Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Parachutes et gants blancs

par Noureddine Ramzi

Dans tous les camps, on affûte les aiguisoirs, sans pour autant se mettre déjà dans les isoloirs. À peine si la campagne surchauffe les troupes que déjà un peu partout, les voix se donnent, se retirent, s'arrachent et se confirment. S'achètent et se vendent.

La piste d'atterrissage pour Abdelaziz Bouteflika est de plus en plus dégagée, affirment ses partisans sur les réseaux sociaux et autres tribunes. Si l'on en croit des jeunes, des moins jeunes, des femmes, des hommes, « Abdelaziz Bouteflika sera le président élu. Il ne faut plus se faire d'autres illusions ». Pour l'instant, tous les coups semblent bons, aux yeux de certains qui, pourtant, ne lésinent pas sur les moyens. « L'important c'est de l'emporter. Et pas à « l'à peu près ». Car il faut convaincre. Il faut l'emporter haut la main pour être à l'aise dès le lendemain du 17 avril 2014.

Donc, «c'est à qui mieux mieux. Seul le résultat compte», disent les uns et les autres. Mais tous les partis se plaignent, du coup, de leurs adversaires des urnes. Car, aussi bien pour les uns que pour les autres, le doute est réel quant aux méthodes de la réussite. Pour ce faire, les partis des candidats ne jouent pas. Ils luttent, pensent-ils, sérieusement pour diriger le pays. « Mais auparavant, il faut canaliser les foules dans la bonne direction avec un objectif clair à atteindre : « la victoire le soir du 17 avril ». Mais le pays ne dort pratiquement plus. Chacun y va avec fougue et détermination. Tous les partisans se démènent pour être en haut de l'affiche. Et chacun se targue d'avoir le meilleur programme pour répondre aux attentes du peuple. Chaque candidat se dit incarner le changement. Seul le candidat sortant présente « le programme de la continuité, le programme de la stabilité » si l'on en juge par les animateurs de la campagne électorale au profit de Abdelaziz Bouteflika. Les autres ne sont pas en reste. Ils en font autant, sinon plus pour dominer les débats et être terre à terre afin de toujours convaincre plus. Pour toujours faire plus de bruits en dénonçant, par exemple, « les insultes proférées à l'adresse du peuple ». Il est même question de « plainte auprès des instances concernées ». Tous les coups sont bons. Tous les coups sont permis, à condition d'atteindre l'objectif, dit-on.

Alors que les uns partent en campagne, sûrs d'atteindre leur objectif, d'autres prônent le boycott, l'abstention ou encore la disqualification des élections. Les partisans de Ali Benflis disent « partager les mêmes idées, épouser la même idéologie et se soucient tous de sortir l'Algérie de la crise où elle se débat depuis une quinzaine d'années et qu'il est « l'homme de la situation, le personnage qui «délivrera» l'Algérie de tous ces maux ».

Louisa Hanoune n'est pas en reste. Ses troupes vont de l'avant et se disent prêtes à franchir les obstacles que dressent sur leur passage tous les partisans des autres candidats. Ses partisans soulignent d'ailleurs qu'elle ne s'est pas engagée pour faire de la figuration, mais pour aller de l'avant en défendant son programme. Elle n'est pas partisane de la chicane. Dans le même temps, elle ne mâche pas ses mots pour abattre ses cartes et descendre ses protagonistes. À moins qu'elle ne soit plus dans l'opposition?

Et enfin arrivent les « sans candidat » mais qui font bouger la rue. « Barakat » crie haut et fort son opposition à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. C'est tout aussi simple que cela?

Tout un ring où tous les coups bas sont admis en « toute discrétion » pour que les parachutes se déploient largement et assurent un atterrissage dans de « bonnes conditions ». Sauf que personne, jusqu'à preuve du contraire, n'a eu recours à des gants blancs pour la beauté du geste. Pour la sérénité des lendemains de vote.