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Pas d'appel au
boycott, mise en cause très lisible de l'aptitude de M.Abdelaziz Bouteflika à
exercer la fonction de président -et donc à être candidat-, pas d'allusion
directe au mauvais gag de Sellal qui a suscité l'émoi chez les Chaouia, mais
expression très claire d'une inquiétude sur une situation d'impasse.
Le message de Liamine Zeroual diffusé mercredi en début de soirée par des sites électroniques n'a rien de doux pour Bouteflika et les partisans du 4ème mandat. Il dresse un bilan peu réjouissant des trois mandats de Bouteflika avec un point noir majeur, celui de la remise en cause, en 2008, de la limitation des mandats présidentiels introduite sous sa présidence, dans la révision constitutionnelle de 1996. Cette révision constitutionnelle qui a ouvert la voie à des mandats à répétition pour Bouteflika a, aux yeux de Zeroual, « profondément altéré » la marche de l'Algérie vers la démocratie et l'alternance au pouvoir. C'est un dispositif qui devait permettre, sans violence, d'aller vers un Etat moderne et « de consolider la solidarité intergénérationnelle et de conforter la cohésion nationale ». Bref, cette révision a empêché le passage du flambeau et constitue un élément aggravant de la crise. SAADANI PLUS GRAVE QUE SELLAL De manière plus actuelle, c'est aussi bien en ancien président qu'en ex-ministre de la Défense et officier supérieur de l'ANP qu'il relève une « série d'évènements et de déclarations, autant multiples qu'inhabituels ». Mais dans l'échelle des dérapages on devine clairement qu'aux yeux de Zeroual, ce n'est pas le gag de Sellal qui est le plus grave mais bien ce qu'il lui semble des tentatives de mettre à mal la cohésion de l'armée. En clair, le pire a été la sortie d'Amar Saâdani, secrétaire général du FLN et « homme du président », contre le général Mohamed Médiene dit Toufik, chef du DRS. L'institution militaire, écrit-il, s'est vue récemment « exposer à une regrettable diatribe dont la finalité n'est autre que celle de fragiliser de nouveau l'appareil national de défense et sécurité nationales et d'ouvrir ainsi la porte aux multiples dangers qui guettent l'Algérie ». Une mise en cause grave même si Liamine Zeroual se dit convaincu que l'armée est « parfaitement compétente pour faire face à de tels dangers? ». Il a souligné que sa « cohésion interne » et «son essence populaire » sont les vrais facteurs de sa puissance ». Dans sa défense de l'armée, Zeroual inclut clairement le DRS dont la mise en cause publique et sans précédent par un responsable d'un parti du pouvoir, a confirmé l'ampleur de la crise au sein du régime. Mais autant Zeroual défend l'armée, autant il éreinte le bilan de Bouteflika dont il met en cause l'aptitude à exercer une fonction présidentielle qui est une « lourde et délicate charge, autant morale que physique ». LA DERNIERE CHANCE Pour que la charge soit « honorablement assumée » elle «exige d'être entourée d'un certain nombre de conditions» dont «essentiellement celles qu'édicte formellement la Constitution d'une part, et celles qu'impose l'éthique des règles protocolaires liées à l'exercice de la fonction, d'autre part ». Cette incapacité est aggravée par le fait qu'aux yeux de Zeroual, le prochain mandat est celui de la dernière chance d'éviter les chocs. « Le prochain mandat présidentiel est le mandat de l'ultime chance à saisir pour engager l'Algérie sur la voie de la transition véritable ». Car la mission du prochain chef d'Etat est d'aller vers un «consensus national autour d'une vision partagée sur l'avenir de l'Algérie ». Ce consensus doit être « partagé par les principaux acteurs de la vie nationale», et doit être «nécessairement couronné, en dernière instance, de l'assentiment souverain de l'ensemble du peuple algérien ». BENFLIS PAR DEFAUT ? Il est clair qu'aux yeux de Zeroual, ce n'est pas Bouteflika qui peut porter ce projet. Non seulement pour des raisons liées à son aptitude physique mais également à son bilan politique. Le thème du consensus national, déjà évoqué par d'autres acteurs politiques, commence à devenir un élément central de l'après 17 avril. L'ancien président évoque les mouvements de contestation qui se sont exprimés contre le 4ème mandat avec une forte sympathie puisqu'il y voit l'expression d'une « effervescence citoyenne » qui a une « ambition légitime », celle «d'apporter sa propre contribution à l'édification d'un nouvel ordre politique ». Zeroual n'ignorant pas qu'il est difficile, à moins de survenance d'évènements extraordinaires, de stopper le processus électoral, n'appelle pas au boycott. Il appelle même les gens à aller voter. Et dans sa lettre, on devine clairement qu'il ne votera pas Bouteflika. Et que par défaut, son texte peut-être lu comme un soutien à Ali Benflis. |
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