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Après une nuit
sinistre, l'UV 14 à Ali-Mendjeli (Constantine) ressemblait hier au petit matin
à un bourg ravagé par le feu qui a noirci plusieurs murs des bâtiments.
Les rues jonchées de pierres et de barres de fer, les vitres brisées des maisons ainsi que la devanture démolie du CEM, accentue encore la dévastation des lieux. Avec les affrontements violents qui durent depuis cinq nuits consécutives, la situation s'est gravement détériorée lors du dernier face-à-face nocturne entre les antagonistes, ex-habitants des bidonvilles Oued El Had, Fedj Errih, Chaâbani et l'Onama (ces derniers sont relativement épargnés par le conflit et les assauts des belligérants). Dans la nuit du mardi au mercredi, les attaques se sont caractérisées par une «sauvagerie rare», selon les témoignages des habitants qui nous ont décrit des scènes poignantes de femmes et d'enfants en détresse qui ont déserté leurs appartements en pleine nuit pour aller demander protection auprès du commissariat de police. Aux environs de 23 heures, des assaillants ont investi deux blocs d'un bâtiment qui regroupe des habitants de l'ex-bidonville Chaâbani, puis ils tenteront de violer les domiciles, chose qui a provoqué une panique générale. Les cris des femmes et des enfants déchiraient la nuit au moment de cette attaque menée à coups de barres de fer et de cocktails Molotov. Le feu s'est déclaré dans les escaliers et, dans la fumée, les habitants suffoquaient. Et, comme presque tout le monde s'est équipé pour ce genre de situation, on a vite sorti les masques. Des témoignages rapportent que les bandes sont tellement organisées, tellement préparées à ces affrontements, que leurs membres portent tous des casques de motocyclistes pour se protéger des pierres et autres coups de barres de fer. Ils adoptent une stratégie bien fignolée dans des positions défensives ou offensives, avec des groupes d'assaut très distincts arrivant par vagues successives, selon l'arme de chaque groupe (pierres, cocktail Molotov ou armes blanches de poings). Les services de sécurité antiémeute tenteront de les disperser à coup de bombes lacrymogènes, mais là aussi, les assaillants disparaissent comme par enchantement dès qu'il y a intervention policière. Comme dans les tactiques adoptées par les troupes en temps de guerre, les belligérants sont bien préparés aussi pour toute retraite, car ils s'engouffrent rapidement à l'intérieur des blocs et dans les maisons dès l'apparition de la force publique, de sorte qu'à leur arrivée, les policiers trouveront place nette, avant que les hostilités ne reprennent dès qu'ils auront le dos tourné. On apprendra de source policière que trois individus ont été appréhendés ces deux derniers jours, et l'on enregistre plusieurs blessés parmi les antagonistes ainsi que dans les rangs des policiers qui ont été touchés par des projectiles dans leur intervention dans ce conflit qui a totalement défiguré cette unité de «mauvais» voisinage. |
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