois que de grands travaux de renforcement sont
menés aux pieds de ce pylône pour essayer de le stabiliser. Des forages sont
effectués à des profondeurs allant jusqu'à 30 mètres pour placer des pieux en
béton destinés à renforcer la base du pylône. Ce dernier a été certainement
fragilisé par des infiltrations d'eau descendant du Chalet des pins qui ont
provoqué le glissement de terrain». Certains avis de spécialistes soutiennent
que l'on a découvert, tard, l'existence d'un véritable caniveau par où
ruisselle l'eau qui se déverse dans l'oued Rhumel, tandis que d'autres ont
considéré qu'il faut relier ce phénomène à celui dont est victime le pont de
Sidi Rached. «Alors qu'il n'est pas encore terminé, le pont Transrhumel
risque-t-il de connaître le même sort que celui du vieux pont en pierres ?», a
demandé l'un de nos interlocuteurs. Il n'y a pas que ceux-là. Même au sein de
l'opinion publique, qui suit de près l'évolution des travaux sur le pont, on se
demande pourquoi les constructeurs sont revenus encore à grand renfort de
matériel pour mener des travaux sur la base du pylône ? De sources bien
informées, on nous a indiqué que «le pylône avait bougé et le nouveau chantier
qui est là depuis un certain temps va essayer de le stabiliser». Contacté
aussi, un cadre de la société AG, qui s'est exprimé sous le couvert de
l'anonymat, nous a confirmé qu'il y a effectivement «un problème technique au
niveau du P4, puisqu'on vient d'appeler à la rescousse une société venue
directement du Brésil pour essayer de régler le problème au niveau du P4. Et
tant que ce problème subsiste, on ne peut pas ajuster et relier complètement le
tablier du pont dont il ne reste que trois à quatre mètres tout au plus»,
a-t-il ajouté. Interrogé sur les déclarations faites récemment par les
responsables du chantier à propos de la matière isolante dont on attend
l'arrivée de Belgique et des Etats-Unis, ce cadre a rejeté cette affirmation en
soutenant d'une manière catégorique que c'est là un prétexte pour justifier le
retard pris dans la finition du chantier. «En toute sincérité, a-t-il dit, je
pense que le pont, dans sa partie enjambant l'oued Rhumel et reliant El-Fedj au
Chalet des pins, ne sera pas livré de sitôt et il faut attendre un minimum de
trois mois pour que cela soit fait. Si du moins le problème du P4 est
définitivement réglé». Interrogé hier, M. Aber, chef de service des
infrastructures de base à la direction des travaux publics de la wilaya (DTP),
a démenti les rumeurs concernant le glissement de terrain et le prétendu
problème détecté au niveau du P4 en affirmant que les travaux qui se mènent
actuellement à ce niveau rentrent dans le cadre «de la continuation du projet»,
a-t-il affirmé sans plus.
Quant à la
livraison du viaduc le 16 avril prochain, le même responsable a indiqué que
cette date reste aléatoire et sujette à l'arrivée de la fameuse matière
synthétique destinée à régler le problème d'étanchéité sur le pont. En ce qui
concerne le coût du projet, M. Aber a rappelé qu'après évaluation et
«intégration des travaux supplémentaires», le coût total du projet du
Transrhumel, initialement fixé à 14,8 milliards de dinars, est estimé maintenant
à près de 19 milliards de dinars.