Si le lancement du programme de restauration des sites et monuments
historiques de la vieille ville conçu en prévision de la manifestation de 2015
a reçu un accueil mitigé de la part de la population, on ne peut pas dire
autant des commerçants qui expriment franchement de l'hostilité aux relevés
topographiques qui se font quotidiennement aux devantures des locaux. Hier, les
commerçants de la partie haute de la casbah, notamment ceux de R'cif et de
Rahbat Essouf, nous ont fait part de leur angoisse en posant des questions sur
leur avenir. «Qu'allons-nous devenir puisque l'on parle de certaines parties
qui seront détruites ?», se sont interrogés hier les membres de l'association
des commerçants de R'cif en expliquant qu'ils venaient de rencontrer, la veille
seulement, le chef de cabinet du wali qui leur aurait affirmé que leur cas va
être étudié et pris en charge. «Que signifie ce mot «étudié» si l'on considère
que le chef de cabinet nous a déclaré formellement que nous n'ouvrons pas droit
au bénéfice de stands et de locaux dans les nouveaux marchés de proximité qui
se construisent au niveau de la wilaya et dont un certain nombre a été terminé
?», a demandé M. Azizi, président de l'association des commerçants de R'cif en
indiquant qu'ils sont plus de 650 commerçants installés dans les rues et
ruelles de Casanova, Souk-El-Asser, Rahbet Essouf et R'cif, dont 550 étals de
commerçants informels installés en pleine rue. «Le chef de cabinet nous a
indiqué simplement que nous allons demeurer sur place», a ajouté le commerçant.
Et son collègue, représentant des commerçants informels de Rahbet Essouf, M.
Gamouh, d'abonder dans le même sens en s'élevant contre la décision des autorités
qu'il considère inique : «Pourquoi un nouveau commerçant informel qui s'est
installé à la nouvelle ville il y a seulement une vingtaine de jours a le droit
de bénéficier d'une place dans ce genre de marché alors que nous, qui sommes là
depuis 1994, avons été exclus de ce bénéfice ?». Et de réclamer «le droit»
d'être évacué dans un marché de proximité. Reprenant la parole, M. Azzizi
signale que l'on parle de la démolition du tunnel qui débouche de R'cif à
Rahbet Essouf et qui renferme 17 commerces, dont le sien. Et de lancer sous
forme de menace que «les commerçants ne vont pas se laisser faire en croisant
les bras. C'est le même cas pour ceux qui vont se trouver sur le passage des
engins chargés des démolitions. Moi, je vous le dis, il risque d'y avoir des
heurts avec les gens des chantiers et des manifestations violentes de la part
des concernés parce qu'il s'agit tout de même de leur gagne-pain. Nous, on ne
veut pas qu'il y ait de la fitna», termine-t-il. Au passage, nous avons
contacté le bureau du syndicat des commerçants de l'UGCAA, en la personne de M.
Ayad Nabil. Ce dernier nous a informé que son organisation a pris en charge ce
dossier. «Ces commerçants n'ont pas à s'inquiéter, a-t-il dit d'entrée, parce
que, dans le cadre du programme d'embellissement et d'agencement des devantures
des commerçants, la commission installée par le wali et dont nous faisons
partie, prévoit que les commerçants légaux et les commerçants informels de la
vieille ville, pourront être stabilisés et intégrés dans le paysage» car, selon
ses déclarations, le principe retenu s'appuie sur la conservation du charme de
la vieille ville, avec son environnement typique. «Nous allons convoquer ce
soir leurs représentants pour dissiper leurs inquiétudes et leur expliquer la
démarche retenue par les autorités en ce qui les concerne et aussi leur
demander leur collaboration pour réussir le programme d'embellissement»,
dira-t-il. Le syndicaliste n'a pas voulu en dire plus et s'est contenté de nous
donner rendez-vous pour aujourd'hui, mercredi, afin de connaître les résultats
de la concertation qu'ils vont mener avec les commerçants.