Le nombre d'intoxications aiguës enregistré à l'unité de toxicologie du
service de pharmacologie toxicologie, du CHU d'Oran, connaît, d'année en année,
une ascension fulgurante. Quelque 800 cas ont été enregistrés, entre 2009 et
2013. Cette hausse est qualifiée par le professeur Rezkallah, « de réel
problème de santé publique et dont l'impact reste, encore, à évaluer ». Notre
interlocutrice précise que l'ensemble de ces cas proviennent, notamment, des
services des Urgences médicales, de pédiatrie et de la réanimation pédiatrique.
Par sexe et tranche d'âges, les intoxications aiguës touchent beaucoup plus les
femmes, avec un taux de 31%, ainsi que les adolescents et les jeunes adultes, à
hauteur de 54%. Les observations effectuées font ressortir, également, que 54%
de ces cas sont des actes volontaires, contre seulement 12% survenus
accidentellement, notamment chez les enfants qui ingèrent des produits
toxiques, laissés à leur portée. Les adultes sont, également, concernés en
raison de la confusion avec d'autres produits, du fait de l'absence
d'étiquetage ou de conditionnements non conformes et, à titre illustratif,
nombreux sont des pesticides transvasés dans des bouteilles d'eau minérale ou
de limonade. Quant aux causes de ces intoxications aiguës, la même source
précise que celles engendrées par les médicaments sont les plus répandues, avec
un taux de 76% dont les psychotropes avec 37%. Les pesticides viennent en
seconde position avec 10% et une moyenne annuelle de 80 cas et dont 60% sont
ingérés, volontairement, et 29% accidentellement. Les conclusions faites,
révèlent, également, par rapport à ces produits de haute toxicité, que
contrairement aux années précédentes et durant lesquelles le «Rat-Killer» était
prédominant, actuellement et du fait que cette substance est, de moins en
moins, prisée par les ménages du fait qu'elle a été commercialisée
frauduleusement durant de longues années, sans la moindre indication quant à sa
composition. Après analyses approfondies, par chromatographie, en phase
gazeuse, il s'est avéré qu'il contenait de l'aldicarbe, un carbamate inhibiteur
des cholinestérases. Ces études approfondies et qui permettent de prendre des
dispositions pratiques pour d'éviter des cas d'intoxications, souvent
mortelles, n'ont été possibles qu'après un plan de modernisation et de
recentrage du service, afin de lui donner toute la dimension requise et lui
offrir toutes les moyens matériels qu'humains. Ainsi, de simple laboratoire
d'analyses médicales, au début des années 90, le service en question dispose,
actuellement, d'une unité de toxicologie spécialisée dans la toxicologie
d'urgence, ainsi que du dépistage de toxicomanie et l'expertise médico-légale,
d'une unité de pharmacovigilance et de toxicovigilance et, enfin, d'un centre
antipoison. Ce centre revêt une importance capitale, selon la première
responsable du service, à travers sa mission d'informations toxicologiques, à
destination, aussi bien des professionnels de la Santé, que des citoyens et des
pouvoirs publics. Une équipe est mobilisée pour prendre sur place les cas
exposés ou bien à distance par le biais d'une ligne téléphonique et ce, en
attendant un numéro vert. De par sa vocation régionale, le service est sollicité
par les différents services de médecine légale d'autres wilayas pour des
expertises. Sur ce plan, pas moins de 429 cas ont été pris en charge durant les
5 dernières années. Parallèlement, le service développe des activités de
recherche et pédagogiques, à travers l'encadrement des étudiants en graduation
pour les spécialités de pharmacie et de biologie, entre autres, et en
post-graduation pour les résidents en toxicologie. En matière de perspective, à
la lumière des derniers équipements, de dernière génération, acquis et un
projet d'extension du service, il est prévu de développer le sceening des
xénobiotiques et toxiques, en toxicologie d'urgence et pour le suivi
thérapeutique et le dépistage de la toxicomanie et de l'expertise
médico-légale. Dans ce contexte, le Pr Rezkallah nous apprend qu'un protocole
de surveillance des populations, exposées aux substances chimiques, sera mis en
place dans le cadre professionnel et environnemental.