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Après le 17 avril on «rasera gratis»

par Kharroubi Habib

Les candidats et leurs états-majors doivent déchanter car la campagne électorale s'avère pour eux difficile à mener tant les citoyens manifestent de l'indifférence à son déroulement. Ils le constatent amèrement au vu des maigres auditoires que rassemblent leurs meetings, dont certains ont été purement et simplement annulés faute de présence citoyenne.

Il se passe comme si les citoyens considèrent leur campagne électorale en cours comme n'étant qu'un écran de fumée destiné à cacher que l'élection présidentielle est jouée avant d'avoir été organisée. Bien qu'ils ne ménagent pas leurs critiques et dénonciations à l'encontre du système et du président candidat, des compétiteurs sont à tort ou à raison perçus comme ayant accepté de participer à «l'enfumage» en servant de «lièvres» à un vainqueur déjà connu qui n'est justement autre que le président sortant.

Pour tenter de convaincre que cette perception de leur participation à l'élection présidentielle est fausse, les candidats que l'opinion qualifie de «lièvres» durcissent peu à peu leurs interventions jusqu'à se laisser aller à verser dans l'attaque «au bas de la ceinture» contre le président candidat et son camp mais aussi histoire de s'en démarquer contre les autres compétiteurs. Il est en train en conséquence de s'instaurer un débat politique durant cette campagne qui est au «ras des pâquerettes». Ce qui n'est pas pour susciter l'intérêt des citoyens et les convaincre de se départir de leur indifférence.

Tous les camps en compétition pour cette élection présidentielle ont promis qu'ils mèneront campagne sur la base de discours responsables axés sur les questions de fond qui importent pour les Algériens et développant les réponses programmatiques qu'ils entendent leur apporter dans le cas où les électeurs les distingueront le 17 avril. Ce qui ressort de leurs interventions en cette première semaine est que chacun promet qu'avec lui l'après 17 avril verra la réalisation de toutes les attentes populaires, la fin de tout ce que les citoyens dénoncent comme étant les tares du système qu'ils subissent depuis l'indépendance. Et dans ce genre de promesse, les représentants du président candidat symbole de ce système ne sont pas les plus avares. Comment s'y prendront-ils pour que l'après 17 avril aille vers ce qu'ils promettent ?

Aucun des candidats n'est porteur d'un programme global et cohérent. Tous égrènent les mesures qu'ils prendront qui font apparaître un point commun à ceux qui les énoncent, celui d'être dans le populisme le plus méprisant pour l'intelligence des électeurs qu'ils courtisent. Tous leur promettent en effet qu'on «rasera gratis» après le 17 avril. Sauf que ces électeurs tenant à garder leurs attributs capillaires ont choisi de ne pas entendre leur promesse et de boycotter les manifestations où ils la leur délivrent.